Je remercie Monsieur Dugué d’avoir initié cet intéressant débat et Monsieur Roland Verhille de l’avoir indéniablement enrichi.
Monsieur Dugué, vous nous avez donné vos sources : il s’agit du rapport de l’Institut Montaigne qui lui même s’appuit sur les données Insee que Monsieur Verhille nous avait données de manière précise.
Or, que dit ce rapport daté de Mai 2005 ?
« Sur les tendances générales observées en France depuis le premier choc pétrolier, Patrick Artus et Daniel Cohen exprimaient en 1998 dans un rapport au Premier ministre un diagnostic désormais bien établi et consensuel : « Amélioration de la part des salaires jusqu’en 1982, puis retournement en faveur du capital jusqu’à la fin des années quatre-vingt, enfin, quasi-stabilité depuis à un niveau plus favorable aux entreprises qu’avant le premier choc pétrolier »2
Depuis 1998, rien ne montre ni une dégradation soudaine de l’équilibre global, ni une anomalie de la situation de la France par rapport à ses voisins. En fait, au cours des trois dernières années, la part des salaires dans la valeur ajoutée a légèrement progressé et son niveau actuel est très proche de la moyenne observée sur les dix dernières années.
Comme le constate l’économiste français Philippe Askenazy3, la situation de la France au regard du partage de la valeur ajoutée, est, aujourd’hui, très comparable à celle des autres grands pays industrialisés4.
N’oublions pas, en outre, que l’indicateur agrégé cache des tendances très différentes entre secteurs d’activités et entre grandes et petites entreprises (en 2003, les salariés des petites entreprises s’en sont mieux sortis que ceux des grandes5).
D’un autre côté, les gains réalisés par les actionnaires des entreprises françaises (dividendes et gains en capitaux), sont bien moins fracassants que ce que le brouhaha médiatique autour du « scandale des profits pourrait laisser supposer : investir il y a un an 100 euros sur l’indice CAC 40 aurait rapporté aujourd’hui tout juste 10,50 euros avant taxe, rendement qui n’est absolument pas exceptionnel au regard des valeurs historiques, surtout après plusieurs années de baisse de 2001 à 2003.
L’indice CAC 40 reste inférieur de plus de 20 % à sa valeur d’il y a 4 ans. Il n’en va heureusement pas de même des salaires !
Il n’y a objectivement aucune raison de se préoccuper aujourd’hui en France de l’urgence de la question du partage de la valeur ajoutée (écrit en gras par la rapport Montaigne). »
Donc ce rapport dit l’inverse de ce qui nous a dit Monsieur Dugué.
Par ailleurs, quand on regarde la graphique de la part des rémunérations dans la valeur ajoutée donnée par ce même rapport, on peut voir de manière flagrante (le rapport le signale), que le pic a été atteint en 1982 et qu’il s’en suit une chute vertigineuse (de 61,5% à 56%) jusqu’à 1990 pour reprendre ensuite une remontée à 58,6% en 2006.
Merci donc les 35 heures que les Français ont chèrement payé.
Voilà, je pense qui suffit à réetablir la vérité qui a été largement dévoyée par l’auteur de cet article.
Je reprends la conclusion de ce rapport Montaigne :"La vieille question du « partage des
fruits de la croissance » a été instrumentalisée."
C’est vrai.
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