Aurélien 10 janvier 2009 12:01

Bonjour,

Petite précision : l’article de Fleur est un résumé de mon billet, il ne s’agit pas d’un autre article.

Si je préfère le terme de "témoignage participatif" à celui de "journalisme citoyen", c’est pour clarifier la situation, pas pour critiquer la possibilité même offerte à tout un chacun d’exprimer son point de vue sur une situation, comme le permet cet excellent site qu’est Agoravox. 

Voici la réponse que j’ai déjà publié sur mon blog :

@Serge-André Guay :

Merci pour ce commentaire argumenté et très intéressant. Je vais essayer de répondre point par point.

"Je ne suis pas d’accord avec l’idée que tous les journalistes citoyens se reconnaissent comme des professionnels." Je parle de la perception des professionnels par rapport aux amateurs. En les appelant "journaliste citoyen", les détenteurs de carte de presse ont clairement pu penser qu’on s’attaquait frontalement à leur profession, que des contributions amateurs et gratuites allaient submerger leur travail.

Personnellement, je trouve géniale la possibilité que tout un chacun puisse alerter, témoigner sur un fait précis, et faire entendre sa voix.

Etre amateur, "cela ne m’a pas empêché d’écrire des articles, des reportages, des dossiers, des chroniques et même des éditoriaux pour plusieurs médias reconnus depuis mon adolescence."

C’est tout à votre honneur, d’être un citoyen s’intéressant à l’actualité et d’y participer. Mais combien d’autres font la même chose que vous ? Vous en connaissez beaucoup, des "amateurs", qui cherchent des sujets originaux, démarchent des publications, rédigent des articles, et sont publiés ? Le fait même qu’avec un blog vous puissiez le faire vous même, c’est un révolution. En passant de cette infime minorité à une petite minorité, la production amateur devient massive (mais on ne parle pas de 100% de la population).

Pour moi l’amateur n’est justement pas un risque mais une chance, car il offre une multiplicité de points de vue et peut alerter, témoigner sur des faits non-connus du public. J’essaie juste de dire qu’il ne s’agit pas de "tout le monde" mais de témoins "qualifiés", "éclairés" comme vous.


- Prenons un amateur de vin et le monde des médias. Il ne menace personne, bien entendu. Prenons tous les amateurs de vin du Canada. Combien vont vouloir ouvrir un blog sur le vin, laisser des commentaires sur les sites d’oenologie ? Pas 100% d’entre eux. Plutôt 1%.


- "Plier sous la pression en acceptant de changer le titre de l’amateur, de journaliste citoyen à témoin participatif, c’est jouer le jeu de ceux et celles qui contrôlent l’information et qui cherchent à sauver leurs emplois par tous les moyens". J’écris le contraire. Je pense que le journaliste citoyen ne menace pas la presse, car il reste un amateur, certes, et que son rôle ne remplace pas celui d’une rédaction. Mais l’existence et la généralisation de nouveaux réseaux obligent (et c’est tant mieux) les journalistes à composer, dialoguer avec les citoyens désireux de témoigner pour faire avancer l’info. Faire ce travail de dialogue, de coproduction de l’info créera de nouveaux postes, comme je l’indique à la fin de mon billet.

Encore une fois, le terme de "témoin participant" n’est pas du tout dévalorisant, bien au contraire, il clarifie juste la situation.


- "Le journaliste citoyen n’est pas un témoin participatif, il est un acteur". Acteur, dans quel sens ? Il a clairement un rôle à jouer. Je ne vois pas de contradiction.


- "Le journaliste citoyen ne prétend pas à cette objectivité déontologique professionnelle. Il prend tout simplement la parole."
Certes, c’est pourquoi le terme de témoignage est plus clair : il ne s’agit pas d’une analyse, d’un travail de recherche d’angles, de sélection des sources, d’édition le plus souvent, mais simplement quelqu’un qui témoigne d’une situation vécue.

Il y a aussi les experts qui racontent leur éclairage sur des thèmes précis, souvent très intéressants, comme des médecins parlant de la réforme de la santé, des juristes parlant d’une nouvelle loi. Ces EGC - expert generated contents sont aussi l’une des grandes avancées du web 2.0. Ce sont des témoins éclairés de leur temps.

Le journaliste ne peut prétendre à donner "la" vérité mais à effectuer un travail rémunéré de recherche d’angles, de sélection et de vérification. Je ne pense pas que toutes les paroles se valent, mais qu’un travail doit être fait pour distinguer entre ce qui est établi, recouper les paroles, chercher des infos s’y rapportant pour apporter un récit le plus proche possible des faits. Sinon tout le monde peut monologuer dans son coin, sans contradiction, ce n’est pas très intéressant, et même parfois dangereux.


- "Ce sont les médias professionnels qui ont fait le rapprochement entre « journalisme citoyen » et « professionnel »" : vous avez parfaitement raison, c’est pourquoi j’ai écrit ce billet.
Bien cordialement,
Aurélien


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