Bonjour,
C’est une évidence : l’accessibilité numérique est aussi un marché, et en tant que prestataire sur ce marché, je serais très mal placé pour dire le contraire.
En revanche, évoquer le détournement de subventions à propos des aides données aux non-voyants pour s’acheter du matériel me semble tout à fait arbitraire et peu argumenté. Ce que vous dites pourrait s’appliquer à n’importe quelle subvention donnée à une entreprise privée, ou à n’importe quelle subvention donnée à une personne physique qui fait par rebond travailler des sociétés privées.
Soit ce que vous dites est pertinent, et vous remettez en cause le principe même de la subvention publique, soit c’est faux, et si un non-voyant demande une aide pour acheter un matériel, la société qui vend le matériel n’est pas à mettre en cause, au moins dans des termes aussi forts que ceux du détournement. Je le dis d’autant plus tranquillement que je ne vends pas de matériel de ce type
Vous posez également une question fondamentale : la volonté des non-voyants mais également de personnes souffrant d’autres déficiences (motrices ou cognitives) est-elle prise en compte dans les normes internationales ? Oui. Evidemment.
Et ce n’est pas parce que l’un des colloques organisé par Braillenet ne fait pas intervenir d’intervenants aveugles que cette association ne tient pas compte de leur avis.
N’ayant pas de proche souffrant d’un handicap visuel, c’est justement au sein de cet organisme que j’ai eu l’occasion d’échanger le plus longuement et dans un contexte professionnel avec des non-voyants (des experts accessibilité en formation, notamment).
En revanche, si cette association invitait à chaque colloque un non-voyant pour prouver la pertinence de ses propos, oui, ce serait carrément un alibi.
Et si vous posiez la question à mes collègues non-voyants, vous seriez peut-être surpris d’apprendre que la majorité d’entre eux préfèreraient sûrement ne pas être considérés quand ils interviennent dans ce type de colloque comme « l’aveugle de service ». Je me trompe peut-être mais mon petit doigt me dit que dans un colloque comme en face d’un site web les non-voyants veulent simplement qu’on les traite à égalité avec les autres.
Personnellement, si l’intervention d’un non-voyant est pertinente dans tel ou tel contexte, notamment en termes de démonstration et de retour d’expérience, c’est très bien. Je n’étais pas à ce colloque, mais vu ce que vous dites du programme, je peux vous dire que le public non-voyant n’était pas si loin que vous le croyez. J’ai toutes les raisons de penser que ceux qui ont aprlé ce jour là connaissent très bien les non-voyants (ou d’autres personnes handicapées), tout simplement parce qu’ils travaillent avec eux tous les jours.
Pour élargir le débat, nous nous battons chaque jour pour expliquer que l’accessibilité numérique ne concerne pas que les aveugles. Je vous conseille de lire l’article que j’ai rédigé il y a quelques temps avec Laurent Denis.
http://openweb.eu.org/articles/accessibilite_numerique_pourquoi/
Et si le marché de l’accessibilité se développe, tant mieux, je vais gagner des sous, je vais éviter à mes clients d’en perdre stupidement à faire des refontes couteuses ou à payer de l’hébergement pour rien, et je participe à la normalisation du Web et donc à l’interopérabilité de ses contenus.
Quand je le fais pour des clients publics, je contribue à des économies d’argent public qui peut aller où, hein, hein, je vous le demande, eh bien où vous voudrez, mais un bout ira peut-être à l’intégration sociale des personnes handicapées (elles sont TRES nombreuses) et des autres, aussi.
Si vous voulez opposer la logique de marché avec la déontologie dans ce domaine, il faut bien savoir que les enjeux et les mécanismes sont bien plus complexes qu’il n’y parait.
En tous cas, la meilleure nouvelle, c’est que les gens ont enfin l’air de s’y intéresser. C’est un bon début.
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