Mon Moulin 5 avril 2008 19:03

 Qui est vraiment ce Dalai Lama, véneré par des occidentaux neuneus ?

http://librepenseefrance.ouvaton.org/medias/france_culture/fc_09_2006.htm

 

France Culture 10 septembre 2006 - Le Dalaï Lama et le Waffen SS

Patrice Sifflet : à l’antenne, le groupe Marianne de la Libre Pensée. Cher Georges André Morin, lors de notre émission de juin dernier consacrée au Da Vinci Code, vous avez signalé, de manière incidente, que l’actuel Dalaï Lama avait été formé par un ancien Waffen SS autrichien. Pouvez vous préciser ?

Georges André Morin : cette affaire est bien connue et depuis longtemps. Le film « Sept ans au Tibet » réalisé par J- J Annaud en 1997, avait bien involontairement ravivé les mémoires au grand dam des idolâtres occidentaux de sa Sainteté le 14 ème Dalaï Lama, Tenzin Gyatso à l’état civil, si j’ose dire. Quelques rappels factuels peuvent être tirées du best seller publié en 1952 et qui sert de trame au film, le livre de Heinrich Harrer, «  Sept ans d’aventure au Tibet ». Ce livre a eu un énorme succès, bénéficiant de la mode d’ouvrages d’alpinisme comme « Annapurna premier 8000 » de Herzog ou « Premier de cordée » de Frison – Roche.

En septembre 1939, un groupe d’alpinistes allemands procède à des reconnaissances dans l’Himalaya occidental en vue de préparer l’accession du Nanga Parbat, un des quatorze plus de 8000 mètres de l’Himalaya (8114 en l’occurrence). Ces malheureux touristes allemands sont arrêtés au moment où ils s’apprêtaient à gagner l’Iran faute d’avoir trouvé à Karachi le cargo supposé les ramener en Allemagne. Ils sont arrêtés par les anglais. Après plusieurs tentatives, ils réussissent à s’évader de camp de prisonnier de Dehra Dum en avril 1944. Ils gagnent le Tibet, se retrouvent à Lhassa. Harrer finit, dit-on, vers 1948, par devenir un familier du jeune Dalaï Lama, né le 6 juin 1935 et supposé être la réincarnation du 13 ème Dalaï Lama, Thubten Gyatso, mort le 17 décembre 1933. Harrer reste à Lhassa jusqu’à la libération de la ville par l’Armée nationale de libération populaire en 1950 puis rentre en Autriche.

P.S : la question que l’on se pose, c’est Harrer était –il ou non nazi ?

G- A M : Ce fait fut d’abord nié . Puis lors des polémiques liées au film de 1997, des publications émanant des bureaux du Dalaï Lama prétendirent que le séjour de Harrer au Tibet fut pour lui une rédemption. Harrer est devenu célèbre peu après l’Anschluss, annexion de l’Autriche par le Troisième Reich en mars 1938, pour avoir réussi l’ascension de la première face nord du mont Eiger le 24 juillet 1938.Il fut personnellement félicité par Hitler : «  les enfants vous avez fait du bon travail ». Harrer devint une des vedettes du régime. Il est tout naturellement incorporé dans ses troupes d’élite, les Waffen SS. Mais son livre est écrit avec prudence ; c’est très bien « fait ». Ainsi le début du récit est celui de son arrestation. Au passage, cette arrestation est dite « arbitraire ». Pourtant l’Allemagne et le Commonwealth n’étaient pas en état de guerre. Son emprisonnement semble l’avoir totalement coupé du monde Ce n’est que fin 1944, plusieurs mois après son évasion qu’il a des nouvelles sur ce qui se passe en Europe et fait une allusion prudente à la guerre. Il écrit : « nous apprenons d’étranges choses sur l’Allemagne…toutes les villes ont été rasées. Des milliers d’avions américains débarquent des troupes en France. L’Armée Rouge avait chassé les Allemands de Russie ». Est ce là l’état d’une imagination orientale ? Ces déclarations sont surprenantes. Il fait des allusions à des réseaux indépendantistes hindous, dont il est connu que Hitler, ce de bonne guerre par rapport aux Anglais, les caressait « dans le sens du poil ». On constate qu’il a du mal à s’avouer vaincu. Il ne fait aucune allusion à l’invasion de la Pologne, de la France puis de la Russie. Alors que bien après la fin de la guerre, il relève avec satisfaction que les Tibétains ignorant complexes et préjugés contemplant les événements mondiaux avec le détachement du sage. Ni allusion, ni regret quant aux atrocités allemandes. On pourrait résumer : un sage « détachement ».

 

P.S : à le lire, Harrer n’a bien sûr aucune compétence en matière religieuse. Il est censé apporter au Dalaï Lama un aperçu sur le monde extérieur et les technologies modernes. Harrer loue l’habileté de son jeune élève dans sa quatorzième année, pouvant démonter et remonter une caméra, qui s’excite à l’idée de démonter un moteur de voiture pour alimenter un générateur électrique et monter une salle de cinéma dans une dépendance du palais du Potala, dont je précise que la surface est supérieure à celle du château de Versailles. Mais les allusions géopolitiques sont quand même présentes. Le Tibet, écrit-il est un état « indépendant ». Sa superficie est trois fois celle de la France, trois fois le Reich. C’est le pays le plus haut du monde ; et son jeune élève est fier d’être le chef du pays le plus haut du monde. Surtout, Harrer dit clairement à la fin que sa position est anticommuniste. Par ailleurs à la page 71 (de l’édition dont je dispose), il écrit : « la domination qu’exercent les moines du Tibet est absolue. C’est l’exemple type de la dictature cléricale ». Dont acte ! Mais sous sa plume ce constat n’est pas une critique…

 

P.S : au fait, la présence de Harrer est elle fortuite ?

G-A M : sa présence durant l’été 39 est tout sauf fortuite. C’est là où le bât blesse. L’expédition de Harrer fait suite à une expédition très officielle dirigée par un certain E.Schäfer, nommé en 1936 SS- Untersturmführer (sous lieutenant) de l’état major de Himmler, expédition organisée personnellement par Himmler dans le cadre de l’Ahnenerbe SS (« Héritage des ancêtres »), organisme créé au sein de la Waffen SS et dont la mission était de rechercher les origines de la race aryenne. Un des membres de cette expédition était un ethnologue du nom de Beger qui s’illustrera à Auschwitz par de prétendues recherches scientifiques pour y mesurer des milliers de squelettes en vue de la création d’un musée de la race aryenne. Ce point est rappelé dans un article du journal le Monde du 5 août dernier dans un article intitulé « Shangri La ou le Tibet des fantasmes ». Je constate avec satisfaction que le politiquement correct finit par reconnaître un certain nombre de choses …

 

A la fin du XIXème siècle, les théoriciens racistes ou racialistes étaient Gobineau ou Vacher de Lapouge. Derrière cela existaient des sociétés secrètes dont la plus connue est la Société de Thulé, fantasmant sur des aryens purs aux confins du Tibet ou de l’Afghanistan, issus d’un royaume mystérieux, enterré et ayant survécu aux précédentes glaciations…Si vous regardez une carte, le Nanga Parbat et ses 8114 mètres, but avoué de Harrer, est un sommet du Punjab, au nord ouest du Cachemire, proche de la Chine (deux à trois jours de marche), proche du Pakistan, plus exactement de cette étroite bande, le Wakhan , inventée par les cartographes anglais pour séparer l’empire russe de l’empire des Indes ; cette bande avec la vallée du Panshir de l’excellent commandant Massoud fait à certains endroits à peine 15 km entre le Cachemire ; Pakistan d’aujourd’hui et l’ancienne URSS. D’ailleurs les nazis ont essayé aussi de faire risette aux Afghans, avec plus ou moins de succès. Par exemple, les feux rouges de Kaboul (d’avant les guerres civiles récentes) étaient les anciens feux rouges de Francfort offerts par le gouvernement hitlérien dans les années trente. Je tiens à dire, pour l’honneur de l’ancien roi Zaher Shah, âgé de 93 ans aujourd’hui et son Premier ministre M. Tarzi qu’ils menèrent une politique tout à fait sovietophile. Le gouvernement afghan resta de marbre face aux offres des nazis. Outre le mythe de la race aryenne, cette région provoquait des fantasmes géostratégiques au même titre que le Caucase. Tandis qu’Hitler s’enferrait à Stalingrad, des alpinistes allemands eurent pour but de planter le drapeau nazi sur le mont Elbrouz qui n’est lui qu’à 5633 mètres. Dans « Mein Kampf », s’agissant des liens entre les origines aryennes et le nazisme, Hitler décrit la conception du drapeau nazi : « moi même, après d’innombrables essais, je m’arrêtais à une forme définitive : un rond blanc sur fond rouge et une croix gammée noire en son milieu. Les couleurs uniques témoignent de notre respect pour le passé. » Je précise : noir, blanc, rouge du drapeau impérial allemand. Dans le rouge nous voyons l’idée sociale du mouvement, dans le blanc l’idée nationaliste, dans la croix gammée, la mission de lutte pour le triomphe de l’aryen. La croix gammée est omniprésente dans les monastères tibétains. Je me souviens avoir eu la surprise en visitant un monastère tibétain, celui de Sanyé, en 1994,de me trouver environné de croix gammées. C’est un symbole solaire de la religion traditionnelle tibétaine, celle qui a précédé, lequel est le bouddhisme relativement récent dans l’histoire du Tibet.

Pour les liens entre la société de Thulé et les nazis soyons précis ; elle a inspiré en janvier 1919 la création du Parti national ouvrier allemand par Drexler et K.Harrer, homonyme de l’alpiniste lequel a été transformé en février 1920 en Parti National Socialiste ! Au sein dudit Parti nazi, Himmler s’est mis à rechercher de ces fantasmagories ; Hitler, affectant de se tenir en retrait. Ce qui est sûr c’est que le XIIIème Dalaï Lama, Thubten Gyaso, a en personne procédé à la traduction de « Mein Kampf » en tibétain, dont un exemplaire lui était parvenu. Un ouvrage récent consacré aux théocrates du Tibet, en leur étant globalement favorable, décrit le XIII ème Dalaï Lama : « Thubten Gyaso avait été conduit dans la double voie de l’autoritarisme et du pessimisme. Il n’avait pas confiance en ses ministres ni en ses proches collaborateurs. Chacun avait peur du Dalaï Lama ». Détail anecdotique pour un tibétain, il portait au début de sa vie, vers la Première guerre mondiale, des moustaches en crocs à la Guillaume II et à la fin de sa vie une calvitie distinguée et un petite moustache le faisant ressembler à un maréchal français en retraite à la réputation sinistre.

P.S : aujourd’hui le Dalaï Lama est présenté comme une victime du gouvernement chinois, exilé et persécuté. Il est partout à la télévision, fait de meetings, les médias tentent de l’aider. Tout le monde pleure. N’y a –t-il pas une contradiction avec ce que vous venez de dire ?

G-A M : historiquement, la notion de Tibet indépendant n’a aucun sens. Le Tibet fait partie du monde chinois, depuis le XIIIème siècle, voire plus. Au début du XX ème siècle, les empires russes et britannique lorgnent sur ce territoire. Les Britanniques tentent une occupation du pays à partir de 1904. Ce qui conduit le XIII ème Dalaï Lama à se réfugier en Chine et à obtenir finalement, grande habileté de l’empire chinois finissant, la reconnaissance internationale de la souveraineté la Chine sur le Tibet. C’est à ce moment que le XIII ème, retenu à Lhassa, a exprimé ses premières velléités d’indépendance. A la fin des années 20, deux séries de timbres tibétains furent tout simplement des timbres de l’empire des Indes dans une première version surchargée et ensuite modifiée. L’idée d’un Tibet indépendant dans les années 30 est symétrique de la constitution de l’état croupion du Mandchoukouo par les japonais pour justifier leur occupation de la Mandchourie. Il y a un facteur commun, c’est le petit nombre de pays – les Etats fascistes et le Vatican ainsi que le Salvador – qui alors ont une représentation diplomatique à Moukden, en Mandchourie ; le Salvador étant le pays qui a déposé aux Nations Unies plusieurs motions pour la reconnaissance d’un Tibet indépendant, lequel n’a jamais existé. Il est stupéfiant de remarquer que le Dalaï Lama actuel, en 1994, a voulu réunir à Londres des personnalités occidentales ayant connu un Tibet indépendant. Sur les sept personnalités, il y avait les deux Waffen SS, Harrer l’alpiniste et Beger l’ethnologue d’ Auschwitz et un diplomate chilien du nom de Miguel Sorano qui a fait carrière dans le sillage de Kurt Waldheim, en étant proche de Pinochet et des communautés nazies du sud du Chili.

P.S : avec Pinochet, on trouve Jean Paul II, comme c’est curieux…

G-A M : un facteur commun à toutes ces approches religieuses, c’est la verticalité du pouvoir. C’est le cas du Dalaï Lama qui représente un bouddhisme très minoritaire, venu au Tibet sur la Mongolie mâtiné de chamanisme sibérien et préexistant au bouddhisme.,, des cultes solaires adeptes de la croix gammée.

 

 


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