Gazi BORAT 24 novembre 2009 13:23

@ ARMAND

Je compte parmi les grands amateurs de cet écrivain, dont je relis régulièrement les ouvrages avec toujours le même plaisir.

Au delà de la qualité de l’écriture , on ne peut que sentir que ces écrits se situent dans quelque chose d’autre qu’une simple prouesse littéraire.

Les récurrences : ces personnages fantômatiques aux noms curieusement bricolés « Pacheco dit de Merode », « La Petite Bijou ».. renvoyaient de façon curieuse à un passé dont l’auteur était le légataire et auquel il n’avait pas participé.

Ce n’est que des années après être devenu un inconditionnel de l’écrivain que j’ai découvert le poids de son histoire de famille : un pêre qui l’avait abandonné mais qui réapparaissait de temps à autres et l’histoire de celui-ci : un Juif parisien qui avait traversé l’Occupation dans les zones troubles du marché noir et des bureaux d’achats allemands.. Un univers que n’avait jusque là abordé qu’un autre excellent écrivain, Maurice Sachs, in « La chasse à courre », livre dont le pêre d’un narrateur d’un de ses livres confiera à son fils en lui disant :

« Lis ça, tu comprendras ce que j’ai vécu.. »

Sous la menace continuelle d’être dénoncés par ceux avec lesquels il était obligé de traiter : les sinistres voyous des diverses officines de la Gestapo Française, il réussit à survivre, pour ne plus être après la guerre qu’un personnage apparaissant sporadiquement sous des identités sans cesse renouvelées..

C’est dans ces milieux qu’il trouva la plupart des partronymes des figurants de ses romans, aux titres de noblesse baroque comme les aimait tant l’insouciante avant-guerre : Rudy de Merode, jeune homme dévoyé, chef de bande de la « Gestapo de Neuilly »,

La Petite Bijou, héroïne d’un film de 1943 « Le Loup des Malveneurs », où apparait furtivement sa mêre, la comtesse Olinska,

http://images.chapitre.com/ima0/big1/231/6740231.jpg

une morphinomane, indicatrice de la police allemande.. et qui rêva de faire de sa fille la Shirley Temple du cinéma d’outre Rhin, avant de disparaitre, probablement assassinée par ses complices..

On y croise aussi l’ombre de Corinne Luchaire,

http://programmes.france3.fr/documentaires/IMG/arton437.jpg

...actrice déchue et qui traversa cette époque en insouciante de la jet set, sans jamais ne rien voir de tragique dans les amis de son pêre et son entourage immédiat..


On doit aussi à Modiano le scenario de Lacombe Lucien, premier film « grand public » à avoir abordé sans manichéisme cette époque..

Merci pour cet article..

gAZi bORAt


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