Dolores 24 mai 2008 19:40

Je crois que l’instauration d’un service minimum est beaucoup plus pervers  que ce que l’on croit généralement.

Comme chacun le sait le but de la grève est de provoquer la grogne de ceux qui en pâtissent et de faire pression de cette façon sur l’état-patron pour obtenir un accord sur les revendications.

Or, aujourd’hui, dans un monde individualiste, les parents voient dans l’école une garderie gratuite doublée d’une mission enseignante.

Quand les enseignants se mettent en grève pour protester contre les suppressions de classes, les classes surchargées, la dégradation des conditions de travail pour eux et leurs élèves, les parents ne voient que que le fait qu’ils vont devoir payer une garde ou prendre une journée sur leur RTT s’il n’ont pas une grand-mère disponible. Résultat, ils ne reprochent plus à l’état de ne pas traiter avec les syndicats, mais aux enseignants de ne pas" garder" gratuitement leurs enfants.

Sarkozy gagne sur 3 tableaux en instituant un "service minimum" :

1°) il gagne la sympathie des parents-électeurs,

2°) il rend hypocritement toute grève inutile tout en prétendant faussement ne pas détruire ce droit,

3°) il décharge l’état de ses devoirs sur les communes.

Privés du droit de grève les enseignants ne pourront plus protester que vainement contre les suppressions de postes, les classes surchargées, (on annonce déjà que moins il y aura de profs, meilleur sera l’enseignement : nombre de "gogos" le croit), les programmes idiots des technocrates, le manque de crédits,ect...

Tout cela pour aboutir à la destruction de l’école publique, laÏque et gratuite qui a déjà commencé.

Les classes aisées de la société envoient déjà leurs enfants dans les écoles privées ; nombre de parents moins aisées "se saigneront aux quatre veines" pour faire de même quand ils voudront voir leurs rejetons réussir leur scolarité.

Le "résidu" sera une école publique pauvre et réservée aux pauvres mais où les enseignant seront sous contrat privé et ne pourront protester sans se faire renvoyer. Comme aux USA !

Privatiser les services publics, c’est le but de l’Europe et l’ école n’y échappera pas : en tant que service public l’école est improductive - en dehors du fait qu’elle éduque ceux qui demain seront la France ! - et même coûteuse, elle doit donc disparaître pour faire place aux profits. L’éducation devenant une marchandise comme une autre, les familles devront payer pour que leurs enfants puissent accéder à un enseignement de qualité normale ou végéter dans une école sans moyens.

Prendre une mesure brutale de privatisation provoquerait une levée de boucliers et il faudrait renoncer à cette belle idée !

Mais provoquer un lent délabrement de l’école, en décrédibilisant les enseignants, en faisant des privilégiés, en institant un "service minimum", aboutira au constat qu’il faut tout changer ; et les 75% qui y applaudissent constateront qu’ils se sont tiré eux-même une balle dans le pied et qu’ils sont les dindons de la farce.

Pour l’instant on demande aux communes de prendre en charge le service minimum, mais il y a déjà des rumeurs quicirculent et qui disent qu’on prévoit aussi de leur déléguer l’enseignement primaire dans son ensemble et pas seulement les locaux ou le matériel comme c’est le cas actuellement.

Ce qui est déjà difficile dans le cadre restreint du service minimum deviendra insurmontable, surtout pour les petites communes.

Nouveau sujet de mécontentement qui confortera l’idée de privatisation si les citoyens ne se réveillent pas et ne se rendent pas compte qu’on "les promène". Mais il sera trop tard !

 

 


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