Sandro Ferretti SANDRO 14 décembre 2009 15:52

Il est incontestable que Camus avait un attachement viscéral et charnel pour l’Algérie, comme beaucoup de ceux qui allaient devenir les « pieds noirs » et en concevoir une nostalgie puissante et durable.

Votre proposition n’est donc pas un viol de sa mémoire (au moins sa mémoire littéraire, car pour le reste, je me méfie toujours de ceux qui font parler les morts).

Un bémol, cependant.
Sa relation avec l’Algérie était un peu sur le mode amour/ haine.
C’est la beauté charnelle du soleil, des plages, des filles, oui, mais aussi la noirceur et le deuil (l’enterrement de la mère de Meursault, mais surtout « le meurtre de l’arabe sur la plage »)
Bien que l’« Etranger » date de 1942, beuacoup ont prété à Camus une analyse prémonitoire de ce qui allait étre « les évènements » d’Algérie.
Et c’est vrai que quand on relit ces phrases aujourd’hui. ...

« J’ai compris que j’avais détruit l’équillibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux ».
Plus loin, quand il tire sur l’arabe de la plage :
« C’était comme 4 coups brefs que je frappais sur la porte du malheur ».

Le soleil algérien est chez Camus à la fois tentateur, aveuglant, favorable et funeste :

cf. durant le procès d’Assises de Meursault, où le Président l’interroge sur ses mobiles du meurtre : « c’est à cause du soleil, Mr le Président, j’ai été aveuglé ».
Cela fera rire les jurés, pas nous, avec le recul du temps.
Camus a toujours dit beaucoup en peu de mots.


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