Henri Masson 20 novembre 2007 10:22

La moindre des choses, avant de traiter un sujet, est de l’avoir étudié. Des natifs espérantophones, ça existe, du fait que des couples se sont formés avec l’espéranto comme seule langue commune. De ce fait, les enfants ont appris l’espéranto avec les langues des deux parents ou la langue de l’un d’eux, en fonction du pays de résidence. Aujourd’hui, il existe des sites qui leurs sont dédiés dont : http://www.helsinki.fi/%7Ejslindst/denask-l.html

Curieuse coïncidence, ce site avec une liste a été créé par un universitaire finlandais alors que le premier couple qui s’est formé à Turku, Finlande, grâce à l’espéranto a été finno-suédois : Valdemar Langlet et Signe Blomberg, en 1899. Après la mort de son épouse, Langlet s’est remarié avec une espérantiste russe : Nina Borovko. Pour plus de détails sur le destin de Langlet : http://www.esperanto-sat.info/article1031.html

Pour ce qui est de l’« utopie » et des « utopistes », une réponse a déjà été donnée. Je puis quand même ajouter quelques réflexions d’un pionnier de la radio : Edmond Privat.

Dans « Aventuroj de Pioniro » (p. 123 et 124), Privat livra ainsi son avis sur les « utopies », sur la myopie intellectuelle de certains politiques et décisionnaires, de ceux qui, d’une manière générale, font l’opinion :

«  (...) Si je regarde maintenant un demi-siècle d’action publique et d’écrits, je constate ce qui suit : durant toute la vie, il fut nécessaire et il est encore nécessaire de lutter contre les préjugés. Des choses que l’on jugeait utopiques sont maintenant devenues des réalités. « Jamais des hommes de divers pays ne se comprendront entre eux avec l’espéranto à cause des différences de prononciation » disaient mes professeurs au lycée. Nos congrès ont prouvé le contraire.

« Jamais les hommes ne voleront dans l’air car c’est une utopie » disaient-ils. Eh bien, je voyage aux congrès par voie aérienne. « Jamais les femmes ne voteront. C’est une utopie ». Elles votent maintenant presque partout dans le monde.

« Jamais les Polonais ne retrouveront leur propre État. C’est une utopie » écrivaient les journaux quand je plaidais et écrivais pour cette résurrection. En 1918, la Pologne devint un État. « Jamais les Anglais ne quitteront l’Inde. C’est une utopie » écrivaient les mêmes journaux lorsque je tentais d’expliquer le but de Gandhi. Maintenant, ils rapportent tous les jours sur l’Inde et Nehru.

« Jamais vous ne réussirez à ce que les hommes s’abonnent à l’écoute de la radio. Ils ont déjà des gramophones » disaient les banquiers que je visitais pour fonder Radio-Genève. Maintenant, ils regrettent qu’une société coopérative, pas eux, nous ait procuré l’argent, et le budget atteint des millions, heureusement sans profit privé.(...) »

Qui a dit ou écrit que l’espéranto était opposé à la diversité linguistique ? Il en est au contraire le garant le plus efficace, comme l’avait reconnu l’ex-présidente de la république d’Islande, Mme Vigdís Finnbogadóttir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vigdís_Finnbogadóttir : « Il est temps que les diverses nations comprennent qu’une langue neutre pourra devenir pour leurs cultures un véritable rempart contre les influences monopolisatrices d’une ou deux langues seulement, comme ceci apparaît maintenant toujours plus évident. Je souhaite sincèrement un progrès plus rapide de l’espéranto au service de toutes les nations du monde. ».

Ce genre d’argument, présentant l’espéranto comme étant en opposition avac la diversité linguistique, comme bien d’autres, n’existe que dans le cerveau de gens qui ne se sont pas donné la peine d’étudier la question et qui s’accrochent à leurs préjugés basés sur le ouï-dire.


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