fifilafiloche fifilafiloche 23 septembre 2010 11:40

L’analogie entre la situation Japonaise et la situation Américaine est pertinente mais a ses limites, essentiellement culturelles.


L’importance du secteur financier dans l’économie américaine, comme vous le démontrez au début de votre article, amène des priorités différentes. Au Japon, l’essentiel de l’épargne des ménages était placé sur des bons du trésor, le gouvernement n’avait donc pas de raison d’intervenir prioritairement pour maintenir les marchés action. Aux Etats Unis, une part importante des retraites dépend des niveaux de capitalisation des bourses. Il serait plus coûteux de subventionner les pertes de capital par un système de redistribution que d’inciter les banques à intervenir pour maintenir le marché sur les niveaux atteints par l’effet de levier du crédit.

Avec des taux d’intérêts négatifs en valeur réelle, l’outil monétaire n’est plus utilisable. Comme affirmé hier par le gouvernement Obama, tous les moyens de COURT TERME (le temps d’une écheance électorale) seront pris pour éviter la déflation. Les Etats Unis ont ce privilège par rapport au Japon de pouvoir imprimer de la monnaie sans subir nécessairement la contrepartie d’une dévaluation pour tout autre acteur, leur monnaie servant d’instrument prioritaire pour les échanges mondiaux. 

En France, la capacité d’influence de l’Etat sur le marché de l’immobilier, à travers la socialisation des risques par les incitations fiscales à l’investissement, a évité un retour à des valorisations en rapport avec le revenu des ménages. Cette interventionnisme, salutaire sur le court terme, les banques Européennes n’auraient pu absorber des dépréciations immobilières des pays méditerranéens alors qu’elles étaient saturées des créances douteuses des pays anglo saxons, créée cependant un retard de cycle qui s’avérera délétaire sur le moyen terme. On peut en effet douter que les banques américaines et anglaises montreront le même entrain à acheter nos actifs toxiques que celui que nos banques, avec une certaine naiveté, ont montré en achetant leurs produits non garantis. Nous sommes donc bien plus exposés au risque déflationnistes que nos partenaires d’outre atlantique, qui eux, pourront s’appuyer sur un marché immobilier assaini pour relancer la machine à crédit avec plus de confiance.

Il reste que notre histoire coloniale nous donne malgré tout un avantage indéniable sur les pays surendettés à qui nous avons imposé des régimes drastiques à la fin des années 90 pour protéger nos investissements. Nous avons un quasi monopole sur les institutions internationales qui nous permet de pouvoir envisager de flouer nos créditeurs. Mais l’état de décomposition avancé de nos équilibres financiers devrait remettre en cause cette avantage historique à relativement court terme.

Il ne s’agit pas uniquement d’une crise du crédit, il s’agit avant tout d’un déplacement du centre de gravité géopolitique vers les zones géographiques à plus fortes densités de population. On peut le regretter pour nos propres intérêts (confort social) mais après tout au niveau planétaire, notre ancien ilot de prospérité n’était il pas provocateur pour le reste de l’humanité que nous avions asservi à nos égoïsmes.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe