mathieu hangue 17 janvier 2009 11:25

Cet article est intéressant car il montre bien où en est encore une bonne partie de la gauche, toutes tendances confondues.

Faisons le point. On sait aujourd’hui qu’il y a des limites à ne pas franchir si l’on ne veut pas hypotéquer l’avenir. Par exemple on connaît - en gros - la limite de gaz à effet de serre à ne pas dépasser afin de ne pas provoquer un changement climatique planétaire. Là où l’écologie diffère de la gauche, c’est qu’elle pense « global ». Nous divisons donc ce volume limite d’émissions par 6 milliards, pour savoir ce à quoi CHAQUE humain a droit. Pourquoi un enfant des bidonvilles de Johanesbourg ou Calcutta, des favellas de Sao Paulo aurait moins de droit qu’un enfant de Neuily ? Ensuite vous multipliez par 60 millions et vous avez la limite des émissions que la France ne doit pas dépasser collectivement. Si vous comparez avec les émissions réelles, il nous faut tout simplement réduire nos émissions de 80% !

Bien sûr on peut dire comme le président Bush « Notre mode de vie n’est pas négociable » et envahir l’Irak pour s’accaparer des réserves de pétrole. Mais ce n’est pas ce que veut la gauche, non ?

Un autre point où la gauche a du mal. Dans nos pays du Nord, la marche vers la démocratie est déjà longue. A la fin du XVIIIème siècle, les conflits paysans se sont multipliés et nous avons eu la Révolution française et une nouvelle exigence démocratique : les Droits des hommes (les femmes en étaient volontairement exclues). Un siècle plus tard, le conflit central de nos sociétés s’est déplacé des campagnes vers les usines. Nouveaux conflits et une nouvelle génération de Droits et Libertés : les Droits syndicaux. Un siècle plus tard, fin du XXème, les demandes de Droits environnementaux sont apparues. Dans nos pays du Nord, on aime à saussissoner. Si on caricature, le militant des Droits de l’Homme ne s’occupe pas de Droits économiques car c’est trop politique. Le militant syndical dit que l’écologie c’est bien mais que, comparé aux problèmes sociaux, ce n’est pas vraiment pas prioritaire ! (Heureusement, ça bouge vite et de nombreuses convergences voient le jour).

Pour nos collègues du Sud, la situation est différente. Le pêcheur indonésien qui luttent contre certains projets de l’OMC en faveur de la pêche industrielle, ce paysan lutte pour le Droit de vivre, pour son Droit au travail et pour son environnement. Le paysan colombien qui lutte contre l’avancée des agrocarburants lutte pour l’environnement, le droit de vivre et travailler. Eux savent que ces trois générations de Droits et Libertés sont intimement liées et que notre saussissonage est absurde et artificiel. Le système économique actuel est basé sur l’exploitation sans limite des Humains et de la Nature, impossible de différencier.

Le passage sur les OGM est pitoyable. Les OGM agricoles devaient nourrir la planète. C’est une des grandes promesses qui nous a été faite par Monsanto, Syngenta, Bayer et Cie. On a vu ce que ça a donné en 2007 et 2008 avec les émeutes de la faim ! Nous refusons les plantes modifiées génétiquement parce qu’elles ne servent à rien. Pas la peine d’aller chercher plus loin. L’insuline est produite depuis plus de 20 ans par des OGM enfermés dans des laboratoires confinés. L’insuline, c’est utile et personne ne s’y oppose.

Un dernier point où notre gauche devrait se poser des questions c’est lorsqu’on l’entend souvent dire « L’écologie c’est un luxe de pays riche ». Quelle stupidité et méconnaissance de ce qui se passe dans le Sud ! Partout, il y a des conflits liés aussi à l’environnement, car dans un pays pauvre, si on détruit ses ressources proches, on n’a pas l’argent comme nous pour faire venir les produits de l’autre côté de la planète.

MH


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe