Rémi Manso Manso 18 février 2011 15:52

Au delà du romantisme révolutionnaire ambiant, une dure réalité va s’imposer, car le peuple égyptien va essentiellement devoir faire face aux conséquences de sa démographie galopante. 

Bien que le sujet soit politiquement incorrect, certaines voix se sont dernièrement élevées.

Sur les ondes de France Culture

31/01/2011 - François Thual, géopoliticien : « Je crois qu’il faudrait dire un mot de ce qui est à mes yeux aussi une crise sociale et économique. Vous avez 3 chiffres : en 1967 il y avait 30 millions d’habitants en Égypte, aujourd’hui il y en a 84 millions et en 2050 il y en aura 150 millions ! Or ces habitants disposent de 145.000 km² vivables, pour un pays qui fait 1 million de km². Je rappelle cela pour dire qu’il y a une pression démographique qui a généré la misère. Vous avez plus de 50% de la population qui a moins de 24 ans.
Se poser la question des relations des États-Unis avec la crise actuelle, c’est aussi gratter l’écume des choses. Cette crise est-elle soluble uniquement par la diplomatie, uniquement par des mutations politiques ? Personnellement j’en doute. C’est une crise structurelle, c’est pour cela que les États-Unis sont très inquiets. »

01/02/2011 - Youssef Courbage, démographe à l’INED : « Quand la population croît trop vite, ce sont les ressources qui diminuent proportionnellement par habitant. L’Égypte n’en est pas à 6 enfants, mais elle en est à plus de 3,5 ce qui est beaucoup quand vous prenez la Tunisie où la famille est composée de 2 enfants. C’est ce qui explique en partie pourquoi les problèmes sont, et seront, beaucoup plus virulents en Égypte qu’en Tunisie. L’autre problème, c’est celui qu’on a beaucoup soulevé : on a parlé de la révolte des jeunes. L’arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi, avec très souvent une incapacité de trouver un emploi adéquat, même quand on est pourvu d’un diplôme secondaire ou universitaire est bien plus virulent en Égypte qu’en Tunisie. Et pour une raison très simple : alors qu’il y a une vingtaine d’années les naissances étaient modérées en Tunisie, elles continuaient à être très abondantes en Égypte et ces naissances d’il y a 20 ans se traduisent aujourd’hui par cette arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi avec une incapacité à trouver cet emploi adéquat. »

04/02/2011 - Boutros Boutros Ghali, de nationalité égyptienne, et ancien secrétaire général de l’ONU de 1992 à 1996 : « Je dirais que les problèmes seront beaucoup plus importants parce que vous aurez dans les prochaines années 100 millions d’habitants sur 5% du territoire égyptien, qui est la vallée du Nil et le delta et que le reste du pays (95%) est un désert : premier problème. Le second est qu’il va nous manquer de l’eau parce que les pays qui occupent les sources du Nil vont avoir besoin de passer de l’agriculture pluviale à l’agriculture d’irrigation et donc nous allons avoir de très graves difficultés dans les prochaines années et ce sera le problème de la nouvelle génération et de la nouvelle équipe. »

Sur France 5 dans l’émission « C dans l’air »

16/02/2011 - Alexandre Adler, journaliste et historien : « L’Égypte a d’abord un problème épouvantable, c’est qu’elle est aujourd’hui le pays le plus densément peuplé de la planète. Il suffit d’aller en Haute Égypte pour se rendre compte que ce qu’on appelle « l’Égypte utile », ce sont deux bandes vertes, et après deux déserts. »


L’association Démographie Responsable essaie de relayer ces, trop peu nombreuses, déclarations salutaires, afin que le peuple égyptien ouvre enfin les yeux sur une des causes fondamentales de ses difficultés.

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