maharadh maharadh 4 février 2009 17:06

Le commentaire de Hakim un peu plus haut dans ce billet est très pertinent .

 Les textes sécuritaires votés à l’initiative de ce gouvernement n’ont paradoxalement :

Pas pour objet de réduire la délinquance, pas plus que la loi contre les discriminations n’aura pour effet de réduire le nombre de foulards islamiques dans les écoles.

Ces lois stigmatisent au contraire des populations cibles, en les excluant socialement, comme si l’objectif était de les dresser contre la République.
Ainsi organiser une coopération étroite entre police et justice" : c’est l’idée de "chaîne pénale" qui supprime la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire.
Améliorer la rémunération des policiers" : des primes de rendement sont créées pour les policiers et les magistrats pour les rendre plus servils.
Les lois sécuritaires ont une fonction de captation de l’opinion publique, d’occultation idéologique de la politique actuelle de liquidation de l’État social.

Pendant qu’on agite le chiffon rouge contre l’insécurité de nos villes , les affaires du MEDEF peuvent continuer. L’attention des électeurs est détournée, et c’est bien là l’essentiel, de la détresse des chômeurs, de la précarisation des salariés et de la remise en cause du système des retraites et de l’assurance maladie.

Ordre mobile, justice en temps réel, ce sont des valeurs "modernes", empruntées à la mondialisation du marché, qui entrent dans l’univers judiciaire. Comme la circulation des marchandises, les lois doivent être fluides et flexibles, et la justice doit être immédiate. Effrayant aveu d’un projet de société pénalisant la simple contestation de l’ordre, le gouvernement met en place cet "ordre mobile". Les infractions crées par la loi "sécurité intérieure" du 18 mars 2003 ne résultent plus d’un préjudice matériel et concret causé à quelqu’un, elles se déduisent d’un comportement (mendier, se prostituer, bavarder en groupe devant un immeuble.). L’ordre social seul est en cause dans ces nouvelles infractions qui n’occasionnent aucun préjudice à une victime particulière.

Car la disparition des emplois industriels, le déséquilibre des relations salariés/employeurs, laissent sans activité et sans espoir, d’immenses réservoirs de main d’oeuvre, jusqu’ici utilisés dans l’essor économique. Un traitement social de ces populations en déréliction nécessiterait une autre politique de services publics, une autre distribution des richesses, que le MEDEF ne peut accepter.

La seule alternative qui s’offre à l’actuel gouvernement est d’appliquer un traitement pénal de masse à ces populations désormais au chômage pour lesquelles il n’est plus possible de monter dans l’ascenseur social, et qui ne peuvent même plus prétendre à la condition ouvrière de leurs parents. La crise du libéralisme détermine cette régression conservatrice, et ces lois sécuritaires. Celles-ci permettent à la fois d’alimenter la peur, l’individualisme, donc d’empêcher les mobilisations sociales, mais aussi de créer des emplois dans "l’industrie de la punition" et de la surveillance, selon l’analyse de Niels Christie.

La vidéo surveillance des rues ou des parkings concerne 388 communes en France, avec un budget d’environ 100 000 euros par commune ; ce marché va se développer considérablement car le projet de loi sur la "prévention de la délinquance" accorde des réductions d’impôts en cas d’installation de caméras dans les immeubles collectifs !

Tandis que certains font des affaires grâce à l’expansion du marché du sécuritaire en profitant de l’idéologie de la tolérance zéro, des pans entiers de la populations sont reléguées, soit dans une infra-société, sans services publics et sans égalité des droits, survivants du RMI et du travail précaire, soit dans les prisons, qui sont plus que jamais, comme l’a démontré Loïc Wacquant, celles de la misère.


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