easy easy 12 mars 2011 12:01

Je ne trouve rien, à redire à l’emploi du résilience ici. Mais une masse de gens c’est plein de gens avec des vécus différents. Et quoi qu’on dise de cette masse, si on lui accorde un seul vécu, un seul psychisme, on dit une bêtise selon un point de vue plus individuel.

Dans un accident ; il y a ceux qui le subissent très directement (par exemple ceux qui se retrouvent dans des tourbillons), ceux-là devront accomplir un certain travail de résilience (aidés par les autres) ; il y a ceux qui en souffrent indirectement (par exemple ceux qui ont des proches disparus), ceux-là devront accomplir un autre type de travail de deuil et de résilicence. Et il y a ceux qui ne sont pas touchés directement et qui voient dans ce bouleversement des cartes, des opportunités de faire progresser leur prométhéisme (cas d’un polderiste par exemple).

A peine 48 h après un cataclysme, il y a déjà des gens qui proposent des projets. Pas ailleurs, non là, sur les lieux mêmes de la catastrophe. Ils participent donc forcément à la résilience et en seraient même le fer de lance. 

On avait entendu des pêcheurs de Banda Aceh dire « Je ne veux plus vivre ici » Ils ne voulaient plus se battre contre ce risque. Mais au même moment où les survivants partaient sans bien savoir où, il y avait plus de gens, dont des « humanitaires », qui examinaient des projets de reconstruction carrément sur place. Et si finalement la vie s’est réinstallée au même endroit, c’est moins dû à la résilience intrinsèque des survivants et des bléssés que du prométhéisme des externes au moral excité
par les opportunités.

Même à petite échelle, celle que traite le psy, la résilience d’une personne tient à ce qui reste de ses ressorts écrasés par un drame mais aussi aux ressorts intacts de son entourage et la capacité (ou à la volonté) de cet entourage de lui en faire profiter. 

Dire à une femme larguée qu’elle ne vaut donc plus rien n’a pas le même impact sur son moral que lui dire qu’elle va rencontrer mieux.

Jean de Florette, Manon des sources, c’est l’histoire d’un jeune homme intrinsèquement résilient mais qui n’a pas été aidé par son entourage, au contraire.

Concernant Sendai dont j’ignorais jusqu’à hier son existence et que je reconnaîtrais désormais un peu par son drame, dans l’énergie prométhéenne que l’extérieur va inévitablement lui apporter tant il y a d’argent à brasser, il lui sera proposé des projets pas forcément raisonnables.

Le plus raisonnable serait de revenir à plus de superstition et donc de ne plus vivre si près de la mer, mais nul doute que les prométhée qui vont rappliquer vont proposer des digues, des polders, des appareillages de surveillance, des maisons sur pilotis, des villes flottantes, toutes sortes de choses pharaoniques pour défier le danger en son sein, pour l’épousailler, non pour s’en écarter.

Quand on est coincé dans le bas de la pyramide de Maslow, on a peur du danger et on s’en écarte. Quand on se déplace en jet et en hélico, on n’a plus peur que de l’ennui et on fait du danger son amant.


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