Roland Verhille Roland Verhille 15 janvier 2008 16:29

Merci pour cette étude fouillée et bien mieux argumentée que celles innombrables des journalistes et même des économistes. Toutefois, il me semble que Forest Ent introduit dans sa démonstration deux ou trois éléments qui déterminent sa conclusion sans qu’ils soient certains.

D’abord, que les hauts et les bas du « Dow Jones » industriel ne soient en rien liés à la crise financière n’a rien d’évident. Mais c’est peut être le terme employé de « crise financière » qui suscite un malentendu, faute d’être précisé : est-ce seulement la crise bancaire américaine de l’été dernier, ou la succession des crises évoquées (bulle de 2000, krach de 2002) qui, elle, n’est pas suffisamment caractérisée par l’auteur (il se borne à en relever les effets).

Cependant, c’est fort pertinemment qu’est notée la création monétaire débridée, depuis 1995 est-il indiqué. Est-ce là la crise financière mise en cause, ce qui serait bien vu ? Mais il y a là semble-t-il une insuffisance dans le relevé des faits. Car cette création monétaire pléthorique a été initiée il y a une trentaine d’années. La croissance de la création monétaire a été quatre fois celle de la croissance de l’économie réelle. Plus qu’un océan de monnaie a été déversé sur le monde. Il n’est pas possible que cela soit resté sans effet sur l’économie.

Puis soudainement, le raisonnement introduit les faits prétendus de décroissance des revenus du travail et de croissance des revenus du capital, suggérant que là serait la cause des maux relevés. Ce n’est pas non plus évident. Il faut plus que se méfier du recours à l’évolution du partage du PIB ou de la valeur ajoutée entre revenus du travail et revenus du capital. Tous ces instruments d’analyse sont irréfutablement faussés, à quoi s’ajoute la confusion entre « excédent brut d’exploitation » des comptabilités nationales et « revenus du capital ».

Puis vient l’opposition entre « finance de libre concurrence » dite anglo-saxonne et les autres ; entre celle de rapports de responsabilité entre prêteurs et emprunteurs, et celle de « contractualisation entière ». Il y a là encore de subtils distinguos qui semblent seulement obscurcir l’analyse, mais qui sûrement la font dévier de sa recherche des relations de causalité.

Pourquoi donc Forest Ent ayant attrapé sa proie de la création monétaire démentielle l’a-t-il lâchée à la poursuite d’un leurre ? Quel dommage ! Il eût été de beaucoup préférable qu’il constate plus nettement ce fait capital, et qu’il en recherche le ou les responsables. Et il n’y a pas là à se laisser entraîner dans les querelles où se complaisent les économistes entre « mercantilistes » et « libre-échangistes », modernisées en querelles de chiffonniers entre « ultra libéraux » et les autres où les commentaires iront probablement se perdre. Même les querelles d’économistes entre néo libéraux et keynésiens seraient oiseuses, car il a été dit à juste titre que Keynes lui-même se retourne inlassablement dans sa tombe au constat du traitement fait pas les politiques à ses idées. La réalité, du moins celle qui m’apparaît, est le dévoiement de l’action publique (ici celle des banques centrales) en conséquence du dévoiement de l’action politique : par pure démagogie, le dopage de plus en plus puissant de l’activité économique au moyen de ces injections de pouvoir d’achat artificiel.

Alors, comme pour tout dopage, il y a une fin : soit brutale, ce que craint Forest Ent, soit maîtrisée en une cure de désintoxication. Ce qui est certain, c’est que la cure compensera en moindre croissance la croissance dopée antérieure. A moins que l’Orient, délivré des dictatures communistes et réintégré dans les échanges économiques mondiaux, n’y injecte un développement de l’économie occidentale contraire à celui qui est dénoncé en débridant encore plus son développement économique interne élevant inéluctablement le pouvoir d’achat de ses populations et rééquilibrant les échanges commerciaux.


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