Nemo 11 septembre 2007 18:34

Pour résumer, notre auteur ici, nous fait le coup du « credit revolving » ou « recharge de crédit » qui a cours en Angleterre ou aux USA.

Tu achetes une maison 100.000 euros, 5 ans plus tard, elle en vaut 120.000 euros, tu peux emprunter 20.000 euros, en gageant ton prêt sur l’augmentation de la valeur de ta maison.

Magnifique ! C’est l’abus de ce type de crédits, corollé à leur titrisation (transformation en papiers que l’on peut négocier - une forme de monnaie plus ou moins liquide) qui a en partie mené à la crise des subprimes.

Si le marché de l’immobilier baisse, et que la valeur de ta maison retombe à 110.000 euros, le vilain méchant banquier requin de la finance va venir toquer à ta porte pour te demander de lui rembourser fissa les 10.000 euros de différence. On appelle cela un « appel de marge ».

Ce système s’écroule donc dès que l’on injecte un peu de volatilité dans le modèle (volatilité = tendance d’un prix à varier fortement dans les deux sens sur une période de temps courte). Or, la volatilité est la conséquence, sur les marchés, de l’incertitude et du risque.

Et notre monde n’est à l’heure actuelle pas un modèle de certitudes...

« Il est regrettable que vous deviez vous réfugier dans des cas limites pour inféoder la légitimité de ma proposition ».

A ce que je sache, le travail tertiaire est majoritaire dans notre pays, ainsi que dans la plus grande part des pays industrialisés. Il ne s’agit pas d’un cas « limite » bien au contraire. Le travail intellectuel est un élément majeur de l’activité économique, et pas seulement dans le secteur privé.

A moins que vous ne considériez que les enseignants - pour ne prendre qu’eux - sont des cas « limites ». Déjà que des vilains méchants libéraux de tout poils veulent leur faire la peau, il ne manquerait plus que l’altermondialisme ne leur tombe dessus...

Que l’existence de modes d’échanges alternatifs soient nécessaires dans « certaines régions délaissées par les investisseurs », soit. Voilà un vrai « cas limite » : « l’Ithaca hours qui est un système monétaire local, mais centralisé ». Là oui !

Mais de là à vouloir remplacer le général par le particulier, il y a quand même un monde... Je pense que dans votre réflexion, vous n’êtes pas allé plus loin que « Au final, vous avez une maison qui ne vaut rien (car votre compte est vide de ses titres de propriété), mais au moins vous avez un toit. Magique ».

Et vous ne vous êtes pas posé la question de savoir jusqu’où allaient les conséquences d’un tel système dans une société globale telle que l’est notre monde d’aujourd’hui. Aveuglé par la cohérence magnifique et implacable de votre cas particulier micro-micro-micro économique, vous êtes passé directement aux méchants banquiers qui vous mangent la laine sur le dos sans passer par l’intermédiaire d’une vraie réflexion sur le financement de l’investissement des entreprises, la valorisation de la recherche, les questions portant sur la défense (à chaque fois qu’un soldat tire une balle, c’est de la destruction monétaire ???), bref, toutes ces questions un peu sensées qu’on est en droit de se poser en face d’une idée aussi « géniale » et « magique ».

Je noterai au passage votre justification implicite du système actuel, et ce, bien malgré vous :
- « Si un individu a dilapidé tout les titres de propriété échangeables de sa seule maison via la consommation »
- « Je ne prétends par en finir avec l’endettement avec les casses-cous, les spéculateurs, les inconscients. »
- « si tu as une maison qui vaut 100 000 euros, tu peux demander de posséder 100 000 schmurtz, dont 20000 iront pour acquérir la voiture nécessaire. »
- « Maintenant, tu veux acheter une voiture. Tu n’as pas les moyens, à part le crédit à la consommation à 8% »

L’achat d’une voiture est l’exemple même du « faux investissement ». C’est un bien à durée de vie moyenne autour de 8-10 ans mais dont la perte de valeur dans les 5 premières années est énorme (aux alentours de 80-90% de la valeur d’achat neuf). C’est donc un gaspillage économique à usage d’affichage de statut social. Il est donc tout à fait normal que le taux d’intérêt pour le financement d’un tel achat soit plus élevé que pour un achat immobilier.

D’ailleurs, vous le soulignez : « tu n’auras plus que 80000 schmurtz ».

C’est là où arrive la contradiction totale dans votre raisonnement. « ta maison ne vaudra plus que ce montant là ».

1) Qui tiendra les comptes entre la maison pavillonnaire identique à celle du voisin, mais dont l’un a acheté une voiture et l’autre pas ? 2) Si l’abruti (et je vous assure que dans notre bas monde, il y en a) qui est prêt à dépenser tout son fric simplement pour en jeter plein la vue aux autres, achete une belle Mercedes 600 Classe S à 100.000 $chmurtz. Sa maison vaut ZERO. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que n’importe qui peut se pointer et dire « c’est à moi ! ». « Ca vaut zero, alors je te donne 1 $chmurtz symbolique pour ta baraque, et surtout n’oublie pas de dégager ta femme et tes enfants » ?

Quand bien même il y aurait des enchères où les intervenants se sépareraient en ayant racheté cette maison à son prix de marché, l’abruti - qui n’en est finalement pas un - se retrouverait avec 100.000 $murtz (le marché a toujours raison), sa bagnole, et pourrait se racheter une autre maison.

Création monétaire sans fin, décoréllation du monétaire par rapport aux biens, retour à la case départ avec au final la fin de vos éphémères $chmurtz (en Allemagne en 1923, on appelait ca de la monnaie de singe...)

D’après tous vos posts, il est évident que vous connaissez relativement bien le monde de la finance, même si vous n’avez d’évidence pas les fondamentaux théoriques qui vous permettrait d’en comprendre complètement les mécanismes.

Pourquoi crachez-vous dans la soupe qui vous (a) nourri(t) ?

PS pour les personnes peu au fait des notions économiques : la liquidité est la capacité d’une valeur à « éteindre » une dette. L’argent liquide (le cash) « éteint » immédiatement la dette. Une reconnaissance de dette (« je te rembourserai x euros à telle date) »éteint" une dette à une date ultérieure et est donc beaucoup moins liquide que le cash.


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