(---.---.162.15) 27 décembre 2005 15:59

Je pense qu’il y a une sorte de fixation autour de ce qui est appelé le piratage par le p2p. Il convient pourtant de relativiser ce mode de copie de plusieurs façons :

1) Il se situe dans une évolution qui a commencé par l’arrivée des cassettes enregistrables au début des années 70. Là oui, c’était une révolution puisqu’avant on ne pouvait pas copier. Et aucune catastrophe n’est arrivée. Au contraire, tous les artistes célèbres ont bénéficié de ces cassettes copiées comme d’une promotion. Depuis on assiste seulement à une amélioration de ce système du point de vue de la qualité de reproduction et du point de vue des sources de copie. Tant que l’on reste dans le domaine du privé et de l’initiative individuelle, non commerciale, on ne change pas le rapport des choses.

2) Il faut se rendre compte que le téléchargement par le p2p n’est pas un moyen particulièrement facile d’acquérir de la musique. Il faut du savoir-faire technologique, un équipement informatique (y compris pour les sauvegardes), du temps, de l’organisation (pour ranger, s’y retrouver...). Et le choix des artistes est limité. C’est surtout valable pour les jeunes et les chômeurs. Les autres ont avantage à acheter, car le temps c’est de l’argent. Un exemple extrême : l’intégrale des 170 CD de Mozart est plus accessible en rapport temps/coût à l’achat (250 euros) qu’en téléchargement p2p (à supposer que ce soit disponible, ça ferait quelques 100 Go) (et remarquez qu’il n’y a pas de droit d’auteurs...)

3) il faut savoir comparer ce moyen de copie par rapport à d’autres. Emprunter des CD dans les médiathèques publiques et les copier se révèle plus efficace, avec un éventail d’artistes plus large. Copier un disque dur de 300 Go (bientôt 1 terra octets) est encore plus efficace.

Nous sommes face à deux lobbies, l’un est très crispé et obnubilé par sa volonté de s’accaparer la musique sur Internet au risque de tout « fliquer », il veut garder ses marges d’une époque qu’il avait pu vampiriser (l’arrivée du CD alors non copiable ayant dévalorisé la cassette). L’autre est beaucoup plus pragmatique mais encore plus gourmand en voulant carrément taxer l’accès à Internet comme il a taxé l’accès à l’informatique (CD et DVD vierges). Ces deux lobbies ont intérêt à dramatiser les choses et à considérer le p2p comme une calammité. Je souhaite que les législateurs « remettent les choses à leur place » et considèrent le p2p comme une source de copie privée parmi d’autres, en étant vigilants sur les utilisations abusives (commerce, trafic...).

Et surtout, surtout, Messieurs les députés, défendez le logiciel libre !

Monsieur Lambert, actuellement l’installation d’une distribution Linux sur un ordinateur ne permet pas de lire un DVD du commerce. Il faut chercher sur Internet pour installer des compléments. A ce que le sais, c’est la loi US qui oblige à cela, pas encore la loi Française. N’obligez pas demain les Français amateurs de logiciels libre à devenir des parias susceptibles de poursuites judiciaires.

Les logiciels libres ont existé bien avant que les majors veuillent cadenasser Internet et l’Informatique. Un fichier sur ordinateur n’a pas à être vérouillé sans l’assentiment de son propriétaire, celui-ci doit pouvoir en disposer comme il veut (et comme il peut, certes, mais le principe « vouloir c’est pouvoir » est ici valable), c’est un principe de base des logiciels libres. Il est du devoir des législateurs de défendre cette informatique en refusant de la mettre dans un ghetto parce que ce serait un « monde sous-développé » (où on ne pourrait pas lire les DVD etc.). Cela veut dire que l’informatique pour tous ne doit pas être seulement propriétaire, avec les tours de Babel que cela implique.

Il y a donc un principe sacré à défendre, Monsieur Lambert, c’est celui de l’inter-opérabilité y compris avec les logiciels libres. Je vous rappelle que le parlement européen en 2004 avait voté en ce sens, certes au grand dam de la commission. Appuyez-vous sur ce vote pour contrecarrer les volontés liberticides de la directive (de 2001) de la commission européenne.

Am.


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