edelaub edelaubier 2 octobre 2007 21:18

Chère Grande Zora,

Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, a annoncé il y a une semaine à la télévision qu’à partir de la rentrée 2008 tous les écoliers de France et de Navarre iraient à l’école 4 jours par semaine. Motif : « Nos élèves travaillent trop », dixit X. Darcos (à la différence de leurs parents qu’il faut « remettre au travail », dixit cette fois N. Sarkozy).

« Chouette, se disent spontanément l’élève, le parent et l’enseignant, pour une fois unanimes, je vais enfin pouvoir faire la grasse matinée ». De ce côté-là, le ministre est sûr de caresser dans le sens du poil !

Passons sur l’absence de toute concertation préalable, que ce soit auprès des professionnels et parents concernés (j’en aurais entendu parler dans les salles des maîtres) ou même au Parlement (la formation des générations à venir vaut bien un débat). Foin de tout cela, l’affaire a été réglée entre quatre yeux au plus sommet de l’Etat, et une déclaration au JT de Poivre d’Arvor a fait office de décret.

Dont acte. A moi, enseignant de base, d’aller à la pêche aux renseignements sur les intentions de mon Ministre.

Une infographie du Figaro montre qu’actuellement 56 % des écoliers français vont à l’école le samedi matin, alors que 25 % d’entre eux seulement font la semaine de 4 jours préconisée par le ministre. C’est bien d’harmoniser les rythmes scolaires au niveau national, mais pourquoi ne pas se régler sur le comportement majoritaire ?

En lisant Le Monde, je comprends que l’année prochaine mes élèves travailleront 2 heures de moins par semaine, soit 72 heures de moins à l’année. C’est une réduction de près de 10% de leur temps d’enseignement. Ce n’est pas rien, mais pourquoi pas ? Encore faudrait-il savoir sur quels enseignements on va rogner : le français, les maths, le sport (dont X. Darcos vient justement d’augmenter le volume horaire...) ? Mystère et boule de gomme. On verra plus tard : l’intendance suivra.

Et moi, maître d’école, que ferai-je de ces 72 heures sans classe ? Réponse du ministre : je ferai du soutien scolaire. Très bonne idée. En plus, c’était une promesse du candidat Sarkozy. Seulement, pour la tenir, il aurait encore fallu recruter. Bonjour le déficit public ! D’où l’idée de réduire de 10% le temps scolaire de la majorité des élèves pour affecter les enseignants ainsi libérés aux 15 % d’élèves du primaire considérés comme étant le plus en difficulté. Budgétairement, c’est transparent. C’est en quelque sorte déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ca tient du tour de passe-passe, mais l’intention est bonne.

J’attends cependant la rentrée 2008 pour voir si cette intention se concrétise. Si les cours de soutien se mettent en place, ça sera indéniablement un plus pour tous. En revanche, si le dispositif fait long feu, ma déception sera profonde et je serai en droit de me sentir Gros-Jean comme devant.


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