Christian Delarue Christian Delarue 3 février 2010 08:27

La méritocratie a une base républicaine et libérale.

La méritocratie distribue les affectations sur les emplois et les postes selon le système de la qualification qui reconnait nationalement la compétence et non au niveau de l’entreprise. La qualification procède d’un système de reconnaissance de type républicain car les diplômes requis sont uniformes et nationaux et quand il y a concours ils sont uniformes et neutres au sens ou l’identité des postulants est masquée du moins pour les écrits. Les conditions de présentation sont les même pour tous.

Il peut y avoir des règles d’équivalences pour les diplômes étrangers mais dans la fonction publique il faut être de nationalité française. Plus que sur une base démocratique puisque le peuple n’y intervient pas c’est sur une base aristocratique et libérale que s’effectue les choix. Aristocratique car on prend le meilleur, libéral car il y a mise en concurrence des candidats. Le mécanisme est donc a la fois égalitaire et sélectif ; ouvert à tous à l’entrée mais très fermé à beaucoup à la fin .

L’emprise du système capitaliste se perçoit au fait que le système ne donne pas un diplôme à tous - un niveau minimal devrait donner une qualification minimale - et un emploi à tous - les emplois au bas de la division sociale et technique du travail devrait être pour les qualifications basses. Tous français et immigrés devrait donc avoir un bagage minimal de lecture et de calcul et tous devrait avoir un emploi de base ne nécessitant qu’une faible qualification . La catégorie D devrait être réouverte dans la fonction publique. Le dispositif de sélection devrait servir surtout à la distribution des cadres sur la chaine de la division du travail. En bas de la chaine, l’emploi devrait être massif. Dumoins dans une société socialiste de RTT.

On voit que l’école n’est pas « hors sol » mais inscrite au cœur du système capitaliste. Elle a donc nécessairement marques, des limites dans sa portée égalitaire-républicaine . L’école républicaine est victime d’une dégénérescence libérale et marchande. Au lieu de renforcer l’école républicaine pour y accroitre les chances de tous les libéraux font le contraire en y introduisant des mécanismes marchands.

A l’inégalité des chances s’ajoute l’inégalité de l’argent . L’école devient chère alors que le nombre d’élève par classe augmente. L’offre scolaire montre des classes pour les riches et des classes pour le peuple. Soucieuse de satisfaire la demande des couches moyennes et riches l’école républicaine ne porte pas assez son attention sur les élèves en difficulté et sur ceux qui ne disposent pas d’une transmission familiale de la culture littéraire ou scientifique. Du coup les inégalités éducatives des enfants s’accroissent : 9 % de nos concitoyens seraient illettrés, 150 000 jeunes ­ soit 20 % d’une génération ­ sortent chaque année de l’école sans diplôme, et le taux de bacheliers stagne autour de deux tiers d’une classe d’âge. Au surplus, chacun sait que cette fracture est socialement polarisée : les deux tiers des enfants d’ouvriers sont en retard à l’issue du collège contre à peine plus de 10 % des enfants de cadres supérieurs ; les mêmes enfants des milieux populaires ont 27 fois moins de chances que ceux des classes aisées d’intégrer une grande école (ENS, ENA, HEC ou Polytechnique), proportion dramatiquement stable depuis les années 50...

Christian Delarue


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