birdy 23 août 2010 09:11
Avec les pourparlers sur le statut final entre Israël et les Palestiniens, le sujet de Jérusalem est finalement abordé. À l’origine, le débat est un débat entre Juifs et Musulmans. Il consiste à déterminer qui est le mieux documenté, qui a les liens les plus anciens ou profonds avec Jérusalem.

Un rapide rappel des faits montre l’inutilité du débat.

Jérusalem revêt une importance unique aux yeux des Juifs. Sa place dans la loi juive est unique, et sa présence dominante dans la religion juive. Les Juifs prient en direction de Jérusalem, y pleurent la destruction de leur temple, et répètent, pleins d’espoir, la phrase « L’an prochain à Jérusalem ». C’est l’unique capitale de l’état juif, moderne ou ancien.

Au contraire, pour les Musulmans la ville est d’intérêt second. Elle n’est pas mentionnée une seule fois, ni dans le Coran ni dans les liturgies. Le prophète Mahomet n’est jamais venu à Jérusalem, n’a jamais été lié à la ville. Jérusalem n’a jamais servi de capitale sous régime, ni de centre culturel islamique.

Ce serait plutôt La Mecque qui serait la « Jérusalem » de l’Islam. C’est le lieu où les Musulmans croient qu’Abraham a quasiment sacrifié Ismaël, le lieu où Mahomet a vécu presque toute sa vie, où les évènements clés de l’Islam ont eu lieu. Les Musulmans prient en se tournant vers La Mecque cinq fois par jour, et les non-musulmans y sont interdits de résidence.

Si Jérusalem revêt une si faible importance aux yeux des Musulmans, pourquoi prétendent- ils que cette ville compte plus pour eux que pour les Juifs ? La réponse est liée à la politique. Les musulmans s’intéressent religieusement à Jérusalem quand cela sert leurs intérêts politiques. Quand ces derniers tombent en désuétude, le statut de la ville également. Cela s’est produit au moins cinq fois durant les 14 derniers siècles.

Le prophète. Quand Mahomet a cherché à convertir les Juifs en l’an 620 après J.C., il adopta quelques pratiques de style juif - un jeûne semblable à Yom Kippour, un lieu de culte ressemblant à une synagogue, des restrictions alimentaires rappellent la casherout, ainsi que des prières orientées vers Jérusalem. Mais, lorsque la plupart des juifs refusèrent de se convertir, il changea la direction de la prière pour La Mecque. C’est ainsi que Jérusalem perdit de son importance pour les Musulmans.

La dynastie Umayyade. Jérusalem retrouva sa renommée quelques dizaines d’années plus tard, lorsque les dirigeants de la dynastie Umayyade essayèrent de rehausser l’importance de leurs territoires. Une, des manières d’y arriver était de construire deux monuments prodigieux à fonction religieuse, le Dôme du Rocher en 691, et la mosquée d’El Aksa en 715.

C’est alors que les Umayyades eurent l’idée d’une ruse. Le Coran dit que Dieu conduisit Mahomet « de nuit, de la mosquée sacrée de La Mecque à l’endroit de culte le plus éloigné (el aksa) qui soit ». Quand ce passage fut révélé (vers 621), « le lieu de culte le plus éloigné qui soit » était une tournure de phrase, pas un endroit particulier. Des dizaines d’années plus tard, les Umayyades construisirent une mosquée à Jérusalem et la nommèrent El Aksa. Depuis ce temps-là, les Musulmans comprennent le passage « le lieu le plus éloigné » comme faisan référence à Jérusalem.

Mais quand les Umayyades tombèrent en 750, Jérusalem retourna dans l’obscurité.

Les croisades. La conquête croisée de Jérusalem en 1099 fit face au début à une faible résistance musulmane. Puis, avec le développement de là-contre croisade musulmane, une littérature entière prônant les vertus de Jérusalem vit le jour. C’est pourquoi la ville commença à être considérée comme la troisième ville sainte pour l’Islam.

Puis, lorsque la sécurité fut revenue entre les mains des Musulmans en 1187, la ville retomba dans l’obscurité. Le nombre d’habitants diminua, et même les murailles tombèrent.

La conquête anglaise. Les musulmans ne retrouvèrent un intérêt dans Jérusalem que lorsque les troupes anglaises atteignirent la ville en 1917. Les dirigeants palestiniens firent de Jérusalem l’argument majeur de leur campagne contre le sionisme.

Quand les Jordaniens envahirent la vieille ville en 1948, les Musulmans perdirent tout intérêt dans la ville, ainsi que l’on pouvait s’y attendre. Elle devint une petite ville de province sans importance, volontairement dégradée par les Jordaniens au profit de leur capitale Amman.

Obtenir un prêt bancaire, faire installer des lignes ou enregistrer un paquet postal nécessitait un voyage à Amman. La radio jordanienne transmettait le sermon du vendredi non pas d’Al-Aqsa, mais d’une mosquée mineure à Amman. Jérusalem disparut aussi de la carte diplomatique arabe : le pacte de l’OLP de 1964 ne le mentionne pas. Aucun dirigeant arabe ne s’y rend (à l’exception du roi Hussein, et ce fût rare).

La conquête israélienne. Quand Israël a conquis la ville en 1967, les musulmans ont montré un regain d’intérêt pour Jérusalem. Le pacte de l’OLP de 1968 mentionne le nom de Jérusalem. L’Iran révolutionnaire a instauré une journée de Jérusalem et a imprimé des billets de banque montrant l’image de la ville. L’argent a alors afflué pour la reconstruction de Jérusalem.

C’est donc la politique, plus que les sentiments religieux, qui a éveillé l’intérêt musulman pour Jérusalem.

Daniel Pipes
 
La mosquée Al-Aqsa de Jérusalem porte ce nom en référence à la « masjid Al-Aqsa » mentionnée dans le Coran, où Dieu aurait une nuit emmené Mahomet. Mais à l’époque des faits relatés, il n’y avait ni mosquée ni même le moindre musulman à Jérusalem. Selon toute probabilité, la fable faisait référence à Médine. La mosquée Al-Aqsa a été bâtie des décennies après la mort supposée du prophète et a reçu ce nom tout exprès pour sacraliser Jérusalem, après coup, dans la religion islamique, c’est-à-dire dans l’esprit de l’époque pour se l’approprier politiquement, bien que le Coran ne mentionne jamais la cité.


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