Philippe Vassé Philippe Vassé 10 octobre 2010 15:33

Cher foufouille,

Pouvoir penser que les religions « imposent » une pensée à toute la société est une aberration, qu’elles veuillent y tendre quand elles avaient ou ont un pouvoir sur la société est une autre chose.

Dans votre manière manichéenne de concevoir les rapports subtils entre les hommes, leurs éventuels croyances et la société, il y a un certain côté dogmatique de concevoir les relations sociales qui font intervenir des factures multiples, complexes et contradictoires.

Les croyances ou les non-croyances sont des facteurs parmi d’autres, mais ils ne déterminent pas les comportements humains comme tels que dans les cas extrêmes de personnes totalement dépersonnalisées par une foi fanatique, à la manière des alcooliques ou des drogués qui finissent par ne dépendre que de leurs addictions et régler leur existence que sur ces addictions.

Les allusions au dollar américain sont aussi très partielles et relèvent d’une vision mécaniste d’une société très plurielle et contradictoire : un précepte de croyance sur un billet de banque n’oblige personne dans ses idées. Il reste qu’aux Etats-Unis, deux processus se font face : d’un côté, une montée de l’abandon des croyances, de l’autre un repli identitaire sur une pratique religieuse de plus en plus morcelée.

Il est vrai que, vu de France, avec ses informations calibrées et parcellaires, fondées sur des idées et images simplifiées, aborder le monde dans sa réalité et sa diversité contradictoire devient un exercice difficile à mettre en oeuvre.

Il reste à préciser que les croyances, au sein d’une même religion prise comme un corpus unique, sont variables et de niveaux divers. Ainsi, en France, la majorité des catholiques ne croient pas aux dogmes essentiels de leur religion et ne suivent pas les préceptes du pape.

Il en est de même aux Etats-Unis où les groupes religieux sont de plus en plus morcelés pour un public en baisse numérique globale, mais très actif dans la sphère publique.

En Iran, comme en Arabie Séoudite la population fait majoritairement en apparence publique allégeance aux préceptes officiels, mais, dans l’intimité familiale, les choses sont très différentes : c’est la dictature politico-religieuse qui maintient les apparences extérieures de foi intense, mais pas une ferveur populaire réelle.

Ceci montre que confondre des processus en cours avec leurs points d’arrivée est une erreur, commune en France, du fait de la modélisation forte des formes de pensée qui n’admettent que des faits opposés et de nature très manichéenne dans ce pays.

Bien cordialement,.

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