Marc Bruxman 26 août 2008 20:46

Trés bon article qui montre bien la marche inexorable du progrés. Cependant, quand vous dites « Le second facteur c’est que les cadres dirigeants dans les grandes entreprises ont maintenant intégré le fait que la technologie peut être un outil stratégique pour réduire les coûts et améliorer la productivité, la ou les plus vieilles générations étaient parfois sceptiques. » je vous renvoie gentilment au métier à tisser Jacquard et la révolte des canuts à Lyon. Le "maintenant" devrait être remplacé par "depuis des siècles".

Beaucoup de boites voyaient l’informatique comme un gadget jusqu’à la fin des années 90. Pour beaucoup de dirigeants fondés à l’ancienne école, ce n’était pas "concret", c’était cher, compliqué. Bref, souvent on installait quand les grosses boites concurrentes avaient fait de même et que l’on avait plus le choix. 

Il y a eu une euphorie en l’an 2000 puis dés que la bulle s’est dégonflée on a réentendu des discours du type "ca sert à rien ce truc la bourse s’est pété la geule c’est bien la preuve !".

On avait le plus souvent affaire à des gens qui l’acceptaient à reculons. Ils voulaient un site web parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement mais en soit ca les fesait chier. Souvent on assistait à des conversions forcées du type : "depuis que mon concurrent a fait son site de commerce en ligne mes ventes baisses, c’est la cata.". Suivi de : "faites marcher votre truc, moi je veux pas m’en occuper c’est pas mon métier". Alors que le même avait surement passé des heures a soigner son catalogue papier.

Depuis 2003-2004 et avec une accélération croissante, on voit les clients comme beaucoup plus impliqués dans les projets qu’ils commandent. Un changement de génération dans le management a mis en poste de nouveaux managers qui savent bien à quel point l’outil technologique est une arme de guerre. 

La question est donc ancienne, mais permanente.

Oui mais les innovations plus anciennes avaient une incarnation sous la forme de grosse machine. Le résultat était rapidement visible du client qui l’acceptait donc facilement. Souvent pour un logiciel la présentation est abstraite. Et le client était pendant longtemps assez méfiant. 

Vous faites bien de soulever que la perte d’emploi peut être compensée par la baisse de la population active afin d’en diminuer le coût social. J’espère que ceux qui disent que la baisse de la population doit être compensée par l’immigration liront votre article.

Sur l’immigration tout dépend QUI l’ont fait rentrer. Des pays accueillent une population immigrée très diplomée qui est une richesse pour son pays d’accueil. Et s’intégre facilement. D’autres comme nous font rentrer des gens non qualifiés qui seront de toute façon mal à l’aise dans notre société. Et de plus en plus. 

Maintenant, si la baisse d’emploi due au progrés technique s’accompagne en plus du transfert des emplois restants (ou créés par les nouvelles techniques) dans les pays à bas coûts alors là on a tout faux.

C’est une question de système éducatif. Si l’on veut garder nos emplois, il nous faut des travailleurs mieux formés que ceux des pays émergents. Il n’y a qu’a ce prix que l’on pourra conserver un pays riche et une classe moyenne. Jules Ferry nous as apporté la lecture pour tous. Et c’est grâce à lui que nous sommes aujourd’hui un pays riche. Si aujourd’hui personne n’apporte un enseignement scientifique et technique de qualité pour les jeunes génération, nous sombrerons. Il y a du challenge ? Oui ! Mais apprendre à lire à une population de paysans analphabétes, c’était AUSSI un challenge. 

La stratégie qui consiste à inventer ce que les autres produiront et nous revendront ensuite est mauvaise dés le départ.


La notion de production est au XXIème siécle ambigue. Est ce qu’un programmeur produit ou invente ? La plupart du temps, on peut considérer qu’il produit et que l’invention a été faite en plus haut lieu. Que fait un graphiste ? Un employé productif n’est plus directement en contact avec la matiére via des outils. La production de richesse est devenue abstraite. Et ca fait partie du changement. 

C’est justement le rôle du gouvernement de réguler ces transitions afin d’en diminuer les effets négatifs et d’en répartir les avantages. Malheureusement les députés s’en fichent complètement.

Je ne crois pas qu’ils s’en fichent. Certains ne comprennent pas ce qui se passent. D’autres sont paniqués. Et le fait d’avoir un pays qui ne veut pas entendre la vérité complique les choses. Un politique peut difficilement aller expliquer à des gens que leur boulot est foutu à cause du développement technique et qu’il ne reviendra pas. Ou qu’il est foutu parce que tel pays X ou Y produit mieux et moins cher que nous.

Agir cela nécéssite déja de reconnaitre le problème. Or à chaque fois qu’il y a une fermeture d’usine on voit le politique du coin passer, dire "Ah les salauds !", s’en laver les mains une fois les caméras parties. Et ne surtout pas tenter d’agir sur la réalité qui a causé cette fermeture. Parce que ses administrés ne veulent pas l’admettre. En Europe du Nord le politique dit clairement que les emplois ne reviendront pas, mais qu’il va essayer d’en créer de nouveau. La réalité est dite au peuple, aussi dure à entendre soit t’elle. 

La vérité c’est que si les français sont comme un malade du cancer qui ne veut pas savoir ce qu’il a. Alors le politique leur ment, ca les rassures. Le politique ne fait rien pour ne pas leur donner le doute. Et le politique gardera son taf, pendant que le français qui ne voulait pas savoir a perdu le sien. La vérité est souvent dure à admettre. La réalité virtuelle est souvent plus confortable. Mais le jour ou le World Of Cococraft géant dans lequel baigne notre pays va connaitre une coupure de courant, les Français vont comprendre qu’on leur a menti. Et a qu’a cause de ca, on est maintenant sérieusement dans la merde. 

Adapter le pays à la mondialisation c’était déja dur. On n’a pas voulu le faire. L’adapter simultanément à la mondialisation ET à la révolution technique cela va être encore plus dur. Parce que c’est d’un coup tout le monde crée, imaginé et révé par la génération du baby-boom qui va s’effondrer sous ses yeux. D’un coup. Comme l’ont fait les tours le 11/9 . Une évolution progressive aurait été un traumatisme moins grand. Et surtout un drame social moins grand. Car je ne me fais aucune illusion sur ce qui est en stock pour le peuple français. Les couches aisées s’en sortiront, la classe moyenne bien formée partira à l’étranger. Et les autres souffriront le temps que la société s’adapte. Puis le pays renaitra. Mais que de malheurs qui auraient pu être évités. 



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