San Kukai San Kukai 9 décembre 2008 14:20
 Beau cocktail de confusions. Pour rassembler ce qui est épars :
 
1. La laïcité est un principe juridique et philosophique. Il s’applique donc aux citoyens et il est garantit par l’État.
1.1. Si les citoyens ont la liberté de conscience et d’opinion, ils ont le devoir de ne pas troubler l’ordre public.
1.2. C’est à l’État d’apprécier la notion d’ordre public.
1.3. La laïcité n’est pas une religion ; elle est le cadre républicain dans lequel toutes les religions peuvent s’exprimer, elle est le principe qui affirme leur égalité.
1.4. La neutralité de l’État n’est pas dans l’affirmation que « les religions sont toutes pareilles », mais dans le fait de n’en privilégier aucune
1.5. La liberté de conscience et l’égalité imposent de considérer sur un même plan la libre pensée, l’athéisme, l’agnosticisme et la religion.
 
2. Dans la sphère publique et notamment à l’école, ce principe impose la neutralité aux enseignants (qui incarnent ainsi la neutralité de l’État) et une certaine neutralité des élèves (définie dans le Code de l’éducation, article L141-5-1)
2.1. Depuis Condorcet jusqu’à Jacques Chirac en passant par Jules Ferry et Victor Hugo, les défenseurs de école laïque vont promouvoir un lieu « sacré » qui accueille tous les enfants, sans distinctions d’origine, de sexe ou d’option spirituelle de leurs parents.
2.2. C’est à l’État d’apprécier la neutralité des élèves (signes discrets vs. signes ostensibles).
 
3. Les droits de l’homme sont aussi les droits de la femme.
3.1. Lisez Élisabeth Sledziewski (philosophe), Michèle Vianès (philosophe — Un Voile sur la République), Élizabeth Badinter (philosophe), Catherine Kintzler (philosophe), Fadela Amara (femme politique), Anne Zelensky (Ligue du droit des femmes), Annie Sugier (Ligue du droit international des femmes), Chahdortt Djavan (Bas les voiles !), etc., pour vous faire une opinion raisonnée de la place du droit des femmes dans les droits de l’homme en général et pour la signification du voile en particulier.
3.2. Il n’y a pas de contradiction entre les droits de l’homme et la laïcité, comme vous le laissez entendre. Dans un État républicain, le particulier cède toujours le pas à la règle générale ; les droits de l’homme ne sont pas les droits de certains au détriment des autres, mais de tous pour le bien de l’ensemble, comme la laïcité est la règle du peuple (laos) pour le peuple.
3.3. Dans ce sens, la laïcité est le principe qui nous rassemble tous (hommes et femmes, croyants et athées) et assure ainsi la paix sociale à laquelle le citoyen est en droit d’aspirer ; ce principe permet aussi à chacun d’avoir la liberté de croire en ce qu’il veut, de changer de religion, de n’en avoir aucune, de pouvoir dire sa foi ou son mépris des dieux sans être inquiété, tant qu’il respecte l’ordre public.
 
Vous vous dites en manque de repères ; lisez Condorcet et Victor Hugo ; plus près de nous, Henri Pena-Ruiz. Vos repères sur la laïcité et la République, ainsi que sur les droits de l’homme seront ainsi plus clairs.

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