Blé 7 mars 2008 15:07

Juste un témoignage à grands traits.

En 1968 j’avais 18 ans. J’avais déjà 4 années de travail derrière moi dans le cadre d’un apprentissage dans la coiffure dame. En tant qu’apprentie, à 18 ans je gagnais l’équivalent de 10€ par mois en étant au salon 45 heures semaines. Alors je faisais des petits boulots au noir pour me payer mes collants, c’était nouveau à l’époque, mon entrée à la piscine et de quoi boire un coup avec les ami-e-s.

J’appartiens à ce milieu populaire où le maquillage pour les jeunes filles était très mal perçu, où lire pour une fille était un signe de fénéantise. Je devais savoir coudre, tricoter, cuisiner, etc....J’ai connu l’époque où un homme pouvait engrosser une demoiselle sans avoir à assumer une responsabilité quelconque, la fille ayant "fauté", c’était à elle d’assumer.Dans le meilleur des cas, la famille prenait en charge le bébé mais très souvent la jeune était foutue à la porte de chez elle. Les plus chanceuses pouvaient avoir recours aux "faiseuses d’ange". La pilule a vraiment libéré les femmes de cette peur constante d’être enceinte.

Le mai 68 transmis par les médias n’est pas le mai 68 que j’ai vécu à Paris durant plusieurs semaines. Les grèves dans les usines mais aussi de tous les transports, les défilés, les manifestations, etc...

Il ne faudrait pas généraliser car les classes dominantes de 1968 sont toujours majoritairement dominantes aujourd’hui. Les classes dominées d’hier le sont aussi aujourd’hui mais je reconnais que c’est plus dur pour elles aujourd’hui qu’hier. Ce sont les classes dominantes qui ont imposé une manière de vivre au reste de la société. (maison individuelle, télé, voiture, vacances, voyages,mode, spécialités, etc...)Ce ne sont pas les classes ouvrières et salariés qui imposent le libéralisme et l’économie de marché mais les classes dominantes. Ces dernières font tout ce qui est possible pour casser ce que le C N R avait mis en place après la guerre.

 Les populations sont beaucoup plus dépendantes des nouvelles technologies (médias, ordi, téléphone portable,D V D, etc... ) de produits finis, il faut tout acheter et quand on n’a pas les moyens, la transmission des savoirs traditionnels n’ayant pas été faite, on ne sait plus faire par soi même, on se sent démuni.La dévalorisation des savoirs traditionnels, la dévalorisation, la non reconnaissance du travail des femmes (le travail fantôme d’Ivan Illich), à la maison, dans les fermes, chez les artisans et commerçants, etc... et la marchandisation constante de toutes les activités de la vie ont largement contribué au développement du monde dans lequel nous vivons à ce jour. 

 


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