easy easy 10 juillet 2010 16:24

J’aime bien ce genre d’article. Il offre quelques bases pour s’interroger, une fois de plus sur la voie que nous empruntons.

Quelques intervenants ont évoqué le Vietnam. Il se trouve que j’y ai vécu 10 ans et que -ma grand-mère ayant une plantation de thé à Di-Linh- j’ai beaucoup fréquenté les montagnards (globalement appelés Moïs alors qu’ils sont 53 ethnies parfois très différentes de moeurs, de langue et d’allure).

Mes oncles aiment beaucoup les fréquenter dans leurs villages de montagne où, à l’évidence, ils cherchaient à se protéger de l’Etat, des Etats de toutes sortes, de toutes origines (coloniale, française, US, vietnamienne, mais chinoise aussi autrefois). Passer une journée en leur compagnie c’était vivre un dépaysement total où tout semble devenir saisissable.
Bien des choses semblent nous échapper quand nous sommes dans le bain de l’étatisme (dont le communisme) alors que quand on est dans un clan de quelques dizaines de personnes, tout est là, à portée d’entendement. La communication est directe et les effets de ce que l’on dit sont immédiatement perçus. On est dans le fini pas dans les infinis (ça vaut pour les gratifications comme pour les condamnations). C’est justement dans les sociétés étatiques par exemple religieuses ou fruit d’elles, qu’un individu se retrouve avec une charge infamante démesurée, infinie et insupportable (ce qui conduit à la dépression et au suicide)


Mais se pose très vite la question de la mort, de la mort prématurée donc de la maladie.
Comment, alors qu’on peut bénéficier de l’infini des soins et échapper à une leucémie dans notre système étatisé, pourrions-nous avoir encore envie de vivre sans organisation centrale forte ? J’ai un mal fou à renoncer à notre qualité de soins. Pour y renoncer -contre les avantages d’une vie sans Etat- je ne vois que la formule du fatalisme qui a prévalu pendant des millions d’années partout dans le Monde. On est malade ? on en meurt ? on meurt de mettre au monde ? ben tant pis, inc’h Allah. Sans ce fatalisme, on ne peut pas en revenir à la vie primitive.

Ensuite, mais ça tombe sous le sens et c’est globalement plus grave que la question des soins à la personne, arrive la question de l’impuissance devant les Zotres, les gros, ceux qui ont préféré s’organiser en Etat et qui ont des armées avec plein de guns et de bombes. Le problème s’est posé à tous les primitifs du Monde quand les envahisseurs sont arrivés avec leurs armes à feu. Que faire, s’accrocher mordicus à notre simplicité et fatalement finir exterminés, ou s’imprégner de la culture du colonisateur, apprendre à décoder sa langue, apprendre son droit pour résister plus longtemps en n’étant déjà plus tout à fait un natif ?


Il me faut tout de même conclure, quoi qu’en dise Flaubert. Quand on est déjà dans un système étatique, il ne faut pas en sortir. Mais dans un coin de sa tête, on doit garder de la considération pour tous ceux qui, en toute intelligence, résistent à l’Etat jusqu’à leur extinction.

















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