Rousquille Rousquille 31 mars 2011 12:07

Je trouve scandaleux que les religions rejettent le débat, qui me semble indispensable dans une société démocratique, et je ne peux que lamenter l’alliance de fait qui s’instaure entre l’église catholique et l’islam (mais le pape n’a-t-il pas souhaité l’intégration de la Turquie dans l’Europe ?).

Cela dit, il faut se mettre à la place des religions. Non pas à la place de religions folkloriques moumounes comme la secte humanitariste de Vatican II, mais à la place de croyants qui croient vraiment à leur credo et à leur Dieu. Cette laïcité que l’on prétend instaurer et que l’on vante ne peut être pour eux qu’une injure permanente à leurs convictions les plus importantes. La laïcité n’est pas neutre, comme elle veut le faire habilement croire, car il n’existe pas de neutralité en matière morale. Et même si elle existait, cette neutralité, elle serait une prise de position : une prise de position CONTRE les religions. Car enfin qu’est-ce que la laïcité sinon la prédication de l’indifférence religieuse , quand ce n’est pas celle de l’anticléralisme et du satanisme maçonnique ? 

Quand l’Etat dit : « Croyez au dieu qui vous plaît le plus », que fait-il d’autre que proclamer comme vérité le relativisme dans lequel c’est l’homme qui juge Dieu (au lieu du contraire) ? Quand l’autorité proclame le relativisme comme doctrine offcielle, toutes les religions (surtout les monothéistes qui sont par essence exclusives) se sentent menacées. Si elles ne réagissent pas, c’est qu’elles sont é-nervées, flasques, exsangues.
Je me souviens d’un passage à l’aéroport Charles de Gaulle : à côté de la file d’attente avant la fouille corporelle se dressait une publicité montrant une femme quasiment nue. Cela à première vue n’est pas de la propagande religieuse, mais le fait est que ce type d’images est une gifle aux sentiments de pudeur que veulent inculquer toutes les religions et une invitation à la débauche, d’où s’ensuit la désintégration du lien familial. De quel droit les impose-t-on dans l’espace public ? Les croyants doivent-ils accepter d’être constamment violés dans leurs convictions, déstabilisés, agressés au nom de la « liberté » ?

Par conséquent, il est normal que les musulmans, qui sont les seuls à résister au raz-de-marée de la propagande matérialiste antitraditionnelle parce qu’ils en sont restés à la mentalité d’avant les prétendues Lumières, se sentent très mal à l’aise et tentent de se créer un espace sain et saint pour eux-mêmes. Certains catholiques qui trouvent également insupportable la pression constante à la consommation et à la licence ont pris le parti de s’écarter du « monde » et de vivre en communauté. Pour la plupart des français d’aujourd’hui, cela relève de l’intégrisme et du fanatisme, mais leur jugement ne fait que refléter un autre fanatisme, celui du rejet de la religion, qui est devenu la norme et donc passe inaperçu.

Puisque la laïcité est une doctrine fondée sur le matérialisme et donc une religion à l’envers—et non une sorte de vision rationnelle inattaquable, une sorte d’équivalent de la Science dans le domaine de la morale et de la politique—, pourquoi devrait-elle s’élever au-dessus des autres et leur imposer ses normes ? Voilà ce qu’un croyant est en droit de dire et sa remise en cause est justifiée.

De plus, si la laïcité est une religion chrétienne devenue folle qui ne dit pas son nom, qui, comme le christianisme, est violemment prosélyte, universaliste et totalitaire (comment le nier ???), n’est-il pas normal qu’elle suscite la violence et le conflit ?

J’aimerais faire remarquer à ce sujet que si nous étions encore au stade du polythéisme, nous n’aurions pas tous ces conflits insolubles. Dans le polythéisme, chacun se choisit un dieu, qui n’est qu’une sorte de représentant régional de la divinité suprême, et personne n’ennuie son voisin ni ne cherche à le gagner à ses mythes (les religions païennes n’ont pas de dogmes). Quant à la divinité suprême, eh bien, on ne lui donne pas de nom (on se souviendra de l’épisode où Paul de Tarse voyant un autel dédié au dieu inconnu à Athènes, prétendit dévoiler qui il était à ses auditeurs goguenards).

Une fois que l’on bascule dans le monothéisme avec sa prétention inouïe à mettre directement en rapport Dupont avec la source éternelle de Tout via une doctrine et un clergé spéciaux, on entre dans la confrontation pour peu qu’il y ait autre chose que le Dieu en question dans la cité. Et si en plus la croyance détermine une destinée éternelle unique de tourments (ou de délices), on sombre dans le drame.

La question qu’il faudrait se poser est celle-ci : pourquoi n’y a-t-il pas de conflits religieux en Chine (ou dans la Rome antique) ? N’y aurait-il pas quelque chose à apprendre de ce côté-là ?

 


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