Voltaire Voltaire 3 juin 2008 14:01

Comme dirait un certain Perceval "C’est pas faux"...

Bon, récapitulons. Bien que n’ayant jamais été Sarkozyste, je pensais aussi, sans doute naïvement, que celui-ci était plus réformiste que Mme Royal. Or, s’il ne faisait aucun doute qu’une partie des réformes prévues par Mr Sarkozy étaient assez surprenantes, et que ses promesses allaient plomber de 40 à 50 milliards de plus notre budget, on pouvait légitimement penser qu’il profiterait de son état de grâce pour enclencher quelques modernisations nécessaires à notre pays.

Force est de constater que le bilan est assez maigre... Je passerai ici sur les réformes "politiques" de ce gouvernement, destinées à récompenser son électorat. Il s’agit là hélas d’une pratique courante et néfaste, mais je n’imaginais pas Mr Sarkozy s’en priver. Pour autant, un cerain nombre de chantiers majeur étaient à ouvrir :

- Les retraites : le fiasco ! La réforme des régimes spéciaux coûtera à l’Etat au moins autant que précédemment, et rien n’est réglé pour la suite. Puisque l’Etat est incapable de proposer une solution, qu’il donne au Conseil Economique et Social le soin de faire le travail, avec un accord à trouver entre partenaires sociaux.

- la santé : le fiasco ! A part la franchise médicale, sympa pour les malades pauvres, qui ne règle rien, on attend toujours. Certes, à force de distribuer des augmentations aux professions de santé (qui votent à droite) et d’oublier de réformer la gestion des hôpitaux et cliniques, on ne risquait pas de faire de progrès...

- La justice : là j’hésite sur le qualificatif... Disons diplomatiquement que la garde des sceaux est peut-être passé à côté ? Pendant ce temps là, la France est le pays européen dont les prisons sont les plus inhumaines... Il serait peut-être temps de revoir un peu le système.

- La culture : quelle culture ?

- l’éducation : illisible. Le sujet était pourtant majeur. Si certains éléments méritent réflexion, concernant l’objectif d’apprentissage de la langue notamment en primaire, il faut hélas constater que les mesures sont au mieux incomplêtes. Pour ne rien arranger, le ministre de l’éducation s’est vu obligé de suivre la méthode Sarkozyste, c’est à dire annoncer et lancer une réforme par jour, ce qui aura bien sûr pour conséquence de les rendre inapliquables.

- les finances publiques : le gouffre. On attendait la réforme de l’Etat. On attend toujours... En attendant, il est bien commode d’accuser les collectivités locales de grêver le budget, alors que l’Etat se défausse chaque jour un peu plus sur elles sans que le budget suive. Quand on sait que l’Etat a aussi repris en main le contrôle de l’essentiel des recettes fiscales locales, tout esprit d’initiative est ainsi bloqué. Pour le reste, les cadeaux fiscaux de début de mandat ont privé de toute marge de manoeuvre un gouvernement paralysé.

- l’économie. Comme sous l’ère Chirac, le Sarkozysme ne vit que pour les grandes entreprises, sans comprendre que la vraie création de richesses vient de la création et de la croissance des PME. Tant que les petites entreprises ne pourront pas devenir grandes, l’économie restera bloquée. C’est donc toute la fiscalité de l’entreprise qui est à revoir, et un vrai libéralisme, c’est à dire une vraie concurence, qui est à développer. Plus généralement, ce gouvernement devrait savoir qu’une bonne gestion de l’Etat implique d’investir en temps de crise, pour récolter et économiser en période de croissance. Investir, cela signifie mettre ses billes là où cela aura un impact positif, pas faire des cadeaux impoductifs.

- l’environnement : la déception. Le Grenelle avait été une initiatve positive de débat et consensus. Il n’en reste pas grand chose. On attend avec impatience de voir si le seul élément positif, concernant l’habitat et les économies d’énergies réalisables, sera sauvegardé... Là aussi, on eût aimé un plan d’investissement environnemental, afin de marier croissance durable et protection de la planète. On en est loin.

- La recherche et l’université : espoir ? C’est un des point sans doute à porter au crédit de ce gouvernement. Enfin, l’autonomie des université est actée. Même si le contenu de la réforme est à changer, notamment sur la gouvernance, c’est symboliquement un pas en avant. Pour la recherche, là ausi, la gouvernance proposée est mauvaise mais la structuration nouvelle positive. Bref, le gouvernement suivant pourra améliorer sans avoir à repartir de zéro.

- la politique étrangère : je préfère ne rien dire...

- la politique intérieure (constitution etc...) : l’Etat UMP est de retour (enfin, disons, consolidé).

Bon, vu le constat, il faut avouer que cela ne donne pas trop envie de continuer ainsi. Quelles sont les perspectives ?

FN et extrême droite ? En dehors de toute considération éthique, il suffit de regarder les résultat de leur gestion quand ils ont eu un poil de responsabilité...

PS : à voir... Difficile de dire quoi que ce soit actuellement. Si la guerre des chefs continue, il sera inutile de s’attarder. Si une vision plus construite de la société est proposée, il faudra regarder. Il existe au sein du PS des personnalités de qualité et des idées. Le seul problème est qu’elles n’arrivent jamais à prendre le contrôle du PS...

L’UMP ? La parenthèse Sarkozy se révélant désastreuse, il faudra voir si celui-ci se représente ou pas. Si ce n’est pas le cas, il existe aussi au sein de l’UMP quelques personnes compétentes, mais leur chance d’arriver au sommet sont assez réduites. Actuellement, l’UMP est dominée par un groupe de sangsues dont l’intérêt général est l’élément le plus éloigné de leurs préoccupations.

Le MoDem ? à voir. Là, pas de problème de leader, Bayrou est incontesté. On aime ou on aime pas, mais il a pour lui une certaine constance depuis 4-5 ans. Il ne plomberait pas les finances publiques, et il ouvrirait les portes à une démocratie moins soumise aux lobbys. Reste que son projet est encore flou, donc à voir dans 2-3 ans.

- la LCR ? Disons qu’on aimerait voir que ce que donne l’idéal révolutionnaire autogestionnaire à l’échelle locale avant de lancer le grand soir.

- Les Verts : quels verts ? (pareil pour le PC, le NC etc...).

Heureusement, soyons optimistes, il reste quelques années à nos partis politique pour proposer une alternative et tourner la page. En attendant, deux échéances importantes se dessinent :

- les européennes, en juin 2009. L’Europe est engluée dans un marasme issu du traité de Nice. L’UMP est partisanne de ne rien changer. On attend avec inquiétude et/ou espoir les projets du PS et du MoDem.

- les régionales de 2010. L’UMP va changer (encore !) le mode de scrutin, cette fois pour écarter le MoDem (la dernière fois, c’était pour écarter le FN...). Comme actuellement quasiment toutes les régions sont aux mains du PS et assimilés, on a une bonne vision de ce qu’il vaut. Pas si mal, mais avec de grosses inégalités. On voit mal pourquoi les électeurs changerait en Rhône Alpes par exemple, mais en Provence ou Languedoc, un peu d’air serait bénéfique. Sauf que l’alternative UMP est encore pire. Personnellement, j’apprecierais un peu plus de vert et d’orange dans les régions : le vert pour des normes plus élevées côté environnement, et l’orange pour le dynamisme économique, mais c’est un point de vue personnel. Je ne serais pas contre aussi un peu de bleu dans les régions depuis trop longtemps à gauche : il est important d’alterner de temps en temps, pour limiter la corruption et changer de priorités.

@l’auteur : ne déprimez pas, le pire n’est jamais sûr. 4 ans c’est vite passé... Et il faut regarder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Imaginez la poilante à TF1 si Bayrou est élu. Rien que pour cela, ça vaut le coup de voter...

 


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