Gazi BORAT 25 novembre 2009 08:06

@ ARMAND

Modiano serait-il un écrivain maudit ?

Ses livres sont d’une lecture aisée mais s’il fallait leur attribuer une couleur, ce serait le gris.. A l’instar de ces « zones grises » qu’il évoque de temps en temps et qui sont ces endroits de Paris où un être déambulant sans but finit toujours par se retrouver.

Il ne se passe pas grand’chose dans ses livres ?

Peut être.. Car il se situe après les évènements. Ces personnages, dont certains sont célèbres : on y croise le Roi Farouk (qui n’est pas nommé) en exil, regardant inlassablement un film dans lequel il apparait du temps de sa splendeur et qui se fait plumer par une poule.. Sessue Hayakawa, caché urant lm’occupation pour ne pas être enrôlé par son pays dans ses guerres asiatiques et qui, ne tournat plus, tombera peu à peu dans l’oubli.

Ces gens aux noms étranges qui sont souvent les fantômes de la période de l’occupation et qui, derrière des occupations des plus banales, cachent un passé plutôt violent.

Sur « La Petite Bijou », une chaine cablée (Ciné FX) diffuse deux ou trois fois par semaine « Le Loup des Malveneurs », cette version française du « Wolfman » qu’immortalisa Lon Chaney.. Ceci hors programme, entre neuf et treize heures, pour combler leur trou dans la grille. On y trouve aussi Madeleine Sologne, moins figée et plus naturelle.. sans le « Blond extrème » Elizabeth Swartzkopf« que lui imposa le producteur allemand, comme à Jean Marais, pour faire revivre le mythe de Tristan et Isolde dans »L’Eternel Retour« ..

On peut ainsi y voir cette petite fille que Modiano fera vivre dans le roman éponyme quelques années plus tard.. et l’on y voit aussi, au début du film, sa mêre, au regard étrangement vide.. et dont la toxicomanie est plus que flagrante..

Sur ce monde trouble, un ouvrage incontournable et étonnant : »Les Comtesses de la Gestapo« de Cyril Eider

http://www.lefigaro.fr/livres/2007/02/01/03005-20070201ARTFIG90223-elles_dansent_avec_les_loups.php

On y croise même la mêre de Mourousi... D’après des recherches personnelles, je suis aujourd’hui persuadé que l’homme qui sauva le père de Modiano fut Eddy Pagnon, le chauffeur personnel de Lafont, ancien champion cycliste et ami d’André Pousse.. On le retrouve dans »Lacombe Lucien« , dans le rôle de celui que Lucien reconnait lorsqu’il arrive à la villa des gestapistes et s’exclame »Vous n’êtes pas... le champion cycliste«  ?

Croiser le livre d’Eider avec : »Mon père l’inspecteur Bonny«  

http://affaire.classee.free.fr/Seznec/Bonny/bonny.jpg

Ecrit par le père du comparse de Lafont, qui apparait dans Lacombe Lucien dans le rôle de »celui qui fut avant guerre un très grand policier« 

 »L’étrange Monsieur Joseph« de Boudard...

http://blog.lefigaro.fr/bd/L%27%C3%A9trange%20monsieur%20Joseph.jpg

....sur Joseph Joanovici, plus grosse fortune de cette époque, empereur des ferrailleurs de St Ouen.. Et qui habilla la »Légion arabe« de Lafont ..
 
http://a10.idata.over-blog.com/299x197/1/48/52/62/histoire/Tulle.jpg

...mais fournit aussi en arme le réseau de résistance »Honneur de la Police« qui le protégea au moment de l’épuration..

Et aussi, mais on rejoint là l’histoire du Milieu français, la biographie d’Abel Danos, second couteau de la rue Lauriston, immortalisé par Claude Sautet dans »Classe tout risque« sous le nom transparent d’Abel Davos

http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782213627274.jpg

Seul personnage positif de ces eaux troubles : Brahim, dit »Jo« Attia.. qui choisit, lui, la Résistance...

http://www.affaires-criminelles.com/images/livres/677.jpg

.. et que connut mon grand-pêre.

Peut-être Modiano n’a-t-il pas bénéficié pour ce téléfilm, d’un réalisateur capable de faire vivre son oeuvre... »Lacombe Lucien" bénéficia, lui, de Louis Malle et reste un chef d’oeuvre inégalé dans la production française de cette époque..

Sinon, Dora Brüder est un livre extraordinairement émouvant... et sur la précision des lieux, je vous rejoins.. Je m’étais amusé un dimanche à parcourir à Nice tous les lieux décrits par Modiano dans un de ses livres qu’il avait situé à Nice. Tout y était, minutieusement décrit.

Une scène d’un de ses ouvrages collerait avec l’actualité et nos actuels problèmes d’identité.

Celle où des personnages indéterminés sont à la recherche d’une propriété dans la campagne française, la voulant aussi typique que possible, traversent un village, sont pris de paranoïa parce qu’un caillou atterit sur le pare brise de leur DS... et aboutissent à une sorte de fantaisie asiatique bâtie en place du moulin rêvé par un ancien colonial nostalgique de l’Indochine française.. Ou l’impossible quête de l’ intégration par la propriété rurale.. et l’impossible enracinement dans la France profonde..

Il y a beaucoup à trouver sous l’apparente simplicité des romans de Patrick Modiano.. encore faut-il avoir le goût de cehercher..

gAZi bORAt



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