sisyphe sisyphe 18 mars 2010 09:13

Quels remèdes ?

Devant ce désastre persistant, les remèdes qu’il faut apporter au plus vite découlent directement de l’analyse des causes que nous venons de résumer.
Il faut conduire, dans les pays du Sud, des projets de développement agricole durable bien ancrés dans les populations, appuyés par des réseaux locaux d’entretien du matériel agricole et des systèmes de formation pour les paysans, de façon à faire progresser les pays pauvres vers la suffisance alimentaire.
Deuxièmement, et c’est tout aussi important, il faut créer des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, là où elles sont largement ou totalement déficientes. Il sera ainsi possible d’acheminer rapidement la nourriture vers les zones frappées par la famine.
En troisième lieu, ce qu’on appelle aujourd’hui « la bonne gouvernance » est un élément crucial pour une solution durable du problème. Les dictatures prédatrices vivant aux dépens de leur population comme en Corée du Nord, au Zimbabwé ou dans bien d’autres pays d’Afrique, les guerres civiles trop souvent suscitées ou appuyées par les pays voisins, comme on l’a tant vu en Afrique Centrale ou de l’Ouest, et comme on le voit ces jours-ci au Tchad, sont évidemment destructrices. Les pays développés et les organisations internationales doivent avoir des exigences en matière de démocratie et de protection des droits de l’homme et de la règle des droits, et les faire prévaloir malgré les arguments trop souvent mis en avant de la « Real Politik » - c’est-à-dire du cynisme à l’état pur - ou d’un « anticolonialisme » mal compris.
Enfin - c’est la touche positive dans ce sombre tableau ! -, les progrès technologiques en cours offrent des promesses tout à fait intéressantes, à condition de bien vouloir accepter ces fameuses OGM ; les écologistes qui se prétendent tiers-mondialistes ont grand tort de les refuser par principe. On connaît les exemples des espèces nouvelles de riz enrichies en vitamines ou à période de croissance court (riz doré, Nerica), du maïs dopé contre la sécheresse, des bananes résistant aux champignons ou des plantes résistant à la salinité, etc. Le problème est que, comme en matière de santé, les efforts de la recherche ont tendance à se concentrer sur les productions rentables plutôt que sur les « maladies orphelines » ou sur l’amélioration des rendements de productions agricoles typiques du tiers monde. Là aussi nous devons faire un effort pour encourager la recherche sur ces produits (le riz, le sorgho, le manioc, la patate douce...) particulièrement adaptés aux besoins des populations démunies.

Ce combat n’est pas vain. Nous pouvons même être pratiquement certains que la famine sera définitivement vaincue au cours de ce siècle. Mais selon l’implication et les efforts de chacun, cette victoire contre la faim peut se situer en 2030 ou en 2080. Entre ces deux dates, il y a cinquante ans - soit au rythme actuel de la mortalité pour cause de famine (25 000 personnes par jour), plus de quatre cents millions de morts.


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