Zawgyi 17 avril 2008 10:09

Finalement, l’auteur ne fait que répéter la même erreur que les études qu’il critique lui-même : un seul facteur ne suffit pas pour expliquer un état aussi complexe que celui de la bonne santé. Il conviendrait d’ailleurs de s’interroger sur le définition de la bonne santé : les maux psychosomatiques, la dépression, les troubles psychologiques sont-ils pris en compte, alors que la psyché est une notion inconnue dans beaucoup des pays cités ? La bonne santé ne serait-elle que le bon état physique ? Ce bon état est-il subjectif ou objectif ? Les études ont-elles fait appel à l’avis d’un médecin ou ont-elles simplement demandé aux personnes interrogées si elles se sentaient en bonne santé, ce qui est complètement différent, des critères culturels rentrant alors en compte : en Afghanistan, pays en guerre, être simplement vivant et avoir évité une épidémie peut, peut-être, signifier être en bonne santé...

De plus, en dehors de la condition de la femme, de la liberté de parole, etc... d’autres éléments bien plus pertinents peuvent être pris en compte pour expliquer l’état de santé : la densité de la population, l’organisation des soins, l’éloignement et la densité des centres de soin, le nombre de médecins par habitant, l’état des infrastructures de transport ou de communication, le régime alimentaire, les programmes internationaux d’aide à la population mis en place dans ces zones, les troubles politiques, etc...

Il s’agit donc d’un problème de méthodologie, comme d’habitude. De quoi parlons-nous exactement ? Comment définir le sujet ? Finalement, sous prétexte de démonter un argument qu’il réfute, l’auteur reproduit exactement la même erreur, faisant un raccourci pour démontrer lui-même de manière bancale une thèse qui ne tient pas plus la route et dont la formulation est plus qu’ambigüe : le titre parlait des religions en général, le reste de l’article consiste lui en une attaque mal montée contre l’islam.

Etant moi-même athée, je porte sur toutes les religions le même regard, et je dois dire que cette xénophobie latente est assez troublante. On croirait lire des thèses du FN, qui essaie de manière scientifique nous prouver qu’il existe des races et que l’une d’entre elle est supérieure aux autres. On essaie ici de nous prouver qu’une religion est inférieure aux autres. Pourtant, il suffit de prendre le cas de populations du triangle se trouvant au nord de la Birmanie, pour comprendre que la religion n’a rien à voir dans l’état de santé ou qu’elle n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Dans ce triangle marquant la frontère entre la Birmanie, le Tibet, la Chine et l’Inde, on trouve des animistes, des bouddhistes, des catholiques et des chrétiens protestants. Pas de musulmans. Le taux de mortalité infantile est extrêmement élevé, et la population meurt essentiellement de pneumonies, du paludisme, de la dengue, de la malaria, etc. Bref, l’état de santé est déplorable tout simplement parce que les conditions d’hygiène le sont aussi et que l’accès de la population aux soins est inexistant (ils se soignent encore en majorité avec des ventouses...).

Encore une fois, voici un article qui n’aurait pas dû passer le filtre éditorial et qui contribue à la baisse tendancielle de la qualité des articles sur AgoraVox.


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