Francis, agnotologue JL 1er août 2010 09:27

Cher Lisa Sion, je note que j’ai été remarqué par le ci-dessus commodus, un petit nouveau. A moins que ce sois une « renaissance » suite à une perte de crédibilité antérieure : le fait qu’il semble bien me connaître me ferait pencher pour cette deuxième hypothèse. Peu importe, je lui dédie ce petit florilège :


Ubu, public privé Les vertus oubliées de l’activité non marchande  : « Faisant un détour par John Maynard Keynes et par Karl Marx, Jean-Marie Harribey s’attache à déconstruire les idées banalisées du libéralisme, telles que « c’est l’activité marchande qui paie le non-marchand », ou encore « c’est le consommateur qui crée la valeur ». En renversant complètement les données (autrement dit, en remettant ces idées sur leurs pieds), il montre, par exemple, que « les travailleurs des services non marchands produisent le revenu qui les rémunère ». L’économie n’est pas un jeu à somme nulle où ce que produit l’un est pris sur l’autre. Et la richesse socialisée n’est pas moins richesse que la richesse privée, au contraire. » « Pour évacuer l’idée que le financement d’une activité non marchande proviendrait d’un prélèvement sur le fruit de l’activité marchande, plaçons-nous dans une hypothèse irréaliste aujourd’hui, mais qui vaut pour la logique d’un raisonnement « à la limite », dans une perspective dynamique. Supposons que la sphère non marchande s’élargisse progressivement et que le paiement des biens et services qui y sont produits soit socialisé par l’impôt. Si la part de cette sphère dans la production totale tendait vers le maximum de 100 %, il serait impossible de considérer que son financement est assuré par un prélèvement sur une sphère marchande en voie de disparition. »… "Ainsi, dans toutes les sociétés capitalistes contemporaines, se combinent principalement trois formes de mise en œuvre des capacités productives. La première, dominante, concerne le travail salarié qui aboutit à une production de valeur marchande destinée à grossir le capital. La deuxième concerne le travail salarié dans les administrations produisant des valeurs d’usage monétaires bien que non marchandes (éducation et santé publiques). Enfin, il existe un troisième pan de l’activité humaine, dans la sphère domestique ou dans le domaine associatif, dont le produit est non monétaire. L’idée soutenue ici est que les deux dernières ne sont pas nées d’une soustraction au produit de la première, ni à celui du travail indépendant. ...

Pour renvoyer le discours libéral au musée des idéologies  : L’expression « les impôts financent les dépenses publiques » est trompeuse. L’ambiguïté provient de la confusion entre financement et paiement. La production capitaliste est financée par les avances de capital en investissements et salaires, avances dont la croissance sur le plan macroéconomique est permise par la création monétaire ; et les consommateurs paient. Quel rôle joue l’impôt vis-à-vis de la production non marchande ? Il en est le paiement socialisé. Le contribuable ne « finance » pas plus l’école ou l’hôpital que l’acheteur d’automobile ne « finance » les chaînes de montage d’automobiles. Car le financement est préalable à la production, que celle-ci soit marchande ou non marchande. Et le paiement, privé ou socialisé, lui est postérieur. Enfin, l’activité productive supplémentaire engendre un revenu et donc une épargne supplémentaire qui vient s’ajuster à l’investissement déclencheur, tant privé que public. Il convient donc d’apporter une réponse logique à un problème d’ordre également logique : l’économie capitaliste étant une économie monétaire, pourrait-on effectuer des prélèvements sur une base qui n’aurait pas encore été produite et, pis, qui devrait résulter de ces prélèvements ? Puisque c’est logiquement impossible, le retournement s’impose : la production non marchande et les revenus monétaires qui y correspondent précèdent les prélèvements. Autrement dit, et c’est là le point crucial pour renvoyer au musée des idéologies le discours libéral : les travailleurs des services non marchands produisent le revenu qui les rémunère. ...

il y a deux impensés dans l’idéologie libérale.  : Premièrement, ce sont les travailleurs du secteur capitaliste — et non pas les consommateurs — qui créent la valeur monétaire dont une partie sera accaparée par les capitalistes, et ce sont les travailleurs du secteur non marchand — et non pas les contribuables — qui créent la valeur monétaire des services non marchands….l’économie capitaliste est un circuit dont les deux actes fondateurs sont la décision privée d’investir pour produire des biens et des services marchands et la décision publique d’investir pour offrir des services non marchands. Autrement dit, les « prélèvements obligatoires » sont effectués sur un produit intérieur brut (PIB) déjà augmenté du fruit de l’activité non marchande.

 

 

« Majoritairement opposés aux OGM, les consommateurs n’ont donc pas la liberté de choisir entre des produits avec ou sans OGM et cautionnent ainsi malgré eux le développement de ces cultures dans le monde ». Guide pour un noël sans OGM

 

« … les identifications basées sur la race interfèrent avec l’idéal capitaliste de base selon lequel les gens devraient être disponibles juste comme consommateurs et producteurs, des engrenages interchangeables qui achèteront toute la camelote qui est produite : c’est à cela qu’ils servent en fin de compte, et toute autre propriété qu’ils pourraient avoir est plutôt inintéressante – et même une nuisance d’habitude. » Noam Chomsky, (1989) là 

 

La politique de l’offre s’adresse à des consommateurs qui ont déjà tout et qui par définition sont solvables alors que la politique de la demande s’adresse à des gens qui n’ont rien ou peu et qui par définition sont peu solvables. Il est clair que la première est plus lucrative et intéresse davantage les actionnaires que la seconde. Il est clair aussi que la première est aux inégalités ce que poule est à l’œuf. Enfin il est tout aussi évident que c’est cette politique qui conduit au gaspillage et à la pollution pendant que la misère continue de faire des ravages.

Exemple de produits absurdes que génère la politique de l’offre : les OGM, les produits financiers, la dernière console Hi Tech qui rend obsolète celle que l’on a acheté quelques mois avant ….

Je n’ai pour ma part, et depuis longtemps, constaté que des mesures en faveur de la politique de l’offre. Le résultat en est que la part de la rémunération du travail a baissé de 15% pendant que la rémunération du capital augmentait de 33% .
Autrement dit, si globalement, avec la croissance, le pouvoir d’achat du travail a stagné, en revanche, celui du capital a augmenté de 50%. Ceci explique pourquoi ils s’agitent en criant « croissance, croissance comme des cabris » : c’est parce que s’il n’y avait pas de croissance, ce hold-up serait impossible, les travailleurs ne le supporteraient pas.


« L’histoire bling-bling est une histoire de consommateurs, pas une histoire de citoyens. L’histoire bling-bling brille mais n’éclaire pas ». L’adhésion contre la réflexion.

 


Edward Bernays : la fabrique du consentement ou comment passer du citoyen au consommateur. « Sous la gouverne de celui-ci, 87 villes américaines établirent un programme de fluorisation de l’eau, c’est-à-dire que les fonds publics servaient (et servent encore) à ACHETER un déchet toxique dont l’élimination était très coûteuse et à l’inclure dans l’eau potable consommée par la population.... Il s’offusqua à la nouvelle que Goebbels possédait toutes ses œuvres et se serait largement inspiré de son travail pour ériger sa propagande » http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=33487

 

Les grands pollueurs ont tout intérêt à ce que le « développement durable » soit avant tout un problème de responsabilisation du consommateur-citoyen, faisant ainsi de la pollution un problème de manque de civisme et de la consommation une solution : la meilleure façon de protéger la nature, c’est encore de consommer… Et le consommateur n’a plus que l’embarras du choix : entre Leclerc et Carrefour, lequel soutenir de son acte d’achat « écologique » et « éthique » ? Quelle enseigne oligopolistique vouée à la consommation de masse, poussant au productivisme, au dumping social et aux délocalisations, jetant sur les routes un flux exponentiel de camions, est la plus engagée sur la voie du « développement durable » ? (lien)

 

Cher Lisa, ne croyez-vous pas que je mérite d’être « remercié » pour ma contrubution ?

Ps : à part un §, le reste n’est pas de moi, j’en ai cité les auteurs : c’est libre de droit !

 smiley


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