Joseph DELUZAIN Joseph DELUZAIN 10 mars 2009 07:13
À BOB et à certains autres … ce qui m’évitera de répondre à chaque commentaire.

Avant de répondre à certains points plus en détails, je voudrais rappeler que j’avais pris soin de bien différencier les sociétés « boîtes aux lettres » des sociétés dûment immatriculées avec de réelles activités commerciales ou industrielles. Mon propos portait sur les entreprises qui font le choix de s’immatriculer off shore.
Ceci dit, et je le rappelle ici avec insistance, ne pas faire d’amalgame sous le vocable « paradis fiscal », c’est là le but de cet article. Mélanger tout et son contraire serait un raccourci que nos médias utilisent trop souvent. Que l’on discute du pour ou contre des sociétés off shore et de leur raison d’existence, c’est un point intéressant qui dépasse largement le cadre d’un article, mais assimiler systématiquement toutes ces sociétés a des fraudeurs et à des criminels n’est pas l’exacte vérité.  
 
L’ouverture d’un compte n’est pas la création d’une société off shore. Mais puisque vous parlez de ce sujet Bob, je vous confirme qu’il est aisé d’ouvrir un compte secret et nul n’est besoin d’aller chez nos voisins pour ce faire, les banquiers français vous le font en une heure.
 
Je fais la différence entre l’argent sale dont la provenance est incertaine et l’argent provenant d’activités commerciales. Pourquoi une société qui a décidé d’établir son siège ailleurs que dans son pays serait-elle délinquante ? Les délocalisations de nos entrepreneurs vers des pays qui ne sont pas des paradis fiscaux mais avec des coûts moindres procèdent de la même démarche.
Je pense que vous faites un amalgame avec dissimulation de revenus, ce qui n’est pas mon propos, je l’ai bien précisé dans l’article. Choisir une fiscalité plus douce n’est pas trafic.
 
Justement vous revenez sur ce point avec ma « confusion » de fraude, évasion, dissimulation, discrétion, confidentialité. Il n’en est rien. Fraude, dissimulation, évasion sont des comportements délinquants, mais la discrétion et la confidentialité qu’un État ou un organisme vous garantit n’est pas illégale et encore moins délinquant. Accepteriez-vous que votre compte bancaire soit scruté par n’importe qui ? Une entreprise n’y tient pas et on la comprend. Elle déclare aux services concernés et cela suffit. Là encore, pas d’amalgame avec des états voyous ou des « boîtes aux lettres » qui, je l’ai précisé aussi, existent bel et bien. Je ne traite que des sociétés off shore, et off shore ne veut pas dire forcément délinquant. C’est hélas l’assimilation qui en est faite le plus souvent.
Concernant les cas que vous citez (Eva Joly) soyez plus précis et expliquez pourquoi il y a des réticences certaines fois. Dossiers mal bouclés, preuves insuffisantes et … arrogance des fonctionnaires français donneurs de leçon à leurs homologues étrangers (c’est du vécu). Si certains dossiers avaient été présentés en respectant les règles de droit du pays ils n’auraient pas été déboutés. A l’opposé je peux vous dire que j’ai eu connaissance de cas de sociétés off shore qui ont été résiliées par les autorités du pays accueillant et dont les comptes ont été transmis aux pays d’origine. Mais ces cas ne sont jamais révélés au public.
J’ai bien dit les comptes, car dans les « paradis fiscaux » dont je parle, il n’est facile d’ouvrir une compagnie que dans la limite des activités autorisées, et les comptes sont déposés chaque année pour obtenir l’exemption de taxe. La source des revenus doit être clairement précisée.
Bien sûr que ces comptes et leur source sont confidentiels dès l’instant où ils ne proviennent pas d’activités douteuses. Encore une fois mon cher Bob – vous permettez que je vous appelle mon cher Bob – nous ne parlons pas de la même chose.
Vous concluez en donnant un sens négatif à la formule de l’économiste que je cite, mais vous pouvez tout aussi bien lui donner un sens opposé : si un impôt est fraudé c’est qu’il y a une réelle injustice et il est nécessaire d’y apporter une solution. Mais je ne citais cette formule que pour éclairer les causes d’évasion fiscale. Certains ne veulent pas rester des moutons bêlants et gémissants, ils quittent le troupeau.
Je le répète une dernière fois : je ne fais pas l’apologie de la fraude, de la dissimulation et autres joyeusetés, mais j’illustre le dicton qui dit : « c’est le plus gêné qui s’en va » … donc une entreprise qui se sent gênée dans son pays a tout a fait le droit de choisir des cieux plus cléments. Je ne vois pas pourquoi on lui jetterait des pierres. Et au nom de quoi irait-on lui demander des comptes puisqu’elle a choisi de s’exiler.
Ceci dit Bob, vous avez soulevé des questions qui sont bien réelles et d’actualité et pris des positions morales. Sur les premières je vous suis mais je vous avoue que je me méfie de la morale, elle a fait bien des dégâts de par le monde. Que d’injustices au nom de la morale.
Pour qu’un État demande à ses citoyens un comportement vertueux, peut être faudrait-il qu’il soit un exemple lui-même. 

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