ffi ffi 19 juin 2009 23:31

Le débat mérite de continuer sur ces sujets. Même s’il est évident que les banquiers vont préférer laisser crever les gens que de remettre en cause les privilèges.

Il y a un premier postulat que je voudrais questionner : il est dit

« Cependant, nous préconisons la conservation de l’intérêt, sa principale utilité étant de limiter la création monétaire. »

A mon avis, une telle affirmation est inexacte car elle ne colle pas à la réalité. Pourquoi ?

Les grandes crises monétaire ont en commun de se passer par deux grandes phases :

1°) le prêt d’argent est extrêmement rémunérateur grâce aux taux d’intérêt, ce qui attire de nombreux acteurs financiers. Pour faire le maximum de profits, ceux-ci se font concurrence et par une politique commerciale agressive (publicité, taux alléchants, crédit révolving, subprime, ...) cherchent à prêter le maximum d’argent au maximum de clients. Puisqu’il n’y a aucune régulation de cette frénésie de crédit, la quantité de monnaie augmente d’une manière démesurée.
2°) Quand vient le temps du remboursement, si les retours sur investissement des emprunteurs sont inférieurs aux traites des créances, alors les paiement font défauts et si ces défauts de paiement s’accumulent et que du remboursement des créances impayées dépendait d’autre remboursements de créance, alors plus personne ne parvient à rembourser personne et c’est le système de paiement se trouve bloqué.

En fait, toute l’histoire le montre, le taux d’intérêt est un multiplicateur des opérations de crédit dans la société, par le fait qu’il couvre le risque pris par le prêteur, dans des conditions normales.

En effet, quelle serait l’intérêt de prêter de l’argent pour des sociétés à but lucratif, si celles-ci ne pouvaient pas en retirer de l’argent grâce aux taux d’intérêt ? Pas-sûr qu’il y ait autant de candidat si le taux d’intérêt était nul ...

A vrai dire, il y a peu de domaine de l’activité humaine ces dernières années qui ont pu sembler plus rémunérateurs avec tant de constance que le prêt d’argent contre intérêt. D’où la ruée sur le crédit et les conséquences que l’on voit.

Le crédit contre taux d’intérêt apporte certes du pouvoir d’achat sur le moment (qui est utilisé pour émettre de nouveaux crédits), ce qui semble générateur d’inflation monétaire, mais le problème du fait que ce ne soit pas un jeu à somme nulle, mais négative, doublé qu’il soit orienté à la spéculation, implique que sur le long terme, le crédit créé ex-nihilo contre taux d’intérêt est générateur de dette (ce que l’on constate), puisqu’il ne provoque pas de gains économiques réels. La conséquence à long terme est donc une raréfaction monétaire doublée d’une appropriation par les prêteurs des biens des emprunteurs malchanceux (ceci est bien expliqué dans l’article).

Quant aux arguments consistant à douter de l’intérêt pour l’état de recouvrer son droit de seigneuriage, je les trouve insuffisants.

Déjà, en 1973, cette remise en cause d’un des éléments clé de la politique des 30 glorieuses, voulu par le conseil national de la résistance, n’a pas fait l’objet d’arguments clairs. On pourrait même penser à une oeuvre de corruption. Des signataires de la loi 73-7, Pompidou était ancien chargé d’affaire de la Banque Rotheschild, et Giscard d’Estaing semble assez proche du milieu financier puisque son neveu Nicolas Giscard d’Estaing est directeur de la clientèle privée de la Banque Rotheschild. Il ne me semble pas utile de répercuter des arguments qui pourraient plutôt être une justification habile d’une volonté éventuellement intéressée.

Ensuite, nombre de Banques privées internationales sont d’ores et déjà plus puissantes que les 3/4 des pays de la planète.
Ensuite, il ne faudrait pas négliger la corruption bancaire dans l’attribution des prêts : n’est-il pas étonnant de voir que les grandes fortunes récentes (François Pinault, Bernard Arnaud, Boloré) se sont réalisées par l’emprunt ? Bolloré lui-même a été formé à la finance à la banque Rotheschild. Les crédits bancaires sont-ils prêtés de manière si transparente ? Par exemple, je connais une personne au RMI qui a pu acquérir un logement grâce aux relations de ses parents avec une banque !

J’ajouterais que le jeu ne doit pas forcément être à somme nulle : Tout dépend si plus ou moins de signes monétaires en circulation sont nécessaires. Si les potentialités d’échange augmentent, par exemple, il est normal d’augmenter le nombre de signes monétaires.

Tout ceci est un débat très important, mais :
- Il est visible que les gouvernements ne souhaitent rien changer du pouvoir des banques. Entre l’augmentation des pouvoirs du FMI et Obama qui accroit les pouvoirs de la FED, je ne vois pas de changement du système financier à brève échéance.

La priorité est donc de réussir à montrer ce changement comme inéluctable et indispensable, au moins en France, de montrer la perversité intrinsèque du système actuel, afin de permettre une alternative politique l’incarnant. Les gens auront après tous le temps de discuter des menus détails et la nouvel organisation.


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