ronchonaire 10 avril 2008 15:19

Je trouve certains d’entre vous un peu durs ; que l’on soit d’accord ou pas avec l’auteur, cet article a au moins le mérite de poser de bonnes questions : qu’est-ce-que l’Etat et à quoi ça sert ? Il n’y a bien évidemment pas réponses définitives à ces questions mais ce n’est pas une raison pour ne pas tenter d’y répondre.

Pour ma part, je crois que le problème fondamental des Etats modernes (pas uniquement en France) vient du fait que la logique même de leur existence a été totalement inversée par rapport à ce qu’elle était au départ et par rapport à ce qu’elle devrait être. Je m’explique.

Au départ, les Etats, de même que toutes les structures sociales que nous avons créées à travers les âges (famille, clan, tribu, etc.), ont été créé par les humains pour leur rendre un certain nombre de services, à commencer par la sécurité de leurs membres. Il s’agissait donc de structures créées selon une logique "bottom-up", c’est-à-dire qui allait du bas (les individus) vers le haut (la structure sociale à leurs services).

Or, nous sommes aujourd’hui dans une logique complètement inverse, dite "top-down" ; en d’autres termes, c’est la volonté de l’Etat qui s’impose aux individus et non plus les exigences des individus qui dictent sa conduite à l’Etat. On retombe ici sur la parabole de "2001..." : l’ordinateur (l’Etat) créé par l’homme pour lui rendre service ne répond plus à ses ordres mais tente au contraire d’imposer ses propres ordres à l’homme car il se croit supérieur à lui.

On pourrait ensuite ergoter sur le nombre de fonctionnaires ou le niveau de prélèvements obligatoires mais ce serait vraiment voir le problème par le petit bout de la lorgnette. Le fond du problème est beaucoup plus fondamental que celui des effectifs de la Poste ou du taux de la CSG non déductible : avons-nous vraiment, chacun à notre niveau, en tant qu’individu doté de libre-arbitre, le moindre pouvoir d’influence sur ces super-structures que sont devenus les Etats modernes ? Pas le moindre.

Certains me répondront que nous sommes en démocratie, que nous avons le pouvoir de décider via notre droit de vote. C’est vrai en théorie mais c’est faux en pratique car nous ne décidons de rien, notre seul choix se limitant finalement à accepter les choix effectués "en haut" ou à partir (ce que les politologues et les économistes appellent le "vote par les pieds"). De plus, notre vote ne porte pratiquement jamais sur des questions mais uniquement sur le choix des personnes qui doivent nous "représenter".

La question n’est donc pas de savoir s’il faut plus ou moins d’Etat mais s’il faut un Etat tout court, du moins sous la forme que nous connaissons. Pour qu’un Etat (ou toute autre structure sociale) soit efficace et permette l’épanouissement de ses membres, il faut selon moi deux critères : (i) un niveau de décision qui ne soit pas trop éloigné de l’individu (ce qui suppose un "découpage" géographique sur des bases beaucoup plus petites que celles des Etats actuels), et (ii) quelques règles de vie commune simples, claires et acceptées par tous (comme par exemple la déclaration de 1789). Nous en sommes loin, malheureusement.

PS : Le premier texte fondateur d’une République "éclairée" n’est ni la déclaration de 1789, ni la Constitution américaine ; il s’agit de la Constitution de la Corse de 1735, et plus encore de celle de 1755, à l’époque où l’île, tiraillée entre Gênes et Versailles, avait choisi de devenir indépendante.


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