easy easy 3 juin 2011 12:35

J’imagine que tous ceux qui ne sont pas bricoleurs partagent peu ou prou votre impression.

J’ai réalisé des installations de mobilier de laboratoire, des décors de cinéma, des aménagements intérieurs, des bureaux et des décors de plateau de télé. A mes yeux, ça n’a rien de grandiose, rien qui verse dans du Vatel en dépit des musiques d’annonce qui versent dans Lully.

Le décor d’envoyé spécial est effectivement un peu grandiose au regard du peu de gens qui s’y agitent. Mais techniquement, c’est une plaisanterie.

En plateau télé (pas celui qui se mange !) un des premiers paramètres dont on doit tenir compte, c’est la périodicité, l’amortissement, la location du studio, la possibilité ou non de conserver le décor fixe...( Ce qui n’empêche pas que pour de grandes occasions, par exemple les élections européennes, on aille jusqu’à faire un décor qui ne servira qu’une seule fois. Ce surcoût étant amorti par la grande valeur des espaces pub) 
Ensuite, c’est la question public or not public. S’il ne faut pas de claque, le budget non seulement du décor mais de l’émission entière tient dans une tirelire de gosse. S’il faut du public, c’est énorme de complexité et les coûts explosent.

Ensuite, il y a la régie image qui parle et qui impose ses paramètres, ses plans, ses distances. Et là, il y a des géométries qui s’imposent automatiquement (en fonction de l’évolution des matériels d’éclairage, de prise de vue et de son.

Après, vient une discussion sur : on montre ou on ne montre pas la technicité du plateau, l’ampleur des moyens techniques engagés (pour que les téléspectateurs et les annonceurs mais aussi les invités aient l’impression d’en avoir pour leur argent)

Lorsque la Luma était sortie, chaque télé tenait à la montrer. Aujourd’hui, on ne la montre plus puisqu’elle est devenue banale. Idem pour les écrans géants (de type vidéo rétroprojecteur) puis pour les écrans plats, les caméras gyroscopiques, celle suspendue sur câbles à Roland Garros, les hélicoptères.

Ensuite les effets : Lasers, fumées, bulles, neige, changements de couleurs, plateaux tournant...
 
Après viennent les discussions sur le style. Et là, bof, ça ne change pas la facture.

Bien entendu qu’un mobilier en résine translucide avec éclairage intérieur vaut plus cher qu’une chaise de cuisine m’enfin, si on ne fait pas ce minimum, on ne fait plus rien.
Et le décor de On n’est pas couché, en facture de décoration pure, c’est le prix d’un vélo de supermarché. Alors que le décor de Potemkine de Hossein a coûté les yeux de la tête.

Au passage, sont examinées toutes les questions de sécurité.




Alors non vraiment, le décor en lui-même, cette chose dont vous parlez ici en termes grandiloquents, ne pèse pas grand chose sur la facture. Mais tant mieux si ce contreplaqué mince, jamais poncé, peint à la va vite, aux raccords monstreux, fait avec des récupérations d’anciens décors vous semble coliséen. Tant mieux. C’est là tout l’objectif des décors, en jeter plein la vue, épater les gens, avec du papier peint et des cotillons.


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