Rounga Roungalashinga 10 août 2009 11:12

Pendant longtemps j’ai vécu avec la certitude que le cannabis ce n’était qu’une drogue douce qui ne faisait pas de mal. Pendant longtemps j’ai fréquenté des gens qui s’envoyaient plusieurs joints par semaine. Moi, je restais spectateur car je n’aime pas fumer, et je n’accepte de perdre ma lucidité que dans les grandes occasions, et avec de l’alcool. Quand je vois ce que ces compagnons sont devenus, je me dis que j’ai bien fait de m’abstenir.
Après plusieurs années de ce régime, ils sont devenus apathiques. Au départ on était une bande de jeunes qui prisions la rébellion et la subversion. Certains étaient originaux, avaient des idées, de l’intelligence. Ils avaient lu deux-trois livres, et les avaient mieux compris que les autres. Pourtant, avec le temps, cette ambiance de franche gaillardise s’est estompée. Le souffle qui animait nos réunions, ce mot d’ordre tacite qui intimait à chacun d’être un individu libre qui emmerde les autres a disparu, noyé dans des soirées de fumée où il ne se passe rien, où les regards se perdent dans le vide des conversations.
Je ne les voit plus, tous ceux-là. La dernière fois, je n’ai pas supporté de constater à quel point les joints leur avait ramolli le cerveau, les avait rendus conformistes et creux. Ils ont épousé les idées les plus conventionnelles, ils critiquent mollement le système, mais leurs vitupérations faiblardes tapent dans le vide ; elles ressemblent aux derniers soubresauts d’un corps dont on a tranché la tête. Il y en a un qui fait des études poussées en physique théorique. Il constate maintenant qu’il réfléchit moins vite qu’il y a quelques années, ses neurones en ont pris un coup. D’ailleurs, il arrive qu’on lui dise quelque chose un jour et qu’il n’en ait aucun souvenir trois jours plus tard...
Mon regard sur cette drogue et ses effets catastrophiques sur les capacités mentales des fumeurs, ainsi que sur leur propension à se révolter, a donc bien changé. Aujourd’hui, l’herbe est coupée avec des substances hyper-fortes, rien à voir avec ce qui se fumait il y a vingt ans. C’est le seul point qui peut me faire pencher pour la légalisation : une beu légale serait peut être moins forte et moins nocive. Cependant, légaliser, c’est banaliser. Or le cannabis n’est pas une drogue douce ou banale ou innofensive. On n’a pas à laisser un libre accès à tout le monde de cette drogue dangereuse pour les âmes.


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