(---.---.24.57) 29 octobre 2005 01:45

Vous n’aimez pas la télé ? N’en n’achetez pas, comme le dit plus haut Aramys !
Vous souhaitez cependant regarder des vidéos ? Vous ne vous acquitterez pas de la redevance si votre téléviseur ne possède pas de moyen de recevoir les chaînes de télévision (détunerisation) :

« Ne sont pas soumis à la redevance les téléviseurs détenus pour la réception de signaux autres que ceux émis par les chaînes de télévision.  »
source : FAQ du site de l’administration fiscale

En outre, contrairement à ce qui a été dit par Sylvio :

« les micro-ordinateurs munis d’une carte télévision permettant la réception de la télévision ne sont pas taxables. »
source : Bulletin officiel des impôts n° 115 (5 juillet 2005), page 8

Je ne pense pas cependant que ce soit une attitude citoyenne et responsable : pourquoi cette manie récurrente de toujours vouloir échapper à la solidarité nationale ? Le discours tenu est, en résumé : « Je ne regarde pas le service public, alors je ne veux pas le financer. »
À ce compte là, les piétons ne devraient pas contribuer à la construction des routes, et les automobilistes à celle des transports en commun. Or pour qu’une infrastructure de transports puisse fonctionner correctement, il faut un juste équilibre entre les deux. Donc leur financement est dans l’intérêt de tous, au même titre que des programmes culturels non soumis à l’économie capitaliste et à son diktat de l’audimat, quand bien même on ne les regarderait pas.

Car s’il y a effectivement sur le service public quelques programmes qui ne semblent pas mériter d’être financés par la redevance — je pense en particulier à des émissions telles que Ça se discute ou On ne peut pas plaire à tout le monde — on y trouve incontestablement, et en majorité, de très bons programmes par ailleurs.
Or n’oublions pas que sans la redevance ces derniers n’existeraient pas ; exit tout ce qui ne fait pas d’audience : Radio France Culture, Arte, France5, la plupart des programmes de France3 ; exit les jeux de lettres (que j’apprécie beaucoup), les documentaires culturels, les programmes régionaux et outre-mer, l’information mesurée qui ne cherche pas le sensationnel, etc. etc. Le service public est le dernier bastion à ne pas céder à la tentation de la télé-réalité (même si on s’en rapproche de plus en plus avec les productions de Reservoir Prod).

C’est finalement le même problème que pour l’assurance maladie : je ne suis jamais malade ; dois-je payer ma cotisation ? Et je ne parle même pas des indemnités pour les retraités ou les chômeurs, puisqu’elles sont précisément payées par ceux qui n’en bénéficient pas (les actifs).

Par ailleurs, en suivant votre logique, on pourrait soutenir que le contribuable n’a pas à financer l’entretien des monuments historiques s’il ne les visite pas. Ils font pourtant partie de la mémoire universelle de l’Humanité, et il est normal que tout le monde contribue à sa conservation.
Or la redevance subventionne également l’INA qui a grand besoin d’argent pour numériser des bandes vieillissantes et menacées d’être irréversiblement endommagées par les années. Si ça ce n’est pas un patrimoine commun qui mérite d’être sauvegardé pour les générations à venir...

C’est pourquoi j’estime que dans l’intérêt collectif, tous les contribuables français devraient s’acquitter de la redevance audiovisuelle, qu’ils aient choisi ou non de profiter de la télévision et de la radio.

Je pense cependant que comme les autres impôts directs, elle devrait être calculée sur la base des revenus, et non à un montant fixe qui me semble assez peu équitable.
Le service public aurait également grand besoin, il est vrai, de se dispenser des services de sociétés de production privées. Et de supprimer de ses grilles le voyeurisme malsain à la Delarue.
Mais c’est un autre débat, et je trouve un peu trop facile de l’invoquer pour remettre en question la légitimité de la redevance. Ce sont des arguments dignes de Pernault à Combien ça coûte ?, du style : les impôts servent à construire des rond-points inutiles, supprimons les impôts.


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