easy easy 20 avril 2011 13:34


Dans un échec de ce genre, les responsabilités sont multiples mais la première est celle de l’architecte qui a conduit ce chantier.
Un archi aura beau dire, après coup, que son client avait été trop radin, c’est lui qui aura été trop veule et qui aura accepté de construire l’erreur.

Parce qu’il n’a pas été conçu pour être habité, les avantages qu’il y a à récupérer un container doivent être considérés avec la plus grande sévérité technique. 
Il isole essentiellement son contenu de la pluie, des poussières, de la vue, des chocs et des vols. Ces caractéristiques semblent correspondre à certaines caractéristiques demandées au logement. Mais un container est mortel à l’homme et favorable aux moisissures, microbes et champignons.

Il faut donc rajouter énormément d’éléments techniques pour le rendre vivable aux êtres humains (qui sont les plus exigeants, les plus fragiles des êtres vivants) et invivable pour ses rivaux biologiques.



Outre ces modifications intrinsèques, comme pour tous les cas d’habitats, il faut considérer son extrinsèque.

Une zone industrielle n’est pas conçue pour être habitée. Si l’on installe des habitations en zone industrielle, soit on soumet les habitants à des conditions de vie anormales (ce qui est possible pour quelques nuitées) soit on doit rendre la zone industrielle habitable (ce qui est un contresens et très coûteux). Vivre dans un Formule 1 ou dans un centre d’accueil pour réfugiés, toutes choses situées en limite de zone industrielle, n’est pas du tout agréable.


Une des étudiantes interrogées dit que vivre là est dévalorisant. Il va de soi que si cette jeune femme a passé sa jeunesse dans la maison bien foutue de ses parents, elle peut trouver humiliant, au moment où son sort ne dépend plus que d’elle, d’habiter dans une boîte strictement égale aux autres et dans un ensemble « rejeté » en marge des secteurs cotés, près des usines d’incinération.

La majorité des gens aiment être reconnus pour leur singularité, leur exception (il n’y a pas deux avatars identiques). Les plus singularistes trouvent humiliant de loger dans un habitat non exceptionnel alors que les plus timides préfèrent la discrétion de l’uniforme.
Un architecte doit donc proposer des programmes offrant une réponse médiane aux besoin de singularisation des uns (majoritaires) et d’uniformisation des autres (minoritaires)


Dans un programmme donné, à défaut de pouvoir offrir à chacun la possibilité de trouver le degré de singularisation qu’il désire, il faut au moins lui offrir la sensation que le groupe d’habitants dont il relève est considéré de valeur.
Un ensemble de containers moisis implanté autour du Champ de Mars sera bien mieux vécu qu’un ensemble de containers non moisis implanté contre une usine d’incinération. 



 


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