ju ju 4 janvier 2008 18:34

@ l’auteur,

Vous m’avez piqué l’idée smiley

Je comptais faire également un article dessus mais par faute de temps je n’ai pas encore pu le faire. Je me permet tout de même d’ajouter quelques éléments à votre article.

« La commission Creel »

Elle était également appelée Comitte on Public Information = Commission de l’Information Publique (beau titre Orwellien)

« Ils vont mettre en place tout un ensemble d’outils et de méthodes destinés à gérer les foules et finalement à faire basculer rapidement l’opinion. Et ils vont réussir avec panache. »

Effectivement. La tache de cette commission était de faire de la propagande afin de plonger la population dans une hystérie patriotique. Ça marcha incroyablement bien. Elle réussit en six mois, à transformer une population pacifique en une population hystérique, belliciste, qui voulait détruire tout ce qui était allemand, dépecer les allemands et aller en guerre pour sauver le monde. En quelques mois, les États-Unis furent donc capable d’entrer en guerre.

Cela donna des idées .... et pas à n’importe qui : Beaucoup de gens furent impressionnés par cette ces prouesses. Une personne impressionnée, et ça a quelques implications pour le futur, fut Hitler. Si vous avez lu Mein Kampf, il conclut, non sans justifications, que l’Allemagne perdit la Première Guerre mondiale parce qu’elle perdit la bataille de la propagande. Elle ne pouvaient même pas commencer à concurrencer la propagande britannique et américaine qui la submergeait complètement. Il promis que la prochaine fois ils auraient leur propre système de propagande, ce qu’ils firent pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bernays reporte même dans son autobiographie qu’un de ses livres a été utlisé par Goebbels :

"Karl von Weigand, foreign correspondent of the Hearst newspapers, an old hand at interpreting Europe and just returned from Germany, was telling us about Goebbels and his propaganda plans to consolidate Nazi power. Goebbels had shown Weigand his propaganda library, the best Weigand had ever seen. Goebbels, said Weigand, was using my book Crystallizing Public Opinion as a basis for his destructive campaign against the Jews of Germany. This shocked me. ... Obviously the attack on the Jews of Germany was no emotional outburst of the Nazis, but a deliberate, planned campaign.

Faire fumer les femmes :

Description d’une vidéo illistrant cet épisode : Le 31 mars 1929, Bernays envoya défiler un groupe de jeunes mannequins lors de la New York City Easter Parade (défilé de Pâques) en ayant au préalable avertit la presse que des jeunes femmes allumeraient des « torches of freedom » (flambeaux de la liberté). Notons au passage que le terme flambeau n’est pas innocent à New York. Devant la foule de photographes, et au signal de Bernays, elles allumèrent leur flambeaux de la liberté : des cigarettes. Le lendemain, on parlait de cet événement à travers les États-Unis et dans le monde entier. L’association irrationnelle de la cigarette avec l’émancipation de la femme fut un succès et les femmes se mirent à fumer

Le Guatemala :

Explication un peu plus détaillée tirée d’une vidéo illustrant cet épisode :

Bernays fut capable de créer les conditions pour une intervention américaine au Guatemala en 1954 afin de renverser le gouvernement démocratiquement élu. Il utilisa avec succès les médias pour manipuler l’opinion publique et créer un consensus pour une intervention armée impliquant la CIA.

En 1950 Jacobo Arbenz est élu président du Guatemala avec près de 65% des voix. Il met en place une réforme agraire qui expropriera les terres inexploitées de l’UFC, en échange d’une compensation financière, et ces terres seront redistribuées aux paysans sans terres. C’était une mesure très populaire mais c’était un désastre pour l’UFC qui demanda à Bernays de trouver une solution. Bernays entreprit alors de faire passer ce que le gouvernement démocratiquement élu faisait de bien pour son peuple pour une menace communiste, proche des côtes américaines, dangereuse pour la démocratie américaine (c’était en pleine guerre froide). Bernays organisa un voyage au Guatemala pour des journalistes américains influents qui connaissaient très peu du pays et de sa politique. Il leur fit rencontrer un groupe de politiciens sélectionnés qui leur dit que Arbenz était un communiste contrôlé par Moscou. Durant la visite il y eu une grande manifestation anti-américaine, beaucoup étaient convaincu que ça a été organisé par Bernays lui-même. Bernays créa également une fausse agence de presse indépendante, la Middle American Information Bureau, qui bombardait les médias américains de dépêches disant que Moscou avant l’intention d’utilisé le Guatemala comme base pour attaquer les États-Unis. Ce que faisait Bernays n’était pas seulement noircir l’image du gouvernement Arbenz, il préparait les conditions d’une intervention armée, le président Eisenhower ayant consentit à ce que Arbenz soir renversé. La CIA travailla alors avec l’UFC pour entraîner et armer des rebelles, elle trouva également un nouveau leader pour le Guatemala, Carlos Castillo Armas. Les pilotes de la CIA bombardèrent la capitale afin de terrorisé le gouvernement Arbenz et ses troupes, pendant ce temps Bernays poursuivait sa campagne de propagande dans les médias américains. Il préparait l’opinion américain à voir cela comme la libération du Guatemala par les « freedom fighters » (combattants de la liberté) pour amener la démocratie. Le 27 juin 1954, Arbenz quitta le pays et Armas devint le nouveau président.

Ironie de l’histoire, Che Guevara se trouvait à Guatemala City au même moment que les bombardements américains. Assiter à ces bombardements et à la propagande américaine le renforça dans son idée de lutte contre les USA.

Ironie de l’histoire 2 : Des combattants de la liberté qui apporte la démocratie dans un autre pays, des mensonges quant à une menace et de la propagande pour vendre une intervention ça ne vous rappele rien de récent ? (petit indice, ça s’est passé en 2003)

Pour finir, et ça m’étonne que vous ne le citiez pas, LE documentaire référence sur Bernays et ses idées/conséquences : « The Century of the Self » d’Adam Curtis. En 4 parties d’1h et en anglais.

Partie 1

Partie 2

Partie 3

Partie 4


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