Francis, agnotologue JL 5 mai 2010 12:44

"Le 10 septembre 2001, Donald Rumsfeld convoqua une rarissime « assemblée paroissiale » et fit un discours pour les employés du Pentagone. Le discours qu’il prononça devant des centaines de cadres supérieurs (… ) fût peut-être le plus extraordinaire jamais prononcé par un secrétaire de défense des Etats-Unis. Ce discours commença ainsi :

« Le sujet d’aujourd’hui est un adversaire qui présente une menace grave pour la sécurité des Etats-Unis : je veux parler de l’un des derniers bastions de la planification centrale (...) L’adversaire en question vous fait penser à l’ex-URSS, mais cet ennemi n’est plus. Aujourd’hui nos ennemis sont plus subtils et implacables. (…) L’adversaire est plus près de chez nous : il s’agit de la bureaucratie du Pentagone.

Il avait déjà donné à ses principaux adjoints, l’ordre de passer au peigne fin le secrétariat de la défense pour cerner les fonctions qui pourraient être exécutées mieux et à meilleur coût par des sous-traitants.

Après le discours, bon nombre d’employés du Pentagone s’en prirent au fait que l’audacieuse vision de Rumsfeld se heurtait à un petit détail : la Constitution des US établissait clairement que la sécurité nationale relevait du gouvernement et non d’entreprises privées. « J’étais sûr qu’un tel discours allait lui coûter son poste » me dit ma source (C’est NK quiparle).

Par une extraordinaire coïncidence historique, l’émission CNN Evening News de ce soir-là présenta une brève intitulée : « le secrétaire à la Défense déclare la guerre à la bureaucratie du Pentagone. »"

Le lendemain matin 125 employés du Pentagone furent tués et 110 blessés, des hommes et des femmes que Rumsfeld avait présentés comme des ennemis de l’Etat moins de 24 heures plus tôt.

(Naomi Klein, « La stratégie du choc » pp345, 346)

 


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