easy easy 12 mars 2011 19:00

On sort du sujet Japon mais bon, résilience en titre oblige.

Je dirais de la résilience comme Hommelibre à des poux près.

Le côté inné de la résilience, de l’intelligence ou de la sensualité, je ne regarde pas (pas possible de se faire une idée sûre) mais le côté acquis de l’intelligence, de la sensualité, de la résilience, j’y crois.

Et l’acquisition de la réslience se fait chapitre par chapitre, sujet par sujet, question par question. On peut, par notre vécu, être très résilient à un coup de poing mais pas à une insulte, ou être résilient à l’inverse. Un Japonais peut rester courageux après un tremblement-de-terre et être déprimé parce que son patron l’a traité d’incapable. 

Oui, les Japonais sont résilients aux tremblements-de-terre, d’autant qu’ils ne peuvent être imputés à la pollution ou au réchauffement climatique. Mais cette résilience va de soi. Les TDT ont toujours été considérés par la Japonais comme consubstantiels à leur terre, et à force, à leur peuple, à leur culture. Tout en tient compte (maisons légères) 
Aucun drame consécutif à un TDT ne peut être mis sur le compte d’une inconduite et c’est au contraire le courage à se relever de cette adversité partagée par tous au même moment, au même endroit, qui révèle la bonne conduite de l’individu. 

N’importe quel peuple, avec n’importe quel génome, serait installé sur ces îles depuis des millénaire, ses gens seraient aujourd’hui aussi résistants aux cataclysmes que les Japonais.


Mais Hommelibre reprend le poncif selon lequel pour porter une part intrinsèque de résilience, il faudrait avoir été aimé dans son enfance. 
On ne peut pas tirer quoi que ce soit de sûr, de mesurable, de reproductible ou de prévisible d’une telle assertion et on pourrait donc aussi bien affirmer le contraire.

S’il y avait à dire quoi, du duvet ou de la pierre, est plus formateur de la résilience, j’irais certainement à répondre que c’est la pierre.

Mais ça dépend tout de même de quelques points d’articulation
. Par exemple, Rudyard Kipling avait dit à son fils de 15 ans « Si tu te relèves de mille turpitudes, tu seras un homme mon fils » Face à cela, son fils devait trembler de la perspective de ces terrifiantes épreuves à traverser debout pour mériter d’être appelé homme par son père. Terrifiant. Il n’a d’ailleurs pas eu le temps de tester beaucoup la vie. Mais s’il avait survécu à la première guerre mondiale, s’il avait vécu plus longtemps, chaque fois qu’il se serait sorti d’une épreuve, il se serait dit que son géniteur était fier de lui. Ce qui encourage à ce jeu de résistance.

Tandis qu’Hervé Bazin pouvait considérer, au contraire, que sa mère aurait été contrariée qu’il se relève de turpitudes. 

Se relever de décombres oui mais pour qui et de quel droit ? (Ce droit étant donc très altéré quand on a des géniteurs qui semblent regretter de nous avoir chiés (c’est bien le terme qu’ils utilisent alors) 

Mais là encore, des circonstances externes marquées peuvent influer plus que les géniteurs sur notre libido vitalis.

Martin Grey, Juif en galère de Varsovie, s’était relevé de mille turpitudes y compris après la guerre. Mais c’est pendant le gheto qu’il avait construit sa détermination. Si ses parents ne l’avaient pas encouragé à lutter, ses coreligionnaires l’auraient fait. Il a donc pu se sentir un devoir de résister ordonné par sa communauté. 

Primo Lévi pareil, qui a tant écrit, après la guerre et son passage en camp, qu’il fallait se relever. Mais va savoir pourquoi, il a fini par se suicider quand même. 

La résilience c’est sujet par sujet et moment par moment, conjonction par conjonction. 

Et quoi qu’il en soit, la résilience aux TDT, par un peuple qui en a l’habitude, c’est la moindre des résilience. Il n’y a aucune performance individuelle ou collective là-dedans.

Leur résilience aux deux bombes serait plus étonnante m’enfin, ça avait beaucoup de similitudes avec un TDT. 

C’est leur résilience globale (à l’échelle du peuple) face à leur défaite de 45 qui ressort comme étant remarquable. Idem pour les Allemands et les Italiens. Voilà des peuples qui n’étaient pas du tout nés pour se retrouver à genoux et qui se sont tout de même relevés de cette humiliation. 

Mais n’est-ce pas le propre de tous les peuples de toujours se relever ? 
Quel peuple au monde aurait déprimé, se serait suicidé ? 
Quel peuple a baissé les bras ? 

Un peuple est automatiquement résilient. Et plus l’individu est socialisé, plus il profite de la résilience de son peuple.

Se relever est nettement moins évident pour ceux qui se sentent exclus ou rejetés à la mer.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe