sisyphe sisyphe 1er avril 2010 16:39

... la suite ...

Faire disparaître les quelques injustices qui perdurent ne sera pas chose
aisée. En effet, ces injustices semblent indissociables d’un système qu’il serait
très difficile de réformer radicalement du point de vue politique et économique,
sans compter que les réformes complémentaires éventuelles pourraient avoir
des effets contre-productifs et limiter le bénéfice final. On aura retenu que la
majorité des Chiliens défendent le principe de solidarité, mais que la moitié
d’entre eux ne sont pas disposés à sacrifier leur avantage personnel pour l’intérêt
général, ce qui suppose un risque de résistance politique.
Il convient en tous les cas de garantir encore plusieurs droits et de prendre
certaines mesures :

a) élargir progressivement la liste des pathologies couvertes
par le plan AUGE et veiller à ce que l’ensemble de la population bénéficie véritablement
des garanties ainsi instaurées ;

 b) mettre en application sans attendre
les programmes visant l’incorporation des indépendants et prendre des
mesures concrètes pour assurer l’exécution de l’obligation d’affiliation instaurée
par la loi ;

c) veiller par l’intermédiaire des surintendances que les AFP et les
ISAPRE appliquent la législation, en faisant en sorte d’empêcher la sélection
des risques dans le cas des ISAPRE ;

 d) développer les crèches et veiller à ce que
l’allocation de maternité ne tende plus à favoriser les revenus supérieurs ;

e) éliminer
les « free riders », et concentrer les ressources de l’Etat sur ceux qui en ont
vraiment besoin en utilisant la « fiche de protection sociale » et des méthodes
plus efficaces encore à définir ;

f) veiller plus étroitement encore à la rémunération
des établissements publics pour les services rendus aux assurés des
ISAPRE, et supprimer l’exonération d’impôt touchant les cotisations et les participations
aux frais versées à ces institutions ;

et g) assurer la participation effective
des citoyens à la gestion de l’assurance maladie en renforçant les conseils
consultatifs des usagers et assurer de même la participation des travailleurs et
des retraités à la gestion du système de retraite par l’intermédiaire de la Commission
des usagers.
Il est essentiel de compléter les connaissances très incomplètes des citoyens
en ce qui concerne l’assurance maladie et les retraites, lacunes mises en
évidence par les enquêtes relatives à la protection sociale.

 Selon ces enquêtes,
79 pour cent des assurés des AFP ne savent pas quelles sont les conditions régissant
l’accès à la pension minimale (54 pour cent des intéressés croient qu’elle est
réservée aux personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté), 60 pour cent
d’entre eux ignorent le montant de leurs prélèvements mensuels, 56 pour cent ne
connaissent pas le solde de leur compte individuel, et 11 pour cent seulement savent
que leur rente est calculée sur la base de ce montant. Les femmes sont encore
moins bien informées que les hommes (EPS, 2004, 2006 et 2008). Les
sondages sur l’assurance maladie montrent que 45 pour cent des personnes interrogées
ne connaissent pas le contenu des lois relatives à la réforme, que
58 pour cent d’entre elles disposent de notions générales très limitées sur la question,
35 pour cent de notions élémentaires, 2 pour cent de notions solides, alors
que 5 pour cent se déclarent sans opinion.

 La moitié des personnes interrogées
savent que le plan AUGE concerne aussi bien le FONASA que les ISAPRE et,
parmi ceux qui font état de difficultés dans sa mise en oeuvre, 81 pour cent citent
une information lacunaire (Surintendance de la santé, 2007b). Le fonds pour
l’information sur les retraites est appelé à jouer un rôle fondamental auprès des
usagers, et il conviendrait d’envisager l’élargissement de son mandat avec la
question de l’assurance maladie ou de créer pour cet aspect un fonds parallèle.
Le fonds devrait diffuser sous une forme simple et facile d’accès des informations
sur les nouveaux droits consacrés par la loi sur la réforme et préparer un
comparatif de la performance des AFP (et des ISAPRE) tenant compte du coût,
des rendements, etc. Il devrait aussi simplifier davantage le relevé de compte individuel
remis périodiquement à l’assuré (« la cartola »). Au Mexique, la Surintendance
offre aux assurés une petite calculatrice qui permet de connaître le
montant mis de côté et d’estimer, compte tenu de cette somme et du salaire,
le niveau de la rente qui sera perçue au moment de la retraite
.
Pour abolir les inégalités de financement qui perdurent, il conviendrait
de supprimer, ou du moins de diminuer, les subventions versées aux régimes
d’assurance maladie et de retraite des forces armées ou de contraindre leurs
membres à rejoindre le système général.

 Une telle réforme ne pourrait aboutir
cependant que si le recul du pouvoir des militaires déjà amorcé se poursuit. Si
le patronat ne contribue pas suffisamment au fonds d’épargne collectif 18, il
conviendrait d’envisager une cotisation obligatoire au système de retraite et,
dans un souci de solidarité, d’affecter au FONASA une partie de la cotisation
de 7 pour cent des assurés des ISAPRE.

Cependant, la réduction significative
des écarts de revenu supposerait une action d’ordre fiscal
Pour lutter contre les injustices qui affectent les femmes et découlent du
marché du travail, il faut dûment mettre en oeuvre le droit applicable – notamment
le principe « à travail égal, salaire égal » –, mais aussi promouvoir le travail
des femmes et leur perfectionnement professionnel par la formation. La promotion
des crèches et les autres mesures présentées ci-dessous pourraient
contribuer à la réalisation de ces deux objectifs (des mesures complémentaires
sont évoquées dans Montecinos, 2006).

En 2007, la Présidente Michelle Bachelet a constitué le Conseil consultatif
du travail et de la justice sociale, organe composé de 48 membres issus de tous
les horizons et chargé de « réfléchir aux grands problèmes en matière de politique
sociale ».

Dans le rapport qu’il a rendu en mai 2008, le Conseil indique que
« le système de protection sociale [vise] à réduire les situations de vulnérabilité »,
et il conclut qu’« il faut renforcer la justice sociale » des systèmes d’assurance
maladie public et privé
(Consejo, 2008, pp. 4-5).

 Cependant, les auteurs n’abordent
pas les problèmes examinés dans la présente étude, sans doute parce qu’ils
estiment que les réformes des gouvernements démocratiques présentées ici les
ont amplement réglés. Ils proposent cependant plusieurs mesures intéressantes
à cet égard :

a) octroi de subventions publiques aux revenus des salariés du quintile
inférieur de la répartition des revenus à due concurrence d’un plafond prédéfini ;

b) octroi d’allocations visant les enfants du quintile inférieur ;

c) création
de crèches financées par les impôts généraux (pour les enfants de moins de deux
ans), subvention du salaire des femmes au retour du congé de maternité et perfectionnement
professionnel des femmes en cours d’emploi ;

et d) instauration
d’un Conseil de concertation économique et sociale chargé d’examiner notamment
la situation du marché du travail (Consejo, 2008).

Force est de constater que les progrès accomplis en matière de protection
et de justice sociales au Chili sur les quelque vingt années écoulées depuis la restauration
de la démocratie sont considérables
. Le maintien de la croissance économique
et les avancées de la justice sociale sont gages de lendemains meilleurs
pour le Chili.

Donc, pour résumer, la situation va mieux au Chili, depuis la restauration de la démocratie, et, sur le plan de la santé, grâce à l’action de l’état  ; tant par des subventions au système privé (ISAPRE), que par son intervention par l’intermédiaire du service PUBLIC : FONASA

Allez, Lucilio, encore un petit tour de piste...
 smiley


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