Boileau419 Boileau419 30 mars 2008 03:47

Finalement, l’analyse de Bodidharma revient à dire que puisque tout n’était pas rose (rose Ségolène, bien sûr) sous la théocratie tibétaine, la Chine a bien fait d’occuper le Tibet (et de mettre au travail tous ces gros abbés fainéants nourris de chair humaine).

Ce que j’aimerais maintenant savoir de lui, c’est s’il serait prêt à justifier d’autres entreprises coloniales (quel autre mot employer ?) : Jules César n’a-t-il pas mis fin lui aussi à la théocratie des Druides en Gaule (et l’on sait d’après certaines sources que eux aussi pratiquaient les sacrifices humains) ? Cortès n’a-t-il pas civilisé les Aztèques, adeptes des sacrifices humains à grande échelle ? Français et Britanniques n’ont-ils pas apporté la lumière de la raison à maints peuples cannibales ?

Ou faudrait-il croire que seuls les colons non-blancs sont acceptables et que sont justifiées les entreprises civilisatrices qui mettent fin à la forme de gouvernement la plus abominable qui soit, à savoir la dictature des gros moines inutiles ?

Bien évidemment, la vraie question n’est pas là. La vraie question est de savoir si les Tibétains ont le droit de revendiquer un droit que les Chinois eux-mêmes ont réclamé, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le Tibet est-il une nation à part entière ? Evidemment que oui.

Certes, il a existé dans le passé des liens entre les empereurs de Chine (des envahisseurs : Mongols sous les Yuan, Mandchous sous les Qing) et les dirigeants du Tibet. Mais c’était des liens personnels de suzerain à vassal. Un peu comme la relation qui a pu exister entre le roi de France et ses vassaux, avant l’avènement de la monarchie absolue sous Louis XIV. Le roi de France n’occupait pas militairement le territoire de ses nobles. Il n’était que primus inter pares. Par conséquent, il est absurde (et grossièrement anachronique) de vouloir justifier l’occupation actuelle du Tibet par les rapports féodaux de l’ère pré-industrielle.

Bref, le Tibet profondément traditionnel et bouddhiste n’a rien à voir avec la Chine, l’Etat le plus grossièrement matérialiste et foncièrement anti-religieux de la Terre. S’il fallait vraiment transposer en termes modernes, la relation qui a existé durant certaines périodes de l’histoire entre la Chine et le Tibet, ce dernier devrait se trouver dans la situation du Bhoutan actuel : un Etat satellite (de l’Inde dans le cas du petit royaume himalayen). Mais un Etat indépendant quand même, et c’est ce que le Dalaï Lama réclame depuis toujours.

Quand aux sacrifices humains qu’auraient pratiqué les Dalaïs Lamas, que l’on me permette d’en douter sérieusement. Une référence sur le Ouèbe ne fait pas la Vérité.

Que l’on me permette enfin de dire qu’une théocratie, surtout une théocratie bouddhiste, d’un point de vue ultime, est une forme de gouvernement infiniment plus éclairée que la ploutocratie matérialiste athée de la plupart des Etats actuels. Car voilà un Etat où les vérités ultimes de la vie et de la mort sont placées au centre de tout, plutôt que l’argent et les plaisirs éphémères du corps. Par conséquent j’estime que les Tibétains (et la terre du Tibet) ont eu une chance inouïe d’avoir des tuteurs spirituels du calibre des lamas. Et c’est le malheur des Chinois, et de nous, de vivre dans les ténèbres du matérialisme, tueur de l’âme et de la Terre.


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