mi2nmi 27 novembre 2007 06:14

Entretien

Javier Giraldo : « l’avenir de la Colombie : une domination des paramilitaires en ‘costume-cravate’ » par Eugenia García Raya

13 novembre 2007

Alors qu’en Colombie les morts violentes des opposants au gouvernement continuent, le président Alvaro Uribe travaille à la « légalisation » des paramilitaires [1]. Les liens de ces derniers avec les militaires et les politiques sont en train d’être dévoilés devant les tribunaux et leurs crimes continuent à être la cause principale du déplacement forcé interne et de l’exil des Colombiens [2]. Le défenseur des droits de l’Homme Javier Giraldo, prêtre jésuite qui a reçu le troisième prix María Bandrés en 2003 [3], continue à se battre pour les droits des victimes de la violence et particulièrement pour ceux des plus de trois millions de personnes « déplacées ».

- Après des décennies de crimes, les complicités entre paramilitaires, militaires et politiques sont progressivement rendues publiques [4]. Mais, parallèlement, on assiste aussi au progrès des projets pour « normaliser » ces paramilitaires et empêcher qu’ils ne soient jugés pour des délits atroces, comme s’il ne s’agissait que d’un « scandale » de plus que le pays peut surmonter. Jusqu’où peut aller ce processus paradoxal ?

En reconstruisant l’histoire du paramilitarisme en Colombie pour entrevoir son futur, on découvre une stratégie de domination aussi intelligente que perverse, avec une première phase de grands massacres et de déplacements, qui se renforce ensuite par le contrôle des structures d’organisation et de pouvoir, toujours avec un pouvoir économique monstrueux qui se légalise jusqu’à pouvoir acheter l’Etat. Cette stratégie « dose » la violence selon ses besoins. Il arrive même un moment où la diminution de la violence sert à éviter la critique et les sanctions internationales du fait de la monstruosité de ces crimes.

Actuellement, l’impunité qu’offre Uribe aux paramilitaires a pour objectif de permettre un accès d’ores et déjà légal au contrôle de l’Etat par la voie électorale. Dans cette phase de « légalisation », on s’aperçoit qu’ils ont tissé, par leur énorme pouvoir économique, des liens très étroits avec la classe politique traditionnelle et émergente, particulièrement avec le Parlement, la force publique, le pouvoir judiciaire, les partis politiques et les médias de masse. C’est pourquoi ils arrivent à gérer le « scandale » (...). J’espère me tromper mais le futur prévisible, d’ici quatre ou cinq ans, c’est celui d’une domination légalisée des paramilitaires en « costume-cravate » totalement acceptés par la société et qui pourront s’exprimer à travers les médias.

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