Carlo Revelli Carlo Revelli 17 mars 2006 13:27

Merci Laurent pour votre article.

Je suis d’accord avec pas mal d’éléments de votre analyse à commencer par la complémentarité entre médias traditionnels et médias citoyens.

Votre vision des choses correspond assez bien à la réalité d’AgoraVox au jour d’aujourd’hui. J’en conviens avec vous, environ 9 mois après son lancement, AgoraVox ne publie pas suffisamment d’éléments factuels et inédits par rapport à ce que j’avais prévu. En revanche, nous avons eu beaucoup d’analyse parfois de très haute qualité qui ont été même reprises dans la presse.

Mais à mon avis ce n’est qu’une question de temps. D’une part, le réseau des « capteurs » (les citoyens reporters) n’est pas encore suffisamment étendu pour remonter régulièrement des faits inédits (même si nous avons 2.600 rédacteurs inscrits, OhMyNews en Corée du Sud en a plus de 40.000 !). D’autre part, la démocratisation des NTIC n’est pas encore entièrement accomplie en France même si la pénétration du haut débit est impressionnante et que les « outils » du reporter citoyens se répandent de plus en plus (caméscope, portable avec appareil photo ou caméra, ordinateurs portables...). Dans cette logique nous venons aussi de lancer « AgoraVox Tv » : http://www.agoravox.fr/video.php3

Bref, je pense qu’il faut que le « maillage » d’AgoraVox progresse et que les outils de « capture » se démocratisent encore plus pour qu’AgoraVox puisse sortir davantage d’informations inédites. Et surtout que les citoyens commencent à comprendre qu’ils peuvent être des reporters ou des capteurs d’informations pour un média citoyen. A ce jour, je pense que 99% des français ne savent même pas ce qu’est un média citoyen et donc ignorent qu’ils peuvent y contribuer. Cela dit, nous avons déjà publié un certain nombre d’informations inédites ou peu reprises dans la presse même si elles sont « noyées » au milieu d’articles d’analyse ou d’opinion.

L’avenir nous dira si je me trompe ou pas, mais je pense réellement ce que j’ai écrit dans la politique éditoriale, à savoir qu’un des objectifs d’AgoraVox est de publier des actualités concernant des évènements ou des faits objectifs, vérifiables et autant que possible inédits.

Ainsi, contrairement à ce que vous dites, je pense qu’un média citoyen peut « sortir » des informations que la presse traditionnelle ne donne pas. Pour une raison très simple : aucune agence de presse ou aucun média ne dispose d’un réseau de correspondants aussi étendu qu’un réseau de citoyens. Aucune agence de presse ou aucun média ne peut avoir un correspondant au pied de chaque immeuble....

En conclusion, je suis d’accord avec votre analyse sur l’état actuel des médias citoyens et d’AgoraVox mais pas avec votre vision à terme.

Ainsi, en reprenant votre exemple, il est vrai que si aujourd’hui vous publiez une info inédite sur une évènement qui a eu lieu dans la région de Grasse on aura du mal à la vérifier si personne d’autre n’en parle. Mais si le réseau des bloggeurs et des correspondants citoyens s’étend et le maillage s’intensifie alors quelqu’un d’autre qui est dans votre région pourrait facilement valider ou invalider votre information. Sans parler des vérifications habituelles faites par les rédacteurs et les veilleurs via Internet ou les croisements sur l’auteur.

En ce qui concerne la vérification des informations soumises sur AgoraVox elle s’effectue à trois niveaux. Elle est décrite d’une manière assez détaillé dans la présentation du projet dont voici un extrait : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=61

"Cela dit, nous sommes conscients qu’une initiative comme AgoraVox augmente les risques de désinformation, de déstabilisation, de manipulation ou de propagation de rumeurs. Pour cette raison, nous pensons qu’il est indispensable de disposer d’un comité de rédaction d’un nouveau type qui puisse agir en tant que « filtre ». L’information soumise est donc modérée pour éviter toute dérive politique ou idéologique. Vu la spécificité d’AgoraVox le comité de rédaction n’est pas calqué à l’identique sur le comité classique d’un journal. Pour cette raison, il est constitué par certains rédacteurs indépendants qui ont souhaité participer mais aussi par des experts en veille et recherche d’information de la société Cybion. Tous les modérateurs sont chargés de voter individuellement chaque article en fonction de son actualité, de sa pertinence, et surtout de son originalité.

Mais au-delà des vérifications effectuées par les rédacteurs et les veilleurs, AgoraVox prône un processus d’intelligence collective pour fiabiliser les informations mises en ligne. Ce processus se base sur les commentaires des lecteurs. Dés qu’un article est publié, tout lecteur peut intervenir librement pour le commenter, le critiquer, le compléter, l’enrichir ou le dénoncer. L’auteur et la rédaction peuvent interagir ainsi avec les lecteurs afin de compléter et améliorer l’article. Comme le dit le journaliste bloggeur Dan Gillmor, "mes lecteurs sont souvent mieux informés que moi". Parfois, le comité de rédaction décide de supprimer un article après certains commentaires des lecteurs (notamment en cas de plagiat avéré). D’ailleurs, nous encourageons vivement nos lecteurs qui ont un doute à l’exprimer librement à la suite de chaque article. Souvent des lecteurs assidus mènent des recherches et des investigations pour valider ou invalider un article et il s’agit là d’excellentes initiatives que nous encourageons vivement. L’apport informationnel de chaque article doit être donc évalué dans le contexte des réactions qu’il a suscité."


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