ndididju 19 juillet 2008 22:31

Je dois dire qu’une chose me fait sauter au plafond : "En anglais, l’accent tonique est mobile, la phonétique de cette langue est de ce fait totalement irrationnelle, il faut pratiquement apprendre séparément la prononciation de chaque mot."
D’abord, la notion d’accent "mobile" me choque quelque peu, tout autant que la notion d’accent « libre » il me semble qu’il laisse entendre que l’accent tonique se balade au gré de l’humeur (ou besoin) du locuteur, alors qu’il est fixé aussi bien par convention que par la pratique, j’entends par là qu’ « on » ne peut pas le « déplacer ».
En fait, ce système est tellement « fixé » que si l’on ne respecte pas la position de l’accent, il devient très difficile, voire totalement impossible pour l’anglophone de retranscrire le mot et donc de le comprendre ! Et c’est là que se situe l’une des différences majeures avec le système français, dans lequel l’application d’un accent tonique sur une syllabe autre que la finale ne posera généralement nettement moins de problèmes de compréhension qu’en anglais, où cela s’avère pratiquement rédhibitoire pour la communication.
Plutôt que de parler de « mobilité » de « liberté » ou de « déplacer » l’accent, je crois qu’il serait plus prudent de dire que l’accent tonique peut , en anglais, tomber aussi bien en position initiale, médiane ou finale.
De là à affirmer péremptoirement que la phonétique de l’anglais est "totalement irrationnelle", franchement, je ne vous comprends pas…
D’une part, parce que c’est faux (et sur ce point, je vous invite à lire « Règles et exercices de prononciation anglaise » de Mr Lionel Guierre édité par Longman (ISBN 2-86644-078-1) (5.40€ sur price minister) où en 126 pages (petit format, gros caractères, je vous rassure, 3000 caractères par page maximum !) il passe en revue les règles de la prononciation (et donc la position de l’accent tonique) de l’anglais.
Ces règles sont efficaces pour près de 90% des 450 000 à 750 000 mots de l’anglais, on est loin de nager dans l’irrationnel ; dans le subjectif, pourquoi pas, mais c’est le propre de toute langue que d’être subjective.
De plus, cela signifierait qu’il serait impossible à un locuteur de langue maternelle, même à un bon niveau d’éducation, à la première lecture de placer correctement l’accent tonique sur un mot nouveau et inconnu, ce qui serait pour le moins incongru et bien peu pratique à l’usage.
Enfin, je trouve ce commentaire d’autant plus choquant qu’il vient d’un francophone, or coté « irrationnel », le français se pose là (je parle de la langue bien sûr…Mais je n’empêcherai personne de se moucher smiley ), quelques exemples :
Pourquoi est ce que la Seine est féminin mais pas le Rhône ? Pourquoi dit on le Mexique ou le Mozambique mais la France ou la Martinique ?
Pourquoi diable un livre est il masculin alors que la feuille est féminine, l’arc masculin, mais la flèche et sa cible féminines ?..
Je vous mets au défi de me trouver une règle "rationelle" quelconque qui puisse expliquer et justifier la définition du genre des mots à plus de 75% de fiabilité en français.
Donc en suivant la logique que vous imposez, le sexe des choses (quid des anges ?) serait "totalement irrationnelle en français" !..?? Bigre !
Acrostiche apologue hémistiche écritoire haltère alvéole sont ils masculins ou féminins ? Les francophones qui ne connaissent ou n’utilisent pas ces mots auront de bonnes chances de se tromper.. D’aucuns me feront remarquer que je triche en tapant sur le genre des mots, alors que le sujet initial relève de la phonétique.
Bien, alors messieurs dames, je vous en prie, expliquez moi ce qu’il y a de rationnel dans :

- Benjamin et Alain, deux beaux brins de bruns, laissent des empreintes de parfum. Ca commence bien, cinq façons différentes d’écrire un même son et une ou deux consonnes que l’on prononce pas !

- Les résidents résidant à Caen et à Laon différant les différents différends qui les opposent ne sont pas sortis de l’auberge, je vous le dis !

- Il dit que ce gond est second, ce con !

- « Ils disent qu’il a dix ans et qu’il est le deuxième enfant » « Je dis dix  ! » -Les sept concepts sont exempts de mots suspects

- Quand il y a de l’acier à scier, je m’assieds.
Et combien de francophones prononcent le œ dans œdème, œnologue, œdipe, œsophage comme un simple [e] et non pas [é ] comme il se devrait ? AArrrrgh ! Et vous vous plaignez de la position de l’accent tonique de l’anglais ?
On pourrait éditer une encyclopédie riche en volumes pour "dénoncer" les nombreuses "abberations irrationnelles du français" ou de n’importe quelle langue, d’ailleurs, puisqu’une langue est quelque chose d’évolutif, qui s’adapte non seulement au contexte historique, à l’environnement dans laquelle elle est utilisée, mais aussi, et c’est ce qui en fait sa beauté, est adaptée, modifiée et enrichie par ses locuteurs, par leur façon de voir les choses, les interpréter et les penser. Cela implique au fil du temps un certain nombre d’irrégularités et d’abérations dont l’origine devient "opaque", inconnue et donc sans sens.

Je suis désolé d’être un chouillat saignant sur ce point, mais « l’irrationnel » m’a fait voir rouge…

Sinon, tonique ou pas tonique, le français ?
MMMhhh, tout dépend de la façon dont on écoute, quel degré de discrimination auditive on utilise, pour commencer.
Une analyse avec un oscilloscope à mémoire fera forcément apparaître une « tonicité » des mots. Mais on ne parle pas de la même façon suivant que l’on parle à un collègue de travail, son patron, sa femme ou son contrôleur fiscal, pas seulement pour des raisons socio comportementales évidentes, mais également parce que l’on n’a pas les mêmes choses à leur raconter, ni avec la même emphase.
Ce que je veux dire, c’est qu’en français, le placement d’un accent tonique influera probablement sur le sentiment ou le jugement porté sur le discours entendu, mais ne générera que peu ou pas de réels problèmes de compréhension, pourvu que cet accent ne soit pas trop « fort ». Il en sera probablement de même en l’absence de tout accent tonique. Les langues à accent tonique (du moins, celles que je connais : l’anglais et l’espagnol) ne fonctionnent pas de la même manière, parce que l’accent influe directement sur le découpage syllabique du mot (ou du groupe de mots) et est dépendant de la graphie, un accent mal placé « déforme » totalement la perception des sons et du mot, qui souvent devient incompréhensible.
Ca me rappelle cette histoire des sympathisants FN qui, lors d’un meeting de leur candidat présidentiel, scandaient le slogan nouvellement crée pour la campagne : « Megret, l’avenir ! » et oublièrent le silence imposé par la virgule et insistèrent sur chaque syllabe : « -Gré-l’Ave-Nir », ce qui devint très vite « maigre est l’avenir  ! » provoquant une grosse gène puis l’abandon définitif dudit slogan.
C’est à peu près ce qui arrive à l’anglophone lorsque vous « déplacez » l’accent sur les mots que vous utilisez en anglais.


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