Jordi Grau J. GRAU 13 août 2009 11:52

Merci pour cet article bien argumenté et qui va à contre-courant des idées reçues.

S’il y a un point faible dans votre réflexion, c’est que vous n’expliquez pas suffisamment - à mon avis - le sentiment anti-fonctionnaire qui existe dans une large partie de la population (comme en témoignent quelques uns des messages précédents).

A mon sens, il y a trois raisons principales :

- la propagande anti-fonctionnaire. C’est la seule raison que vous mettiez vraiment en lumière. C’est en effet un élément d’explication important. On peut noter à ce propos que cette propagande est en grande partie produite par des gens qui sont eux-mêmes de hauts fonctionnaires !

- le fait qu’il est plus facile de taper sur les petits privilégiés que sur les gros. Vous dites à juste titre que la propagande libérale sert à cacher le scandale de la « spoliation de la bourgeoisie financière ». Vous n’avez pas tort, mais je doute que les gens soient assez mal informés au point d’ignorer ce scandale. Au fond, ils savent bien que les gros privilégiés, ceux qui profitent à donf du système sans vraiment produire quelque chose d’utile, ce sont les gros actionnaires, les spéculateurs, les richissimes hommes d’affaires, etc. Seulement ces super-riches sont tellement puissants, tellement lointains, que le peuple se résigne (pour l’instant) à courber l’échine devant eux. Il est plus facile de taper sur le petit privilégié qui habite à côté de chez nous, voire dans notre famille. C’est le même mécanisme qui conduit de braves gens (y compris un travailleur social alcoolique et dépressif que j’ai connu naguère) à traiter les bénéficiaires du RMI ou du RSA de « profiteurs ».

- Même lorsqu’ils sont utiles et compétents, les fonctionnaires représentent un pouvoir bureaucratique qui n’a jamais été complètement accepté par la population. L’Etat (je dis l’Etat pour simplifier, même si bien des fonctionnaires n’en dépendent pas directement) a toujours été un pouvoir dominateur, qui plane au-dessus des masses comme une menace. Même lorsqu’il est bienveillant, même lorsqu’on en tire des bénéfices évidents, il est toujours perçu comme un pouvoir obscur, compliqué, imprévisible, et dangereux. Tant que l’Etat n’aura pas disparu, ou ne se sera pas démocratisé de fond en comble, le sentiment des gens à l’égard des fonctionnaires sera toujours ambigu : mélange de sympathie (les sondages montrent souvent un sentiment de solidarité lors des grèves de fonctionnaires) et de ressentiment, voire de haine pure et simple.


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