Philippe Vassé Philippe Vassé 6 mars 2008 11:42

Dalat 1945,

Je vous suis tout à fait sur les "affaires" antérieures de ventes d’armes à Taiwan et le dosiser ELF-Leuna.

Mais, vous oubliez que les règles changent, non pas sur le plan juridique français, mais quand il s’agit de conflits politiques extérieurs dont les autorités françaisses n’ont pas la maîtrise.

Récemment, par exemple, Thalès et la DCNS ont connu et connaissent des problèmes judiciaires qui s’étendent de l’Angola à l’Afrique du Sud, en passant par l’espionnage des Juges, des vols de documents judiciaires et de la corruption active possible de personnalités proches des allées du pouvoir -sous Chirac apparemment.

Donc, dans le dossier présent, le contexte politique et surtout électoral taiwanais joue un rôle prépondérant. Bien sûr parce que le DPP taiwanais a voulu agir en secret alors que la majorité des cadres de l’armée taiwanaise sont proches ou membres du KMT, parti qui a géré les affaires Bravo, Tango et Matra.

Ce n’est donc pas à ce parti qui a, si je puis dire, de l’expérience sur les sujets de contrats d’armements, que le DPP et ses membres au sommet allaient pouvoir "tromper" longtemps.

De fait, tout a été TOUT DE SUITE dénoncé et mis sur la place publique à Taiwan.

De plus, comme pour l’affaire des frégates, une équipe spéciale d’enquêteurs et un magistrat-instructeur spécifique sont chargés de faire la lumière sur les irrégularités manifestes que tous connaissent ici.

Pour être donc clair et concis, tout le dossier dans ses aspects essentiels -personnes impliquées, voyages, frais divers et engagements financiers occultes comme officiels est PUBLIC.

LE CONTRAT EST AUSSI PUBLIC. La presse taiwanaise a même donné le nom de Bernard Planchais, dont, au passage, bien qu’il ait été présenté au début comme responsable de la DGA, est en fait- après moult vérifications-le n° 2 de la DCNS en charge de la fusion avec Thalès.

Bref, tous les dessous de cette affaire sont publics, ainsi que les noms.

Certes, les contacts initiaux ont été engagés sous le mandat de Jacques Chirac, mais les accords finalisés sont intervenus sous le mandat de Nicolas Sarkozy, avec la participation, selon la presse taiwanaise anglophone et sinophone, de David Martinon, entre autres.

Il semble bien quel’Elysée ait fortement poussé, si l’on encroit la presse taiwanaise, à un accord rapide d’autant que les politiques français et Thalès souhaitent "solder" le dossier des frégates.

Ceci pour les faits avérés.

Pour les opinions, il me semble que l’affaire est appelée à connaître des extensions judiciaires lourdes. A Taiwan, comme je le relate dans les commentaires, un Ministre a dû démissionner, des généraux en général considérés comme proches du DPP ou suspectés d’avoir laissé faire les choses, ont été révoqués.

A l’évidence, selon la presse taiwanaise citée en sources publiques, des commisisons occultes ont été partégées avec des "Français" ( on parle de plusieurs millions d’euros au sein de l’équipe d’enquête).

Nous sommes ici loin, très loin des secrets très "verrouillés" de l’affaire des frégates.

Pour paraphraser un autre internaute, je dirais que nous avons ici un "remake" de cette affaire de 1989, gérée par des gens moins intelligents, trop empressés et peu compétents sur le fond et la forme.

Il est cependant possible que l’affaire ne fasse pas, pour l’heure, trop de vagues en France, mais cela signifierait alors que les choses devront se régler par des retours plus importants pour Taiwan devant la Commission d’Arbitrage Internationale.

Autre point : les Taiwanais n’ont plus vraiment besoin de la France pour les armements. Il s’agissait donc plus d’une affaire visant des enrichissements privés de personnels politiques que d’un VRAI CONTRAT UTILE à Taiwan.

Ceci est essentiel pour comprendre la suite, à savoir que les équipementiers français auront d’ici peu des concurrents taiwanais à coût bien meilleur, sachant aussi beaucoup de choses sur les dessous de leurs pratiques "commerciales", et ce dans le domaine maritime (y compris des sous-marins), aérien et des missiles.

Comme le disait un responsable des recherches technologiques militaires taiwanaises cités dans un des liens que j’ai mis en ligne en résumé : Taiwan produit déjà officiellement des missiles excellents et bon marché, ainsi que des anti-missiles -(selon les sources personnelles locales).

"On" dit aussi que les avions attendent juste, pour sortir, l’arrivée du gouvernement KMT dont la majorité législative libérera des fonds bloqués de longue date, fonds nécessaires afin de lancer les chaines d’assemblage. L’usine est visitable ainsi que les premiers prototypes par les personnes "habilitées", comme on dit, quelque part à l’Ouest de Taiwan.

Entre autres diverses surprises pour Thalès et la DCNS....Et l’état-major chinois aussi !

Ceci étant, je vous remercie de votre intérêt et surtout de votre culture sur le sujet abordé.

Bien cordialement,

 


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