easy easy 18 septembre 2010 21:54

Concernant les soixantehuitards.

Après la WW II, il y a eu un baby boom et la jeunesse de 1960 s’est retrouvée aimée, choyée, attendue, espérée (pas évident d’en dire autant de la jeunesse d’aujourd’hui)
Cette jeunesse de 1965 avait comme repoussoir central les guerres.

Leurs parents avaient non seulement fait des guerres européennes hideuses mais ils avaient aussi fait des guerres de colonisation.




Une société tient par ses tabous. Le respect de ces tabous confère l’innocence qui ouvre à tous les droits.
Pour tourner le dos aux guerres, à l’exploitation des Nègres du monde entier et au pillage de type Léopold II, il fallait forcément tourner le dos aux tabous qui sous-tendaient ces attitudes dépassées (le nationalisme, l’arrogance, le my garden, le protectionnisme, le patriotisme, le paternalisme, l’impérialisme, etc)

Et en compensation de ces tabous abandonnés, il a fallu se sentir d’accord autour d’autres tabous (partage, ouverture, tolérance, plaisirs naturels, sensualité, nudité...)

Et on s’est mis d’accord autour de ces nouveaux tabous. On s’est senti tellement assuré par ce nouveau socle de valeurs, qu’il a été possible à cette génération innocente et forte de réussites en tous genres, de concevoir l’infanticide particulier qu’est l’avortement. C’est lourd comme décision. ça secoue le cocotier. Il y a de quoi vaciller mais voilà, les nouveaux tabous semblaient sûrs, rassemblaient assez sûrement pour se permettre cette audace ou transgression inédite dans l’Histoire (à ce niveau d’industrialisation)

D’autres tabous ont été renversés par cette jeunesse innocente, riche et pleine d’espoirs. Le respect des parents, le soin qu’on leur doit, la piété filiale en somme. Ca a volé en éclat. Et on a osé tuer le père parce que dans le même temps on se posait - de façon inédite- en père parfait, je veux dire « pote avec ses gosses ». Le mariage à vie, la virginité au mariage, tout ça avait également volé en éclats en étant compensé par le respect de n’importe quelle race ou ethnie ou religion (ah ces voyages initiatiques vers Katmandu !)

Tous les renversements massifs de tabous résultent de l’Histoire, non de la mentalité intrinsèque à une génération.
N’importe qui, tous ceux qui braillent aujourd’hui contre cette génération du baby boom, auraient fait exactement pareil s’ils étaient nés à cette époque là. Etant entendu qu’ici, on aura raisonné en masse, ou en moyenne des individus, alors que chacun a toujours sa particularité (en 68, il devait forcément exister des jeunes préférant rester accrochés aux tabous de leurs parents




Aujourd’hui, nous sommes cisaillés et je dirais que Sarko l’est aussi. Il voudrait être reconnu comme héros d’humanisme auprès de sa belle et il s’emmêle les pinceaux à tel point qu’il ne peut plus que donner dans le fascisme, le totalitarisme, la cupidité et le racisme.


De la même manière que la génération qui était partie la fleur au fusil en 1914 avait déchanté dans les décennies suivantes, autant la génération qui avait chanté Brassens et Ferrat en Mai 68, se retrouve le bec dans l’eau aujourd’hui.

Euf, franchement, il aurait fallu une sacrée constance des contextes pour que personne ne se retrouve déçu ou dépité 20 ans plus tard.


Car ouvrir nos bras et nos portes à tous en 68, ça voulait dire les ouvrir à ceux qui étaient là, tout près de nous. Mais 40 ans plus tard, ouvrir nos portes à tous, vu le nouveau contexte du transport, des langues et de la communication, c’est se retrouver éventuellement avec des alliens sur son palier.

Je ne vois rien d’illogique à ce que la jeunesse d’aujourd’hui, refusée à l’emploi, concurrencée malgré ses diplômes nationaux, par des gens venus de partout et au moins aussi diplômés et instruits qu’elle, ait envie de se replier, de se refermer sur elle-même. Et donc d’insulter la génération qui avait 23 ans de post guerre en 68.

Chacun son tour.


L’Histoire commande notre philosophie ou notre vision des choses.


Une question accessoire qu’on peut se poser c’est de savoir si un individu ayant embrassé certains tabous et repoussé d’autres lors de ses 23 ans, doit maintenir son cap jusqu’à la fin de sa vie ou en changer au fil des changements de contexte. Doit-on rester fidèle à ses idées de jeunesse ou épouser constamment chaque nouvelle époque qui se présente en divorçant préalablement de la précédente ?


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