Tzecoatl Tzecoatl 23 décembre 2009 11:08

"Justement, votre remarque raccroche tout à fait au point précédent. Les gens gobent à peu près tout ce qu’on leur envoie, de la moindre théorie du complot au truc sérieux et se font un mix personnel de croyance à partir de la bouillie informative qu’on leur balance. Ce qui fait une telle gloubiboulga de croyance personelles que l’on n’arrives plus à s’entendre... "

Et bien, les penseurs du XVIIème ont dès lors encore un bel avenir devant eux, puisque l’on a fini par écrire la Raison avec un grand R à cette époque, et encensé de façon concomittante la critique à la même époque.

Oui, l’éclectisme que vous reprochez rend le consensus moins facile. Il n’empêche que cela reste lisible. 

On ne s’y perd pas encore complètement entre développement durable, économie équitable, libertarianisme, minarchisme, anarcho-capitalisme, écologisme, sociétalisme, alter-mondialisme, décroissantisme, etc, etc.

"Je n’ai jamais dit le contraire si vous me relisez, il peut y en avoir plusieures et elles peuvent même être contradictoires sur certains points. « 

Les contradictions entre elles viennent des différences de finalité qu’elles poursuivent, et donc des heurts entre elles, il me semble. Et de leurs limites si elles confinent de trop à l’hégémonie, comme l’a bien souligné Marx pour le capitalisme.

Bref, des idéologies raisonnées assurent certainement mieux leur pérénnité.

 »Vanter l’innovation est une idéologie en soit. En voici même la version Ayatollah : 

Si vous croyez que le paradis sur terre peut être atteint par l’homme via l’innovation technologique, alors vous appartenez à une idéologie. 

Vous croyez surement alors que la gouvernance du monde devrait se faire en fonction des seules compétences techniques, tout autre compétence étant inutile. 

Dans un tel monde, la connaissance est le pouvoir. Et pour que la connaissance arrive chez les plus compétents, il importe qu’il n’y ait aucune barrière d’aucune sorte à sa circulation. Toute information doit être libre. 

Si vous avez le pouvoir dans ce monde, vous n’aurez à respecter aucune convention sociale d’aucune sorte car vous aurez la connaissance technique en main. Vous pourrez arriver en jean a une réunion de businessmen, vous pourrez adopter un mode de vie excentrique, mais les gens vous respecterons car vous avez la connaissance et donc le pouvoir. 

La carricature que je viens de faire, vous la trouverez en cherchant bien autour de vous. Un nombre de plus en plus important de personnes croient en ça, de façon plus ou moins extrémistes. « 

C’est vrai, Bruxman. C’en est une. C’est la solution au chômage, à la crise, disent nos hommes politiques et économiques.

Mais bon, on commence à la connaitre, car elle est surtout supplétive des limites de l’ultra-libéralisme, et l’écologie lui est opposée sur de nombreux points.

Bref, les excès d’une idéologie sont corrigés par une autre, pas par elle-même.

 »Le libéralisme n’est pas incompatible avec l’idéologie exprimée plus haut. Et c’est parce que cette idéologie d’élévement de l’homme par la technologie est de plus en plus dominante que l’on a le libéralisme économique. Il est d’une certaine façon une condition nécéssaire à une société technologique ou rien ni personne ne doit entraver la prise de pouvoir par ceux qui détiennent le savoir technique. 

Regardez l’ascension de Microsoft, Google, Cisco, ... Des empires crées en seulement quelques années. Et plus que jamais le capital se bat pour investir dans l’innovation. Parce que c’est la nouvelle idéologie du moment..."

Rappel salvateur.

Il est vrai que le pouvoir de fascination de la technologie ne donne pas énormément de voix au chapitre à ses laissez-pour-comptes, ou ses victimes. Et elles sont nombreuses : la singularité serait déjà un fait, sous des formes atténués, je dirais. Mais elle reste encore au stade où un individu privilégie l’exercice de sa fascination et soif de connaissance contre un peu de casse humaine. L’humaniste, qui privilégie le savoir, connait ce dilemne.

Mais cette idéologie connait aussi les limites de ses excès (contradiction en terme marxiste), toujours la singularité que vous évoquiez plus haut.


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