Christophe (---.---.252.125) 29 mars 2006 19:45

En 1995, c’était pratiquement une affaire personnelle entre Blondel et Juppé

C’est peut-être ainsi que cela a été présenté par les médias, mais il n’y avait pas plus de règlement de compte personnel entre Blondel et Juppé sur la réforme de la Sécurité Sociale qu’entre Blondel et Aubry pour les 35 heures.

En matière de relations sociales, il y a énormément de choses que le grand public ne connait pas ; et les médias ont tendance à largement déformer les réalités.

En 1995, je travaillais déjà sur la réforme de la Sécu. Cette année là, on relevait 13 millions de francs de déficit qui devaient être couvert par les caisses de l’Etat qui avait exonéré certains cotisants de charges sociales. La réforme a été contestée par la CGT-FO non pas parce qu’ils croyaient qu’il ne fallait pas une réforme, puisqu’ils étaient à la tête de la gestion de la Sécu et savaient qu’il fallait changer, mais que les mesures prises iraient dans le sens de la disparition de la couverture sociale parce que économiquement non viable. Aujourd’hui, 10 ans après la réforme, nous sommes passés d’un déficit de 13 millions de francs à 13 milliards d’euros. Le résultat reste contestable. Depuis la réforme, c’est la CFDT qui gère la Sécu ; elle a plusieurs fois rappelé la CGT-FO pour qu’ils viennent les aider à s’en sortir de ce p.. de gouffre, mais ils ont refusé ; il faut aussi savoir assumer ses responsabilités.

Pour les 35 heures, la CGT-FO avait prévenu M. Aubry que les 35 heures ne créeraient pas d’emplois en nombre comme elle le prévoyait. Le constat montre bien que le chômage n’a guère diminué de façon significative. De plus, Blondel ne souhaitait pas que le gouvernement procède par une imposition (par la loi) des modalités d’applications (Aujourd’hui, la position reste la même). La CGT-FO (avec la CFE/CGC et la CFTC) a été la première organisation syndicale a signé un accord de branche (métallurgie) sur les 35 heures. C’est d’ailleurs ce qui a poussé M. Aubry à sortir une seconde version ... pour rendre caduque cet accord de branche qui ne convenait ni à la CFDT, ni à la CGT (les deux non signataires).

Ne parlons même pas des retraites ! La réforme des retraites est basée sur une hypothèse d’experts : une baisse importante du chômage jusqu’en 2012. Cette année là, les partenaires sociaux se reverront pour faire le bilan ; pendant ce temps, personne ne lutte réellement contre le chômage de masse. D’ailleurs la CFDT a signé pour après déclarer qu’ils avaient fait une erreur (pas sur le besoin de réforme, mais sur les modalités).

Il semble que vous ne voyez que la partie visible de l’iceberg en matière syndicale. En 2005, plus d’une cinquantaine d’accords ont été paraphés par le patronat et des organisations syndicales. Dans les branches, nous retrouvons quasiment le même nombre d’accords par branche professionnelle. Et ce sont souvent les mêmes qui apposent leur signatures : CFE/CGC, CFTC et CGT-FO. La CFDT signe de temps à autres, la CGT quasiment jamais.

In fine, aux élections professionnelles, on retrouve la CGT en tête suivi de la CFDT. Autant dire que la radicalisation paie au niveau électoral et qu’il est parfois difficile de résister ; Blondel, dans ses deux dernières années de mandat a flanché !

Reste que les syndicats français ont peu d’adhérents ; même si ils en ont plus que les partis politiques. Dans bien des pays d’Europe, la syndicalisation est soit obligatoire (allemagne) soit dopée par des lois (Angleterre) qui donne la primauté à l’embauche des personnes syndiquées ou qui poussent les personnes à se syndiquer pour conserver leur emploi.

En France, rien de tout cela. La CFE/CGC a déjà abordé ce type de sujet en posant la problématique de l’application des accords uniquement pour les membres des syndicats signataires ; ce qui éviterait, de leur point de vue, que les gens ne s’impliquant pas (en laissant à d’autres le soin de s’occuper des affaires générales) ou tenant une position d’opposition systématique ne tireraient pas bénéfice des mesures. C’est à mon sens une idée qu’il faudra mettre un jour en pratique (d’une façon ou d’une autre) car elle évite généralement la critique non constructive et impose à tous le principe de recherche de concensus dans la négociation.

Comme le disait récemment Mailly (CGT-FO), il est plus facile d’aborder une négociation constructive avec le patronnat qu’avec le gouvernement, sans préjuger de son bord politique. C’est à mon sens à ce niveau là qu’il y a problème.


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